Nouvelles du Tibet

Informations parues dans Tibet Info du 1 au 15 nov. 1998

• Déclaration constructive
  A l'issue d'une semaine d'enseignement à Schneverdigen, en Allemagne, le Dalaï Lama a appelé à une "véritable autonomie pour le Tibet et pas une totale indépendance vis-à-vis de la Chine", tout en regrettant l'attitude des dirigeants chinois qui continuent à refuser de reconnaître la culture tibétaine. A son arrivée en Allemagne, son secrétariat avait annoncé qu'il préparait une déclaration sur le Tibet "constructive et allant au-devant des Chinois, après avoir demandé des consultations informelles au gouvernement chinois" et était en attente d'une réponse positive de Pékin.
  Source : AFP 01 nov 98
  N 981102

• Disparition de Ngawang Sangdrol
  Selon des informations parvenues au C.S.P.T., Ngawang Sangdrol, qui avait déjà participé activement aux manifestations du mois de mai à la prison de Drapchi et qui avait été depuis cette période placée en cellule d'isolement, est portée disparue depuis le mois de septembre. A cette période, réintégrée parmi les autres prisonniers, elle aurait mené une nouvelle manifestation à l'intérieur de la prison N° 1 de Lhassa. Emmenée "en sang" par des gardiens chinois, nul ne sait où elle se trouve depuis. (Cf 3615 Tibetinfo - dossier en rubrique "1 Dossier", puis "Que faire pour le Tibet"
  Source : CSPT, 4 nov 98
  N 981104

• Dalaï Lama aux Etats-Unis
  Le Dalaï Lama est arrivé le 4 nov aux Etats-Unis et participera les 7 et 8 nov. à Washington à une Conférence internationale sur la médecine tibétaine.
  Il se rendra aussi à Pittsburgh ainsi qu'à New York, le 13 novembre, où il prendra la parole devant la Fondation américaine pour l'Himalaya.
  Il pourrait également être reçu par Bill Clinton en début de semaine prochaine sans que la Maison Blanche ait pourtant confirmé cette rencontre.
  Le porte-parole de l'ambassade de Chine Shunning Yu a vivement réagi à cette visite en affirmant que malgré l'ouverture "d'un canal de discussion" avec le Dalaï Lama, la Chine "n'avait pas perçu d'indications montrant que le Dalaï [Lama] avait cessé ses activités séparatistes".
  "Nous sommes fermement opposés à la visite du Dalaï [Lama] dans des pays comme les Etats-Unis et nous nous opposons de même à des rencontres entre le Dalaï [Lama] et des responsables de tout pays. Cela constitue pour le Dalaï [Lama] un encouragement à ses activités séparatistes", a ajouté Shunning Yu.
  Source : AFP 5 nov 98
  N 981105

• Défection au sommet
  Agya Rinpoché, à la tête de l'un des principaux monastères au Tibet, était l'un des officiels haut placé dans la hiérarchie chinoise au pouvoir au Tibet. Selon le gouvernement tibétain en exil en Inde, Agya Rinpoche se serait enfui du Tibet pour les Etats-Unis il y a quatre mois environ, provoquant un embarras certain pour le gouvernement chinois.
  C'est l'un des plus importants dirigeants qui ait fui le Tibet depuis le départ du Dalaï Lama en 1959. Cette défection serait due à son désaccord avec les autorités chinoises sur la politique relgieuse menée au Tibet. Source : BBC World Services 6 nov 98
  N 981106

