|
Tibet-info > informations > nouvelles du Tibet > archives 1998
Nouvelles du Tibet
Informations parues dans Tibet Info du 16 au 31 oct 98
- Nouvelles de Tanak Jigme Sangpo
Tanak Jigme Sangpo, 72 ans, l'un des plus anciens prisonniers politiques tibétains, qui a déjà passé 28 ans en prison, "est en bonne santé, mais souffre d'hypertension et n'est donc plus obligé de travailler" (sic !), ont indiqué les autorités chinoises à l'ambassade de Suisse à Pékin.
Après avoir purgé une première peine de 13 ans de prison, Tanak Jigme Sangpo, un ancien instituteur, avait été condamné à 15 ans de prison en 1983 pour avoir apposé une affiche sur laquelle il protestait contre l'occupation chinoise au Tibet.
En 1988, alors qu'il était toujours en prison, il était condamné à cinq ans supplémentaires pour avoir crié des mots d'ordre indépendantistes, puis encore à 8 ans de prison supplémentaires en 1992 pour avoir crié des slogans en faveur du Dalai Lama pendant la visite en décembre 1991 à la prison de Drapchi d'officiels du gouvernement helvétique.
Au terme prévu de sa libération, en 2011, à l'âge de 85 ans, Tanak Jigme Sangpo aura passé 41 années au total derrière les barreaux. Il s'agit de l'une des plus longues peines connues imposées à un prisonnier de conscience au Tibet. Il est aujourd'hui toujours détenu à la prison Drapchi à Lhassa.
Source : AFP 16 oct 98
N 981016
- Louis de Broissia au Sénat.
Elu Sénateur à l'occasion des récentes élections, Louis de Broissia a dû abandonner son mandat à l'Assemblée Nationale.
Co-fondateur, avec Jean-Michel Belorgey, du groupe d'étude parlementaire sur les problèmes du Tibet, il en avait assumé la présidence depuis bientôt dix ans. Grâce à son action incessante, une véritable mobilisation des députés favorables à la cause tibétaine s'est exprimée à travers l'appel des Parlementaires pour le Tibet, et un nombre considérable de questions écrites au gouvernement.
Le groupe a ainsi participé à une évolution sensible de la position de la France, qui s'est notamment exprimée lors du voyage de Lionel Jospin en Chine. Certes, il reste encore bien du pain sur la planche.
Nous ne doutons pas de la détermination de Louis de Broissia à poursuivre cette action au Sénat, aux côtés du Sénateur Claude Huriet, président du groupe d'amitié parlementaire.
Tous les amis du Tibet sont invités à se mobiliser pour que leurs élus à l'Assemblée nationale ne relâchent pas leur pression. Source : Lettre du Tibet N. 47, oct98
N 981018
- Déclaration chinoise sur la liberté
Dans une déclaration du 28 sept., une vingtaine d'intellectuels et d'hommes politiques chinois, s'inspirant d'une consultation en profondeur auprès de toutes les couches de la société, réclament pour leur pays le droit à la liberté. "La Chine du XXIe siécle doit être libre ; le peuple chinois du XXIe siècle doit être un peuple libre."
Se référant très précisément au pacte international des droits civils et politiques (PIRDCP), les auteurs du texte poursuivent : "Nous croyons que, du point de vue des droits de l'homme, la liberté vient avant la démocratie. Toute prétendue démocratie qui exclue la liberté n'est que totalitarisme et dictature...
Aujourd'hui, ce qui nous fait le plus défaut à nous autres chinois, et qui doit être garanti avec la plus grande urgence, ce sont les libertés civiles et individuelles."
Ce texte dénonce notamment l'ensemble du système législatif et judiciaire actuel, qui aboutit en pratique à faire se contredire les textes de loi et leur application. Ainsi, les concepts de stabilité, de sécurité de l'Etat, et de rééducation par le travail se traduisent dans les faits par des "méthodes totalement inhumaines qui ont pour but de restreindre les libertés individuelles."
Ce texte est signé notamment de Madame Ding Zilin, de son mari Jiang Peikun, de Lin Mu, ancien Sec. de Hu Yaobang, de Jiang Qisheng, porte-parole du groupe des signataires, et de Wei Xiaotao, frère de Wei Jingsheng.
