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Nouvelles du Tibet
Informations parues dans Tibet Info du 11 au 25 mai 97
- Produits importés des laogais
Harry Wu a présenté le 21 mai au Congrès américain de nouvelles preuves de l'importation par des sociétés américaines de biens fabriqués dans les prisons chinoises, allant de pièces métalliques à l'habillement.
"Le Laogai (système pénitentiaire chinois de travaux forcés) est l'outil principal de la dictature communiste chinoise pour écraser ses citoyens", a affirmé M. Wu. "Le commerce renforce le système (...) qui continue de se renforcer".
Pour sa part, le sous-secrétaire au Trésor James Johnson a indiqué que Washington avait "quelques difficultés" à faire appliquer un mémorandum de 1992 avec la Chine visant à interdire l'importation de produits fabriqués par des prisonniers.
Des responsables des douanes US ont ainsi demandé à pouvoir inspecter une vingtaine d'installations chinoises mais ont pu accéder à 13 d'entre elles seulement depuis 1992. "Les Chinois ont été lents à répondre et leurs réponses manquent de détails".
"Ces nouvelles révélations montrent clairement que le gouvernement chinois n'a aucun respect pour les accords qui le lient (à Washington) en matière de travaux forcés", a déclaré de son côté la Laogai Research Foundation. Source : AFP 21 mai 97
N 970525
- Une armée chinoise "high tech" ?
Jiang Zemin a demandé le 23 mai à l'armée de maîtriser les technologies de pointe afin d'être capable de vaincre dans des conflits régionaux .
Selon le Quotidien de l'Armée, le chef de l'Etat, également chef suprême de l'Armée Populaire de Libération (APL), a d'autre part exhorté les quelque 3 millions de soldats chinois à étudier les hautes technologies de défense et à multiplier les manoeuvres d'entrainement. Il a enjoint les officiers à "assurer la direction absolue du Parti sur l'armée, maintenir un haut niveau de stabilité et d'unité dans ses rangs, maitriser les technologies modernes requises pour remporter des batailles régionales high-tech, et remplir les missions confiées par le Comité Central du Parti et la Commission Militaire Centrale" (CMC).
La Chine est impliquée dans plusieurs différends territoriaux maritimes, qui pourraient déboucher sur des conflits régionaux. Elle revendique notamment les îles Diaoyu/Senkaku (Japon), les Spratleys, convoitées par plusieurs pays riverains, et bien sûr Taiwan.
Ce n'est pas un hasard si la plupart des manoeuvres récentes de l'armée chinoise ont eu pour thème l'attaque d'une île "ennemie". Source : AFP 23 mai 97
N 970523
- Le Tibétain ne sera plus enseigné
Les autorités du Tibet ont décidé d'arrêter l'utilisation de la langue tibétaine dans l'enseignement du primaire et d'introduire le Chinois dès la première année d'école.
Cette décision va à l'encontre des règlements qui avaient été mis en place à partir de 1987, qui prévoyaient au contraire que le Tibétain serait progressivement étendu au secondaire dès 1993, puis aux universités peu après l'an 2000.
Ces règlements prévoyaient que les grandes réunions devaient être en Tibétain, que le fait de parler couramment Tibétain devait être l'une des qualifications requises pour le recrutement ou la promotion dans les postes de gouvernement local, qu'à fin 1990, tous les documents devraient d'abord être publiés en Tibétain, que tous les sceaux ou tampons officiels, certificats, diplomes et affichages devraient être à la fois en Tibétain et en Chinois, et que le public devait avoir le droit de s'exprimer en Tibétain dans toutes les circonstances judiciaires, administratives ou de police. En 1988, le Tibétain était déclaré "langue officielle du Tibet" et en 1989, le Panchen Lama avait ouvert 4 classes expérimentales de secondaire où les enseignements devaient être donnés en Tibétain. En 1995, le taux de succès dans ces écoles était deux fois plus élevé que dans les écoles où les Tibétains apprenaient en Chinois. Ce projet a été dissous en 1996 en raison d'un "manque de professeurs qualifiés parlant Tibétain". Mais la politique de 1987 a été jugée "non conforme avec la réalité au Tibet".
Jusqu'en 1997, le Chinois n'était enseigné qu'à partir de 9 ans, et le Tibétain était utilisé jusqu'à 13 ans.
Certains Tibétains, y compris parmi les nationalistes, comprennent la nécessité d'apprendre le Chinois dès le plus jeune âge, cette langue offrant plus d'opportunités de carrière que le Tibétain, mais il semble que cette décision fasse en fait partie d'un plan plus vaste concernant l'utilisation du Chinois au Tibet.
