Nouvelles du Tibet

Informations parues dans Tibet Info du 16 au 31 déc 1998

• Un grand Lama torturé
  Les nouvelles ont été longues à arriver de cette région lointaine du Kham, aujourd'hui intégrée à la province chinoise du Sechuan, mais on sait maintenant pourquoi le monastère de Nubzur, dans la préfecture autonome de Kandze, est l'objet depuis 1996 d'une sévère répression de la part des autorités chinoises.
  C'est parce qu'à cette date - le 10 juin exactement - son abbé, Kabukye Rinpoche (parfois appelé Nazod Rinpoché) fut arrêté et condamné à six ans d'emprisonnement pour s'être plaint de l'ouverture d'une mine d'or sur la montagne même où se trouvait le monastère. Sans apporter le moindre profit aux habitants du lieu, la mine avait attiré en quelques semaines 300 colons chinois, venant s'ajouter aux millions de Hans présents dans le district. De plus, son ouverture choquait profondément les sentiments religieux des habitants de la région et leur respect naturel des sites et de l'environnement. Les explosions et l'occupation des pâturages par les colons chinois portaient également un tort important aux nomades vivant dans la région.
  Arrêté sous l'accusation de "séparatisme" Kabukye Rinpoché, Tulkou de 35 ans très respecté, fut battu, torturé, forcé de se tenir debout nu près d'un feu jusqu'à ce qu'il tombât de fatigue, se brûlant gravement.
  Condamné sans procès réel à six ans, on ignore son lieu de détention. On sait seulement qu'il souffrait de sérieux troubles cardiaques. Quant à son monastère de Nubzur, il a été placé sous étroite surveillance policière et soumis à une campagne "d'éducation patriotique" sévère, comparable à celle qui fait rage dans la "Région Autonome du Tibet", mais qui avait jusqu'alors épargné les "Préfectures tibétaines" du Kham ou de l'Amdo. Source : TIN, 15 déc. 98. Traduction : Lettre du Tibet, déc 98 N 981217

• Chine/dissidents : vives réactions
  Le gouvernement français a "déploré le signal négatif" donné par la Chine en condamnant à 13 et 11 ans de prison Xu Wenli et Wang Youcai, deux chefs de file de la dissidence, peu après avoir signé deux conventions sur les droits de l'homme.
  "La France souhaite maintenir le dialogue dans lequel elle s'est engagée avec Pékin. Cela n'exclut pas la volonté de dénoncer, partout où c'est nécessaire, les entorses à des valeurs dont l'universalité ne saurait être contestée", indique le Quai d'Orsay.
  "La signature récente par la Chine de deux pactes fondamentaux des Nations-Unies de 1966 ne constitue un pas dans la bonne direction que si elle s'accompagne de mesures constructives, conformément à leur esprit et à leurs dispositions". "L'adhésion aux pactes constitue par la suite pour tout pays un engagement devant la communauté internationale. Leur violation ne saurait relever exclusivement des affaires intérieures des Etats", avertit le ministère.
  Plusieurs personnalités françaises et associations de défense des droits de l'homme ont également dénoncé ces sentences :
  "Cette condamnation, qui intervient au lendemain des célébrations du cinquantenaire de la déclaration universelle des droits de l'homme, illustre une fois de plus comment la République Populaire de Chine (...) continue de violer les engagements pris devant la communauté internationale", ont commenté dans un communiqué l'ancien ministre de la Justice Robert Badinter, Jack Lang, président de la Commission des Affaires Etrangères de l'Assemblée Nationale, le dissident chinois Wei Jingsheng, l'association Solidarité Chine, l'Observatoire des Libertés en Asie Orientale, le Comité de Soutien au Peuple Tibétain et le Groupe de travail "Asie" des Verts.
  Cette réaction française fait suite aux réactions très vives :
  
  • du Ministre allemand des Affaires Etrangères, qui qualifie "de parfaitement inacceptable" la condamnation en Chine de deux chefs de file de la dissidence, condamnation à même selon lui de "menacer le dialogue sur les droits de l'Homme" engagé avec Pékin,
  • de la Grande-Bretagne, qui s'est déclarée "choquée par la célérité et la sévérité du procès-éclair au cours duquel Xu Wenli a été condamné pour tentative de subversion",
  • et des USA qui ont "déploré profondément" la condamnation de Xu Wenli et Wang Youcai, qui "n'ont fait qu'exprimer pacifiquement leurs opinions politiques".
  