La question tibétaine n'est quasiment pas évoquée dans cette Déclaration sauf par cette formule qui condamne l'attitude du gouvernement chinois : "Ils n'ont jamais cessé leur destruction des témoins de la culture religieuse dans les régions habitées par les Tibétains. L'attitude arbitraire des maîtres de la Chine à l'égard de la liberté de religion et de croyance démontre non seulement leur ignorance, mais aussi leur haine de la liberté propre à l'esprit humain."
Source : Lettre du Tibet n. 47
N 981019
- Nouvelles sanctions au Tibet
Les fonctionnaires tibétains ont été contraints au mois de sept. dernier de se défaire de tous leurs objets religieux (autels familiaux, statues, peintures sacrées, etc...), alors que déjà depuis longtemps il leur était interdit de posséder des portraits du Dalai Lama. Ils ont par ailleurs été appelés à faire revenir d'urgence d'Inde les enfants qu'ils y avaient envoyés pour éducation dans des écoles tibétaines en exil, sous peine de se voir retirer leur emploi, leur carte d'alimentation et toute autre nécessité élémentaire de la vie quotidienne s'ils n'obéissent pas à ces deux injonctions... Un vieil homme arrivé à Dharamsala début octobre '98 confirmait les mauvaises nouvelles et citait des noms appuyant ses dires : "Oui, tout ceci est très vrai... Mais il y a encore pire ! Les Chinois ont commencé à vérifier l'un après l'autre tous les possesseurs de cartes de rationnement. Ils vont ainsi de famille en famille et s'assurent que tous leurs membres se trouvent bien à leur lieu de résidence. Si l'un d'eux venait à "manquer", toute la famille serait sévèrement châtiée..."
Question Tibet-Info :
Plusieurs Occidentaux récemment de passage à Dharamsala et venant du Tibet ou y ayant séjourné quelques mois auparavant, témoignent tous d'une atmosphère d'opression très lourde et très pénible parmi la population... Vrai ?
Le vieil homme :
"Oh oui, ceci est vrai aussi ! Nous avons de plus en plus peur, nous avons l'impression de nous tasser, de nous replier de plus en plus sur nous, rentrant nos têtes entre nos épaules pour nous protéger de répressions inattendues... Moi, je suis un vieil homme et ce que les Chinois peuvent me faire (de mal) est sans importance, mais les enfants ont encore une bien longue vie devant eux... C'est pour cela que j'ai amené mon petit-fils à l'abri en exil auprès de Sa Sainteté !"
Source : correspondant Tibet Info
N 981022
- Visite belge en Chine
Après L. Jospin et Tony Blair, le 1er ministre belge J-L Dehaene effectuera une visite officielle en Chine du 31 oct au 8 nov dans le cadre d'un processus de rapprochement entre la Chine et l'Union européenne. Il s'agira de la 1ère visite d'un chef du gouvernement belge à Pékin depuis 30 ans, a précisé M. Tang Guoqiang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, qui a qualifié la visite "d'évènement majeur" dans les relations bilatérales. A Pékin, M. Dehaene aura des entretiens avec son homologue Zhu Rongji sur des sujets "d'intérêt mutuel et international".
Source : AFP 22 oct 98
N 981023
- Aveux chinois (Drapchi)
Les autorités chinoises au Tibet ont fini par reconnaître que des gardiens de la prison de Drapchi s'étaient servis de leurs armes pour réprimer une manifestation non violente le 1er mai dernier, à l'occasion d'une visite d'une délégation de l'Union Européenne. Elles continuent néanmoins de prétendre que ces tirs n'ont fait aucune victime, alors que des sources tibétaines affirment que 11 (ou 12 ?) personnes ont été victimes de cette répression, six nonnes quatre moines, et un laïc. Certaines nonnes auraient été battues à mort et pendues, les gardiens prétendant qu'elles s'étaient suicidées "en avalant leur écharpe". Plusieurs autres prisonniers, gardés à l'isolement, n'ont pas été vus depuis plusieurs mois par leurs co-détenus. C'est notamment le cas de Gyaltsen Choephel, un ancien commerçant condamné à 15 ans sous l'inculpation d'avoir participé au meurtre d'un policier chinois. Sa mère, Ama Phurbu, aurait également été arrêtée alors qu'elle apportait de la nourriture à son fils. Elle avait déjà purgé une peine de 3 ans en 1989. Son crime : elle avait organisé des prières pour les victimes des manifestations anti-chinoises.