Par exemple, le Département de l'Agriculture vient de fermer sa section de traduction Chinois-Tibétain, ce qui signifie que les documents à paraître ces prochaines années ne seront probablement publiés qu'en Chinois. Source : T.I.N., mai 97
N 970521
- "Elle", les femmes, et le Tibet
Dans son numéro 2681 du 19 mai 97, le magazine "Elle" consacre un long article intitulé "Pourquoi les femmes aiment Bouddha". Du bouddhisme vietnamien (Village des Pruniers avec le Vén. Thich Nhât Hanh) au bouddhisme tibétain avec Matthieu Ricard, d'interviews du Dalaï Lama (qui, s'il se réincarne en femme, aimerait autant être jolie pour que les gens l'écoutent mieux !) à Tina Turner, Richard Gere, Stéphane Audran, Charlotte Rampling ou Uma Thurman, chaque star a ses raisons personnelles pour se dire attirée par le bouddhisme.
Alors, philosophie ou religion ? Ouverture d'esprit ou mode de vie ? N 970520
- Universalité des droits de l'homme
L'événement politique de la rencontre entre Jacques Chirac et le président chinois Jiang Zemin a été la déclaration conjointe franco-chinoise "pour un partenariat global" qui, "tout en tenant pleinement compte des particularités de chacun", reconnaît "l'universalité des droits de l'homme".
"Par rapport à ce qui est la culture et la tradition de la Chine, c'est une décision historique et considérable", a commenté J. Chirac en soulignant que cela s'était fait "précisément au moment où l'on a décidé de substituer une stratégie de dialogue à une stratégie de confrontation."
Dans une interview à la télévision française, Jiang Zemin a lui-même qualifié cette déclaration de "document historique", soulignant qu'elle constituerait "une base solide pour établir un partenariat global, non seulement dans l'intérêt des deux pays mais aussi dans celui de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans le monde". Source : AFP 16 mai 97
N 970519
- Le cas de 17 prisonniers
Le ministre français des Affaires étrangères, Hervé de Charette, a eu des entretiens le 16 mai avec son homologue chinois Qian Qichen à qui il a remis une liste de 17 détenus, parmi lesquels Wei Jingsheng, 47 ans, et Wang Dan, 27 ans, chef de file des étudiants de la place Tiananmen, au printemps de 1989, ainsi que des Tibétains. "Cette démarche a été faite oralement et par écrit", a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse en Chine. Source : AFP 16 mai 97
N 970518
- J. Chirac parle du Tibet
Les droits de l'homme, la situation des chrétiens en Chine et le cas du Tibet ont été évoqués le 16 mai entre les présidents français Jacques Chirac et chinois Jiang Zemin, au cours d'un entretien restreint, où ils étaient entourés seulement de leurs ministres des Affaires étrangères, de leurs ambassadeurs et d'un conseiller.
Jacques Chirac a souligné que, sur la question des droits de l'homme, "il fallait sortir de la confrontation qui ne fait pas avancer les choses". Il a préconisé une nouvelle fois le "dialogue pour pouvoir progresser".
Il a également encouragé la Chine à dialoguer avec le Vatican sur la question des chrétiens et avec le Dalaï Lama sur la question du Tibet.
Le Dalaï Lama, a-t-il dit, est "une personnalité modérée" qui "s'est prononcée en faveur du dialogue".
Le président Jiang s'est déclaré "heureux" d'avoir eu un échange de vues sur toutes ces questions et a répondu point par point au chef d'Etat français, ajoutant qu'il souhaitait, sur ces différents dossiers, la "poursuite du dialogue" avec la France.
Selon une source française, l'attitude du président chinois marque une évolution de la part de la Chine qui manifeste traditionnellement une forte réticence à aborder ce que l'on appelle familièrement "les sujets qui fâchent".
Le président français a ensuite eu des conversations avec le président de l'Assemblée nationale populaire (ANP) Qiao Shi qui a porté, encore une fois, principalement sur les droits de l'homme. M. Qiao a assuré son visiteur que l'ANP était en train d'examiner de façon accélérée la convention des Nations-Unies relative aux droits économiques, sociaux et culturels et que sa ratification "ne prendrait pas beaucoup de temps". Source : AFP 16 mai 97
N 970516
- Satisfaction au Parlement français
Dans un communiqué, le Sénateur C. Huriet, Président de l'Ass des Amitiés Parlementaires pour le Tibet du Sénat se félicite des propos tenus par J. Chirac en Chine, réclamant l'instauration d'un dialogue direct entre les autorité chinoises et le Dalaï Lama. Il souligne que ce voeu avait été formulé dans un Appel des Parlementaires pour le Tibet signé par 350 Députés et Sénateurs, et souligne que malgré l'aggravation de la situation au Tibet, le Dalaï Lama ne s'est jamais départi de son attitude d'ouverture envers la Chine. Il formule enfin l'espoir que ce message sera entendu. Source : Sénat.