  Source : AFP 21 déc 98
  N 981221

• 1er CD de chants du Bhoutan
  Un CD de chants traditionnels du Bhoutan vient de sortir à l'initiative de la société de musique foklorique de Norvège. Enregistré en Norvège par un jeune musicien bhoutanais, Jigme Drukpa, le CD est accompagné d'un livret explicatif. Il s'agit du premier CD de chants populaires bhoutanais gravé et commercialisé en Occident.
  Jigme Drukpa Endless songs from Bhutan, Grappa Musikkforlag as 1998, Norway n° HCD 7143. Pour le commander : info@grappa.no
  Source : F. P. / Eurasie
  

• La Chine ne croit plus au yéti
  Le yéti, censé hanter les régions montagneuses de Chine, n'existe pas, a affirmé mi déc. la très sérieuse agence officielle chinoise Xinhua, tranchant un débat entamé il y a près de 20 ans sur le sujet.
  "Plusieurs expéditions scientifiques systématiques ont montré que tous les yétis signalés étaient en réalité des animaux sauvages", indique Zhang Jianlong, le directeur du Département des forêts et de la protection des animaux sauvages de l'Administration nationale des forêts. NdR "sauvages" : le yéti aurait-il dû être apprivoisé ?
  L'épopée de cette créature, mi-homme, mi-singe, avait commencé au début des années 80 lorsque plusieurs expéditions scientifiques avaient été successivement dépêché à Shennongjia pour tenter de vérifier des témoignages de villageois affirmant avoir aperçu des yétis. Un comité pour la recherche des créatures rares et étranges avait été créé en octobre 1984, sous l'égide de la Commission d'Etat des Sciences et Technologies.
  Certains scientifiques chinois dont le professeur Yuan Zhengxin, expert de l'Institut de Paléontologie des vertébrés, avaient pris les témoignages des villageois très au sérieux et même publiquement admis que des "créatures étranges" se cachaient dans ces zones montagneuses difficiles d'accès.
  Les preuves tangibles de ces apparitions auraient été les milliers de traces de pied géantes - la plus grande de 40 cm de long - relevées dans la région de Shennongjia, ainsi que des poils et cheveux roux collectés par les paysans et n'appartenant à aucune espèce animale connue.
  La presse chinoise avait pour sa part donné un large écho aux histoires de yétis, alternant témoignages de villageois et déclarations enthousiastes de scientifiques sur le sujet.
  Ce qui agace le plus les responsables locaux, à en croire Chine nouvelle, semble être la récompense de 500 000 yuans (63 000 dollars) promise récemment pour la capture d'un yéti.
  L'agence n'a pas précisé qui avait promis la récompense, se contentant de relever que l'encouragement apporté à la capture d'un hypothétique yéti risquait, selon Zhang Jianlong, de "mettre sérieusement en danger les autres animaux sauvages, sans compter", ajoute-t-il, "qu'on n'arrivera à rien sur le plan scientifique".
  Source : AFP 14 déc 98
  N 981227

• Attitude négative de la Chine
  Dans une déclaration du 27 déc. en Inde, faisant allusion aux tentatives de pourparlers avec le gouvernement chinois, le Dalaï Lama a dénoncé l'attitude de la Chine dans la recherche d'une solution pacifique pour le Tibet. "Les autorités chinoises sont devenues de plus en plus rigides et négatives à l'égard du Tibet, provoquant un regain d'hostilité entre la Chine et le peuple tibétain. Néanmoins, une fraction du peuple chinois soutient la cause des Tibétains : les intellectuels, les penseurs et les économistes ont montré de la compréhension à l'égard de notre problème", a-t-il remarqué. Source : AFP 27 déc 98
  N 981228

• Condamnations : réaction européenne
  Face aux condamnations de 4 dissidents en Chine à des peines de 13, 12, 11 et 10 ans de prison, les ambassadeurs ou chargés d'affaires de l'Europe des Quinze, des USA, du Canada et de la Norvège "ont protesté contre les fortes peines de prison prononcées contre des défenseurs des Droits de l'Homme et ont demandé leur libération" le 28 déc. Cette démarche a été faite à Pékin par les "ambassadeurs ou chargés de mission", qui ont rencontré le 23 décembre un responsable de département au ministère chinois des affaires étrangères.
  L'initiative avait été lancée "entre autres par Joschka Fischer", ministre allemand des Affaires étrangères, a ajouté le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Martin Erdmann. Le 29 déc., la Pologne se joignait à cette protestation, indiquant par un communiqué : "Les verdicts émis successivement dans différentes villes, qui infligent des peines de prison de plus de dix ans à des représentants du mouvement démocratique, donnent l'impression d'une action délibérée, contraire à l'esprit d'ouverture et de dialogue international constructif sur les droits de l'Homme avec la participation de la Chine" Source : AFP 28 et 29 déc 98
  N 981229

Les archives de l'année 1998