Source : T.I.N., oct. 98
N 981025
- Colère de Pékin
Le porte-parole du Ministère chinois des Affaires Etrangères, M. Tang Guoqiang, a exprimé le mécontentement de son gouvernement à la suite de la récente rencontre entre le Premier Ministre indien, M. Vajpayee, et S.S. le Dalaï Lama. Il a renouvelé ses calomnies contre le leader tibétain accusé de "comploter pour briser l'harmonie nationale et diviser la mère-patrie". Du côté indien comme du côté tibétain, on fait remarquer qu'une telle rencontre avec un nouveau Premier Ministre (M. Vajpayee a pris ses fonctions en mars 1998) est tout à fait traditionnelle, étant donné le rayonnement spirituel du Prix Nobel de la Paix. Par ailleurs, la presse indienne se fait l'écho du renforcement de la présence militaire chinoise au Tibet et de ses gesticulations le long de la frontière indo-tibétaine. La réaction chinoise, selon des observateurs régionaux, indiquerait l'embarras de la Chine devant la constante popularité du Dalaï Lama parmi ses compatriotes, malgré la violente "campagne de rééducation" toujours en cours au Tibet. Source : AFP
N 981026
- Dalaï Lama en Allemagne
Le Dalaï-Lama a commencé le 26 oct une semaine d'enseignement en Allemagne sur le bouddhisme devant plusieurs milliers de personnes réunies à Schneverdigen. Avant le début de cette manifestation, organisée par le Centre tibétain de Hambourg (nord), le prix Nobel de la Paix a plaidé en faveur de la compréhension entre les religions : "seule une pluralité des religions peut correspondre à la multiplicité des intérêts des gens", a-t-il estimé devant la presse.
Le chef spirituel Tibétain a souligné qu'il n'était pas venu en Allemagne pour convertir les gens au bouddhisme, affirmant qu'à ses yeux, "il était mieux de conserver ses propres traditions, sa propre religion, et que changer de religion pouvait conduire à de graves confusions".
Plus de 9 000 personnes venues de toute l'Europe et des Etats-Unis doivent participer au séminaire d'enseignement du Dalaï-Lama, qui se tient sur une ancienne base militaire britannique.
Cette manifestation doit permettre au Dalaï-Lama d'exposer, jusqu'au 1er novembre, les "principes de base du bouddhisme et les techniques de développement de la compassion, de la tolérance et de la paix intérieure", selon le Centre tibétain de Hambourg.
Source : AFP 26 oct. 98
N 981026
- Dalaï Lama : accord avec la Chine ?
Le Dalaï Lama prépare actuellement une déclaration sur le Tibet qui "sera constructive et ira dans le sens" des vues des Chinois, a indiqué le 26 oct son secrétaire privé Kelsang Gyaltsen.
Avant que le Dalaï Lama ne prenne publiquement position, "nous avons demandé des consultations informelles au gouvernement chinois, et attendons une réponse positive de Pékin", a précisé Kelsang Gyaltsen. La déclaration du Dalaï Lama portera sur deux exigences formulées par Jiang Zemin à l'adresse des Tibétains lors de ses discussions avec Bill Clinton : la reconnaissance du Tibet et de Taïwan comme parties de la Chine populaire. N 981027
- Site web chinois piraté !