N 970516
- Condamnation au Parlement Européen
Les responsables du groupe socialiste du Parlement Européen ont dénoncé le 14 mai le voyage de Jacques Chirac en Chine. "C'est une honte pour tous ceux qui se battent pour une société plus respectueuse de l'être humain et c'est une honte pour l'Europe", a déclaré le député britannique Glenys Kinnock. "Le voyage de Jacques Chirac, 'représentant de commerce' entouré de nombreux industriels, ruine les efforts de tous ceux qui oeuvrent patiemment pour la défense des droits de l'Homme", a-t-elle ajouté.
Elle s'est demandé quel "sera l'avenir des démocrates chinois si les pressions contre le gouvernement chinois disparaissent. Souvenons-nous de la répression de la place Tiananmen".
Hedy d'Ancona, leader de la délégation socialiste néerlandaise a affirmé que le gouvernement des Pays-Bas, avait "clairement" fait état de ses préoccupations à l'égard des atteintes aux droits de l'Homme en Chine.
"Il a mis ses intérêts nationaux et commerciaux de côté. Je regrette vivement que le gouvernement de l'un des Etats les plus importants de l'UE ait délibérément choisi une autre approche à l'heure où l'Europe devrait s'exprimer d'une seule voix".
Source : AFP 14 mai 97
N 970516
- M. Scorcese : "génocide au Tibet"
Martin Scorsese, qui vient d'achever "Kundun", sur l'occupation du Tibet par la Chine, s'en est violemment pris à la censure exercée par les autorités chinoises sur les cinéastes, lors du festival de Cannes. Il a dénoncé le "scandale" des pressions exercées sur Zhang Yimou et Zhang Yuan, privés de festival. Scorcese a lui-même fait l'objet de pressions de la part de Pékin : "Ils peuvent faire ce qu'ils veulent économiquement mais le film est là et il sera distribué internationalement". Et Scorsese d'enfoncer le clou : "D'après moi, il y a un génocide au Tibet". Source : AFP, 14 mai 97
N 970514
- Lettre de "Reporters Sans Frontières" pour J. Chirac
"Reporters Sans Frontières" a transmis une lettre au Pdt de la République pour lui demander "d'user de toute son influence" pour obtenir des autorités de Pékin la libération de 12 journalistes chinois lors de sa visite en Chine du 15 au 18 mai.
"Dans les geôles chinoises, 12 hommes et femmes croupissent, privés de leur liberté pour avoir simplement fait leur métier. Ils sont détenus dans des conditions le plus souvent désastreuses, au mépris du respect de la dignité humaine".
RSF donne la liste des 12 détenus qui ont pour la plupart été condamnés à de lourdes peines de prison pour leur activité journalistique. Parmi eux, Gao Yu, 52 ans, emprisonnée depuis octobre 1993, pour "révélation de secrets d'Etat", frappée de 6 ans de prison. L'UNESCO lui a décerné au début de mai son Prix de la Liberté de la presse. Wu Shishen, journaliste de l'agence officielle Xinhua, a été arrêté avec sa femme en 1992 pour avoir "divulgué des secrets d'Etat". Initialement condamné à 10 ans, il a vu sa peine commuée en appel en emprisonnement à vie, peine assortie de la déchéance de ses droits civiques. Son épouse, Ma Tao, a été condamnée à six ans de détention. Source : AFP 13 mai 97
N 970513
- Censure en hausse en Chine
Le cinéaste chinois Zhang Yimou a dénoncé le renforcement de la censure dans son pays, en particulier à l'encontre des films, dans un entretien au magazine Die Zeit du 7 mai. "En réalité, la censure est de plus en plus dure", a déclaré le cinéaste, auquel Pékin a interdit, le 1er mai, de présenter au festival de Cannes, son dernier film "C'est mieux d'en parler", alors qu'il avait pourtant franchi le barrage de la censure en Chine.
"On sent actuellement, en Chine, une atmosphère de glaciation", ajoute M. Zhang qui pense que ses films précédents, comme "La lanterne rouge" ou "Ju Dou", "ne passeraient en aucun cas la censure aujourd'hui".
"L'ouverture de la Chine n'a lieu que dans le domaine économique et pour la consommation. Mais idéologiquement et spirituellement, les gens sentent aujourd'hui un contrôle massif, et il est particulièrement sévère pour les films", ajoute-t-il. "Pour la musique, la peinture ou la littérature, la pression est beaucoup moins forte. Mais un film a cela de spécial qu'il atteint beaucoup de gens, c'est pourquoi les censeurs sont plus sévères".
Source : AFP 6 mai 97
N 970512
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