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Nouvelles du Tibet
Informations parues dans Tibet Info du 16 au 31 mai 1999
- Dalaï Lama en Italie
Le Dalaï Lama a pris un bain de foule le 15 mai sur la place Signoria en plein coeur de Florence (Toscane) où il participe depuis quelques jours à une méditation rassemblant chrétiens et boudhistes.
Le chef spirituel du Tibet et prix Nobel de la paix a été fait citoyen honoraire de Florence au Palazzo Vecchio, siège de la municipalité, et a profité de l'occasion pour saluer la foule.
Source : AFP 15 mai 99
N 990516
- Premier film tibétain à Cannes
Le Bouthan a réussi son entrée à Cannes avec un film inattendu sur des moines tibétains amateurs de football, "La Coupe" ("Phorpa"), réalisé par le lama Khyentse Norbu, et présenté dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs. Le film a été tourné au Bhoutan, faute de pouvoir être réalisé
au Tibet.
Inspiré de faits réels, le film raconte comment deux jeunes apprentis lamas,
fans de football, Orgyen (Jamyang Lodro) et Palden (Kunzang Nyima), vont
faire vivre un monastère tibétain en exil au rythme des dribbles de Ronaldo
et des passes de Zidane pendant le dernier Mondial. Un cocktail
d'humour zen, de ballon rond et de mystique tibétaine bricolé avec des
moyens d'une modestie qui en renforce la réussite.
Ce premier long métrage en langue tibétaine de l'histoire du cinéma a été
longuement applaudi lors de sa projection et ses principaux protagonistes,
en tenue, ont suscité un vif intérêt. Le courant de sympathie a été tel que
de nombreux professionnels voient en lui un très possible candidat à la
Caméra d'Or, qui récompense un premier film (toutes sélections confondues).
C'est grâce au réalisateur Bernardo Bertolucci que "La coupe" a pu en
partie se réaliser. Norbu, 37 ans, qui a grandi dans un monastère et n'a pas
suivi de formation de cinéma, a fait sa première expérience de la caméra en
regardant le tournage de "Little Buddha".
Lors d'une conférence de presse, il a déclaré que "ce type de film peut
être considéré comme inhabituel parce qu'il est assez peu commun de voir un film sortir du Tibet ou du Bouthan, encore plus lorsqu'il est signé par un lama".
"On attend sans doute de moi que je médite dans une cave ou que je sois juché sur un trône en train d'enseigner", a-t-il plaisanté.
L'histoire, a-t-il souligné, est en partie inspirée par des faits réels
survenus dans l'école religieuse qu'il dirige. "Il n'y a aucune intention
politique derrière mon film, mais si j'ai réussi à attirer l'attention des
gens sur la situation des Tibétains en exil, alors ce sera un cadeau
supplémentaire", a-t-il encore dit.
Pendant le tournage, l'équipe a scrupuleusement respecté les préceptes
religieux tibétains en consultant régulièrement devins, oracles et yogis selon un système ancestral de divination tibétaine (le Mo) pour le choix de la pellicule et de la
distribution. Un système qui a fait des émules : des professionnels
d'Hollywood ont manifesté le plus vif intérêt pour cette technique qui
servira peut-être un jour à doper le box-office.
Source : AFP 18 mai 99
N 990518
- Mort de Sonam Wangdu.
Sonam Wangdu est mort à Lhassa au mois de mai dernier, à l'âge de 44 ans.
Très populaire à Lhassa, où on le surnommait Shungli-La, il avait participé
dès 1987 aux différentes manifestations en faveur de l'indépendance du
Tibet. Recherché, puis arrêté à la frontière du Népal en 1988, il avait
littéralement été détruit par la torture.
Transporté à la prison de Gutsa, jugé sommairement, condamné à la prison à
vie, peine réduite à 19 ans en 1991, soumis au travail forcé, quoique
pouvant difficilement se déplacer, son état atteint un tel niveau de gravité qu'il fut autorisé à recevoir des soins en 1992, et placé par la suite en liberté conditionnelle.
Il ne s'était jamais repenti, et gardait un moral fort, bien qu'à demi
paralysé.
