Nouvelles du Tibet

Informations parues dans Tibet Info du 16 au 30 nov. 1998

• N. Sangdrol : appel d'un Député
  Alerté lors d'une conférence du CSPT sur le cas de Ngawang Sangdrol à Vesdun, le Député du Cher Yann Galut s'est adressé au Ministre des Affaires Etrangères dans les termes suivants :
  « [...] Je me permets d'attirer votre attention sur la situation actuelle de Mlle Ngawang Sangdrol, jeune religieuse tibétaine âgée de 24 ans, et qui purge une peine de prison de 18 ans pour avoir manifesté pour le Tibet libre.
  Pourriez-vous m'indiquer, Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères, quelles actions ont été menées par le Gouvernement pour obtenir la libération de cette prisonnière politique.
  D'autre part, il me serait loisible que vous me fassiez savoir si notre Premier Ministre a évoqué son cas lors de sa visite en Chine.
  J'attache une particulière importance à ce dossier et vous remercie, Monsieur le Ministre, des réponses que vous pourrez m'apporter. [...] »
  N 981116

• « Le Palais des Arcs-en-ciel »
  Tenzin Choedrak Editions Albin-Michel. 300 pages, 120 Frf
  Tenzin Choedrak, l'un des maîtres les plus éminents de la tradition médicale tibétaine, a quitté définitivement son Tibet natal en 1980. Après plus de 20 ans de souffrances inouies infligées par ses geôliers chinois, il avait alors choisi de s'exiler en Inde pour reprendre auprès du Dalaï Lama ses fonctions de médecin personnel.
  Aujourd'hui Tenzin Choedrak témoigne. A travers les tribulations d'un enfant moine dans le Tibet des années 20 et 30, c'est toute une culture qui nous est contée. Le parcours d'un étudiant et d'un médecin à Lhassa évoque une autre vision du monde, éclairée par le dharma bouddhiste, l'attachement à la personne de "Kundun" et un savoir thérapeutique unique au monde. Enfin, le récit des atrocités commises par les Chinois constitue un témoignage exceptionnel sur l'un des crimes collectifs les plus terribles de ce siècle.
  Sans jamais se départir de la compassion à laquelle il a voué sa vie, Tenzin Choedrak, qui est allé jusqu'à soigner ses tortionnaires, nous livre avec cet ouvrage préfacé par le Dalaï Lama un incroyable message d'amour et de liberté, en même temps qu'une leçon magistrale de résistance spirituelle. B/N 981117

• Réfugiés tibétains et immigration
  Dans une déclaration à un journal local indien, la police du district de Kangra dont dépend Dharamsala fait état de mesures spéciales à prendre pour les nouveaux réfugiés tibétains arrivant en Inde. Le nombre de ces nouveaux réfugiés s'accroît de jour en jour et atteint des limites alarmantes. Les forces de police indiennes dénoncent parmi eux des petits délinquants qui perturberaient l'ordre public, et envisagent de soumettre les Tibétains aux mêmes règles d'immigration que les autres étrangers.
  Il devient de plus en plus difficile aux autorités tibétaines en exil de gérer cette multitude qui surpeuple la petite localité de Mcleod Ganj, le "village tibétain" de Dharamsala.
  Afin de maintenir l'ordre et de protéger en même temps ces nombreux nouveaux arrivants, ceux-ci sont pour la plupart envoyés dans des écoles tibétaines, notamment l'école de transit de Sokar dépendant administrativement du Centre d'Accueil de McLeod Ganj. Ils sont ainsi maintenus éloignés de toute tentative de "désordre public" ainsi que des contrôles d'identité de la part de la police locale. Mais cette solution n'est que provisoire... Qu'advient-il d'eux après leurs trois ans de scolarité dans ces établissements ? Si les Tibétains venant chercher refuge en Inde doivent, comme il est prévu, présenter un passeport et un visa en règle aux services d'immigration indiens pour entrer sur leur territoire, il est fort probable qu'aucun d'entre eux ne pourra traverser la frontière... Ces mesures seront-elles réellement prises ?
  Il est en tout cas certain que le problème de surpopulation tibétaine à Dharamsala devient de plus en plus crucial et urgent... Rappelons que tous ces nouveaux réfugiés sont pour la plupart jeunes, sans emploi, sans logement. A Dharamsala que faire ? Très peu d'emplois, formations professionnelles trop coûteuses pour être envisagées, loyers exorbitants, coût de la vie élevé, plus aucune possibilité d'obtenir des papiers de réfugiés politiques en règle... Si la presse, les médias et les sympathisants occidentaux se penchent bien souvent maintenant sur la situation socio-politique au Tibet et en font état dans leurs rapports et leurs articles, très peu d'entre eux exposent les conditions d'exil qui deviennent de plus en plus ardues pour les nouveaux réfugiés dont le flot s'intensifie. Pour exemple : en juillet 1998, 1 000 Tibétains ont été enregistrés au Centre d'Accueil de Kathmandou !
  Correspondant Tibet Info, 14 nov. 1998
  N 981119