• Grand rassemblement en Allemagne
  Le plus grand rassemblement bouddhique jamais vu en Europe a réuni à Schneverningen (Allemagne) plus de 10 000 personnes venues pendant la semaine du 25 oct au 1er nov, écouter l'enseignement du Dalaï Lama sur "le chemin graduel vers l'Eveil", un texte philosophique essentiel de Je Tsongkhapa, le fondateur de l'école Gelugpa.
  Les disciples venus d'une dizaine de pays ont suivi avec une constante attention les explications philosophiques à raison de 6h par jour sous un immense chapiteau dressé sur une ancienne base militaire britannique. Les autorités religieuses de la région ont salué l'événement avec intérêt. Particulièrement chaleureux, le message de l'évêque de l'Eglise Evangélique Luthérienne de Hambourg, une femme, rappelant la coïncidence de cet événement avec le 350ème anniversaire de la Paix de Westphalie entre catholiques et
  protestants, y voit "une incitation à réfléchir à 'l'être ensemble' dans sa nouvelle dimension mondiale.
  La dignitaire protestante ajoute : "nous souhaitons redonner à notre société qui se refroidit plus de chaleur et de sens en dissipant les peurs et les préjugés. C'est là une préoccupation qui nous est commune".
  La préservation du bouddhisme au Tibet n'a pas été absente de cette grande manifestation.
  Le Dalaï Lama a notamment indiqué que l'une de ses motivations essentielles dans sa lutte pour la survie de l'identité tibétaine, menacée par la colonisation chinoise, était de "garder avec toute sa force et son authenticité le message du bouddhisme, présent au Tibet pendant plus de 10 siècles" afin de le mettre à la disposition de tous.
  Source : correspondant local
  N 981107

• Appel de 7 Prix Nobel
  7 Prix Nobel de la Paix (le Dalaï Lama, le dirigeant est-timorais Jose Ramos Horta, Rigoberta menchu, Oscar Arias, Jody Williams, Betty Williams et Desmond Tutu) ont publié une déclaration dans laquelle ils appellent le gouvernement chinois à ouvrir des négociations dans l'intérêt des peuples tibétain et chinois.
  Les Prix Nobel étaient réunis à l'Université de Virginie à l'occasion d'une conférence consacrée aux droits de l'homme, aux conflits et à la réconciliation. A l'occasion de cette conférence, le Dalaï Lama a rappelé une nouvelle fois qu'il réclamait une "véritable autonomie" pour son pays mais ne réclamait pas la défense ou les Affaires Etrangères.
  Le dirigeant tibétain commence une visite de neuf jours aux Etats-Unis au cours de laquelle il devrait rencontrer le Président des Etats-Unis et prononcer une importante déclaration dans laquelle il ferait des propositions conciliantes au gouvernement chinois. Par ailleurs les Etats-Unis devraient procéder à la nomination d'un nouveau coordinateur spécial pour le Tibet en remplacement de M. Greg Craig. Il pourrait s'agir de Wendy Sherman, un proche collaborateur de la Secrétaire d'Etat Madeleine Albright.
  Source : WTNN 7 nov / Kyodo
  N 981108

• Pas de déclaration unilatérale !
  Le Dalaï Lama a eu un entretien le 10 nov. à la Maison Blanche avec le président Bill Clinton et son épouse Hillary, en dépit d'une mise en garde de la Chine qui a averti qu'une telle rencontre risquait de provoquer une détérioration des relations sino-américaines. ("Autoriser le Dalaï Lama à organiser des rencontres avec les responsables américains est une marque de complicité et de soutien aux activités du Dalaï Lama visant à diviser la patrie" a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Zhu Bangzao).
  A l'issue de cet entretien, le Dalaï Lama a affirmé à la presse qu'il préférait garder "un profil bas", se contentant d'affirmer que la rencontre avait été "très bonne".
  Mais dans une déclaration écrite distribuée par son entourage, il a déclaré : "Je ne souhaite pas faire de déclaration unilatérale sans avoir eu auparavant l'opportunité d'avoir eu des consultations informelles avec les dirigeants chinois. Je crois que de telles consultations informelles sont indispensables pour éviter tout malentendu et recevoir une réponse positive des dirigeants chinois".
  Le Dalaï Lama s'est déclaré encouragé par les discussions que le président chinois Jiang Zemin avait accepté d'avoir sur le Tibet avec le président Clinton lors de sa visite à Pékin en juin dernier. Il a pris, a-t-il dit, "un certain nombre de mesures qui augurent bien pour la Chine et qui contribuent à améliorer la réputation internationale de la Chine. Et il a manifesté un intérêt personnel sur la question du Tibet".
  Durant sa visite aux Etats-Unis, le Dalaï Lama avait affirmé avoir décelé "certains signes positifs" dans les positions de Pékin sur le Tibet.
  Le Dalaï Lama s'est rendu ensuite au département d'Etat, où il a eu des contacts avec plusieurs responsables et a été reçu dans l'après-midi par le vice-président Al Gore.
  Source : AFP 10 nov 98
  N 981110