Alors que la Chine annonçait récemment la création de plusieurs sites web destinés à montrer au monde sa version des faits sur l'histoire de la Chine et les droits de l'homme, l'un de ces sites (www.tibet-china.org) vient d'être piraté par un groupe de "hackers" ne manquant pas d'humour. La page de garde du site de propagande chinois expliquant habituellement pourquoi le Tibet "a toujours fait partie de la mère-patrie" a été remplacée par une page débutant par (en anglais) "Je ne peux simplement pas croire à toute cette put... de propagande sur ce site web. Le peuple chinois n'a aucun droit, et encore moins des 'droits de l'homme'. Je ne comprends vraiment pas pourquoi notre gouvernement traite avec ces gens-là. Ils censurent, assassinent, torturent [...] Informez-vous !" Les liens permettant d'accéder au reste du site sont ensuite remplacés par des liens vers Amnesty International, Human Rights in China, et deux autres sites intitulés "Le meurtre d'un homme innocent" et "un homme brave reste seul". Continuant sur sa lancée, le pirate informatique appelle les lecteurs à "apprendre une leçon sur la façon dont certains Chinois se battent durement pour quelque chose qu'ils n'ont même pas" puis termine cette page web par un avertissement au responsable du site chinois : "Cher webmaître et administrateur de ce site. LA SECURITE MISE EN PLACE SUR CE SITE EST UNE VERITABLE BLAGUE ! Nous avons déjoué vos moyens de protection en un temps record. Il nous a fallu moins de deux minutes ! Ne jouez pas avec le feu quand vous savez que vous allez vous y brûler !" puis la page se termine sur quelques injures en anglais à l'encontre du gouvernement communiste chinois...
Source : vérification Tibet Info de www.tibet-china.org le 27 oct. 98 N 981027
- Afflux de nouveaux réfugiés X 10
Selon un rapport du Centre Tibétain pour les Droits de l'Homme et la Démocratie (TCHRD), l'afflux de réfugiés en provenance du Tibet a considérablement augmenté ces dernières semaines pour passer d'une moyenne de 40 à 50 par mois à plus de 500 en octobre, en raison d'une répression fortement accrue au Tibet.
Malgré les morts fréquentes lors des tentatives de passage de l'Himalaya et les nombreux membres ou doigts qui doivent être amputés pour cause de gelures, de plus en plus de Tibétains fuient la campagne "Frapper fort" qui sévit au Tibet à l'encontre des institutions religieuses, où plus de 5000 moines et nonnes ont été expulsés de leurs monastères pour avoir refusé de dénoncer le Dalaï Lama, refusé d'accepter le Panchen Lama désigné par les Chinois, ou refusé d'admettre que le Tibet avait toujours fait partie intégrante de la Chine.
Le TCHRD rappelle également le cas des Tibétains forcés de faire revenir leurs enfants partis étudier en Inde, dont trois ont quitté ce mois-ci l'école de Dharamsala.
Source : TCHRD 28 oct 98
N 981029
- Jacques Santer en Chine
Jacques Santer, président de la Commission européenne en visite en Chine, a évoqué avec le Premier Ministre chinois Zhu Rongji la récente arrestation d'une quarantaine d'opposants pour les empêcher de participer au rassemblement prévu le 27 oct. à Dongping.
Ce rassemblement était prévu pour protester contre le harcèlement policier visant Xie Wanjun, dissident qui avait déposé une demande officielle pour créer un nouveau parti politique, le Parti Démocrate Chinois (PDC). Zhu Rongji a répondu "qu'il n'était pas au courant, mais que si on lui fournit une liste de noms, il pourra faire une enquête".
A Pékin, M. Santer s'est félicité que sur le délicat sujet des droits de l'homme, le dialogue soit désormais devenu possible avec les autorités chinoises, reconnaissant cependant qu'aux yeux de l'UE, des "sujets de préoccupation demeurent". Il a notamment cité les conditions d'exercice de la liberté d'expression, la liberté religieuse, la liberté d'association et la liberté syndicale, la peine de mort, les conditions de détention dans les prisons, le Tibet, ainsi que le sort des milliers de prisonniers condamnés pour "des crimes contre-révolutionnaires" dans le passé.
Source : AFP 30 oct 98
N 981030
La reproduction des textes ci-contre est autorisée et encouragée sous la condition exprès de mentionner : « Source : 36 15 Tibet Info » + les autres sources mentionnées dans chaque article, ainsi que la date. Exemple "Source : 36 15 Tibet Info / AFP, 15 jan 98". Merci de respecter ces différents copyrights.
|
|
|
|
|