• Tibet : opinion des dissidents chinois
  Dans une interview téléphonique accordée de Chine même au journal américain "Christian Science Monitor", un dirigeant important de l'opposition démocratique se prononce pour le retour du Dalaï Lama au Tibet.
  M. Xu Wenli, qui vient d'être élu président du Parti Démocrate, parti dont il réclame en vain la reconnaissance légale, estime en effet que le retour du dignitaire tibétain dans son pays permettrait d'y organiser une "véritable renaissance du bouddhisme".
  "Le peuple du Tibet doit bénéficier d'une très large autonomie religieuse, culturelle et sociale" ajoute le célèbre dissident qui estime que "grâce à Internet et aux radios (occidentales)", nombre de ses compatriotes disposent désormais d'informations fiables sur la situation au Tibet et modifient leur point de vue sur la question.
  N 981122

• Les Verts et le Tibet
  A l'initiative du groupe de travail Asie, animé par Jean-Marc Brulé, le mouvement des Verts vient de lancer une campagne "les élus écolos pour le Tibet".
  La première action proposée est de parrainer un prisonnier politique tibétain, dans le cadre de leur municipalité. Suivant l'exemple initial de Tibet Libre à Strasbourg en 1991, et grâce à l'initiative reprise depuis par le CSPT et d'autres associations qui ont rejoint cette forme d'action, plus de 140 communes françaises parrainent aujourd'hui des prisonniers de conscience.
  Un dossier type ainsi que les noms et la biographie des prisonniers à parrainer est disponible auprès du responsable CSPT de cette action : C. Beerens, 130 rue de Verdun 92800 Puteaux. Tél. 01 45 06 79 18 ou, pour le mouvement des Verts, Antoine Lagneau au 01 42 57 10 18
  N 981124

• "Pas de pénurie de dirigeants" !
  Péma Lhundup, Sec. général du TYC (Tibetan Youth Congress) à Dharamsala (Inde), déclarait récemment : "Pas de pénurie de dirigeants pour les Tibétains, la lutte pour la liberté du Tibet continuera après la disparition du Dalaï Lama".
  De nombreuses questions fusent de partout, tant au sein de la communauté tibétaine que dans les milieux pro-tibétains occidentaux, sur l'avenir du peuple tibétain et de sa lutte pour la liberté si le Dalaï Lama venait à décéder avant qu'une solution n'ait été trouvée au cas douloureux du Pays des Neiges.
  Pema Lhundup affirme :
  "Les Chinois commettent une grave erreur en s'imaginant que notre lutte cessera avec la mort du Dalaï Lama, car celle-ci continuera sous la conduite d'autres Tibétains après sa disparition. Il pourrait y avoir de la violence et la situation pourrait très bien ne plus être maîtrisée.
  Actuellement, c'est le moment le plus favorable pour les Chinois de négocier une solution pour le Tibet, car jusqu'à présent la jeunesse tibétaine a suivi la voie de la non-violence prônée par le Dalaï Lama. Celui-ci est prêt à faire des concessions en acceptant l'autonomie, mais s'il n'est plus de ce monde, la jeune génération n'admettra rien d'autre que la totale indépendance".
  Pema Lhundup ajoute qu'il n'y aura aucun problème "gouvernemental" après la mort du Dalaï Lama car il y aurait plusieurs candidats susceptibles et capables de diriger le peuple tibétain.
  "Puisque nous avons un parlement et un cabinet ministériel, le gouvernement tibétain en exil va continuer de fonctionner durant la recherche de la réincarnation du Dalaï Lama".
  Les autorités chinoises sauront-elles prendre en considération cette déclaration à la menace non dissimulée et saisir la chance d'un dialogue avec le Dalaï Lama ?
  Les Chinois comprendront-ils que la lutte pour la liberté ne se désagrégera pas avec le décès du présent leader tibétain qui prône la non-violence et est prêt à négocier une autonomie avec eux alors que les membres du TYC et bon nombre d'autres Tibétains sont fortement en faveur d'une totale indépendance ?
  Source : correspondant Tibet Info, Dharamsala, 20 nov. 1998
  N 981126

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