• L'abbé de Kumbum aux USA
  Agya Rinpoche, l'un des plus hauts responsables religieux tibétains, a quitté le Tibet récemment pour les Etats-Unis afin de protester contre la politique religieuse des autorités chinoises.
  Selon un communiqué reçu à Pékin du Tibetan Information Network (TIN), depuis son arrivée aux Etats-Unis, à une date non précisée, Agya Rinpoche a refusé de parler à la presse et il n'est pas clair s'il demandera ou non l'asile politique aux Etats-Unis.
  "Nous avons entendu dire qu'il était aux Etats-Unis, mais nous ne savons pas si c'est vrai", a déclaré à Pékin un porte-parole de la Fédération de la jeunesse chinoise, dont Agya Rinpoche est l'un des vice-présidents. Supérieur du grand monastère de Kumbum au Qinghai, Agya Rinpoche est l'un des huit principaux lamas tibétains. Il a plusieurs responsabilités politiques au sein du Parti Communiste et est également vice-président de l'Association Bouddhiste de Chine.
  Interrogée le 13 nov par l'AFP, cette association a déclaré ne pas être au courant d'un voyage de son vice-président aux Etats-Unis.
  Selon TIN, Agya Rinpoche aurait été pressé par les autorités chinoises d'accepter que le jeune garçon choisi par Pékin pour réincarner le 11ème Panchen Lama soit transféré au monastère de Kumbum. Ce monastère aurait été considéré comme plus sûr que celui du Tashilhumpo à Shigatsé (Tibet), où le Panchen lama, le second personnage religieux tibétain après le Dalai Lama, réside traditionnellement.
  Depuis qu'il a été choisi par Pékin pour incarner le Panchen Lama contre l'avis du Dalai Lama, Gyaincain Norbu, 9 ans, vit en quasi-réclusion sous la "protection" des autorités chinoises. Il avait fait une rare apparition en février dernier dans un temple de Pékin.
  Agya Rinpoche passe pour avoir toujours été un fervent disciple de l'ancien Panchen Lama, décédé en 1989.
  Source : AFP 13nov98 / TIN 12nov98
  N 981114

• Chine : réformes, non démocratie
  Les réformes économiques appliquées avec succés en Chine ne conduiront pas nécessairement à plus de démocratie et ce pays pourrait bien connaître de plus grands bouleversements que la Russie, a estimé un dissident chinois en exil dans un entretien publié le 15 nov par le journal Chicago Tribune.
  "Une réforme économique positive ne signifie pas forcément qu'il y aura des réformes politiques positives", a déclaré Wang Dan, l'un des anciens leaders des manifestations de la place Tienanmen, au printemps 1989. "Donc, même si des réformes économiques sont menées avec succés en Chine, il y aura toujours des crises politiques et une chute continuelle du moral de la population", a-t-il ajouté. "Dans un proche avenir, nous pourrions voir en Chine des choses arriver pires que celles qui se déroulent aujourd'hui dans l'ex-Union soviétique", a encore jugé ce dissident âgé de 29 ans, libéré en avril 98, deux mois avant une visite en Chine du président américain Bill Clinton.
  Wang Dan, aujourd'hui étudiant en histoire à Harvard, s'est toutefois déclaré optimiste sur les chances à long terme d'un retour de la démocratie en Chine.
  Source : AFP 15 nov 98
  N 981115

Les archives de l'année 1998