Ne contrôlant plus ses fonctions naturelles et contraint de se déplacer sur
une chaise roulante, son nom figurera dans le martyrologue des Tibétains
morts pour la liberté de leur pays.
Source : Lettre du Tibet n. 50 et TCHRD (Tibetan Centre for Human Rights and
Democracy, Dharamsala)
N 990520
- Ngawang Samphel arrêté de nouveau
Ngawang Samphel, 33 ans, moine au monastère de Drépung, vient d'être de
nouveau arrêté pour "action politique". Il avait déjà été arrêté le 27 septembre 1988, alors
qu'il manifestait sur le Barkhor, à Lhassa, en compagnie de cinq autres moines.
Plusieurs moines avaient alors été terriblement torturés; l'un d'entre eux,
Ngawang Zegen était décédé, en 1989, des suites de ses tortures.
Ngawang Samphel avait, lui, eu la chance de ne passer que neuf mois en
prison. Toutefois il figurait parmi les personnes surveillées par la police.
Source : TCHRD, mai 1999
N 990524
- Banque Mondiale : action urgente
Alertées par diverses ONG et par le Bureau du Tibet à Paris, des associations de soutien au Tibet recommandent à leurs adhérents d'écrire au président de la Banque Mondiale, James Wolfensohn, pour lui demander de mettre immédiatement un terme au projet d'installation de 37 000 familles chinoises au coeur de la préfecture tibéto-mongole de Tulan, en Amdo. Il est inconcevable en effet qu'à l'heure où les forces de l'OTAN se battent contre la purification ethnique au Kosovo, la Banque Mondiale contribue à préparer de futurs conflits en encourageant des transferts de population totalement irresponsables.
Devant le nombre de protestations parvenues à la Banque Mondiale, la réunion chargée de statuer sur le projet a été reportée au 24 juin. Il est donc encore temps d'intervenir !
N'hésitez pas à adresser, et à faire adresser par vos élus, des lettres identiques à la Banque Mondiale, et en particulier à M. Jean-Claude Milleron, qui représente la France :
(Tél. 001 202 623 65 05, Télécopie : 001 202 623 49 51).
Vous trouverez ci-après un modèle de lettre pour exemple, celle-ci ayant été envoyée par le Comité de Soutien au Peuple Tibétain.
- Banque mondiale : exemple de lettre
Monsieur James Wolfensohn
Président de la Banque Mondiale
World Bank
1818 H. Street, N.Y. USA
Fax 001 202 522 03 55
Monsieur le Président,
Nous protestons avec la plus extrême fermeté contre le fait que la Banque Mondiale finance le projet dénommé "Western Poverty Reduction Project" que la Chine prévoie de réaliser sur le plateau tibétain de la Préfecture Autonome tibéto-mongole, à Dulan (en Tibétain : Tulan) dans la province de Tsonub (en chinois Haixi).
Il est choquant que la Banque Mondiale s'engage dans ce projet qui va permettre à 61 775 non-Tibétains environ de s'installer dans cette région. En s'impliquant dans ce projet, qui viole les "directives opérationnelles" numéro OD4-01-OP-04-OP4.12 et OD4.20 qu'elle a elle-même élaborées, la Banque Mondiale que vous présidez est non seulement en contradiction flagrante avec sa politique sociale et de défense de l'environnement, mais elle se fait, en
outre, l'exécutant complice de la République Populaire de Chine, qui tente
ainsi de submerger la population tibétaine par une marée de Chinois. C'est
la "solution finale" qu'a trouvée la Chine à son problème du Tibet.
Bref, ce projet constitue une aide au programme caché de la Chine qui
consiste à assimiler les nationalités minoritaires à l'état-nation mono-ethnique chinois au moyen du
transfert de colons chinois à l'intérieur de régions tibétaines, ce qui a pour effet également
de réduire d'autant l'autonomie de la minorité nationale. Cela permet, par ailleurs, aux Chinois
de pénétrer dans des régions du Tibet à fortes ressources en vue d'exploiter ces dernières à leur
profit. L'objectif dans ce projet, est de fournir une légitimité à la
politique chinoise de transferts de population en faisant des Tibétains des
marginaux dans leur propre pays et surtout en procédant à une dilution et à
une assimilation de leur identité nationale et culturelle spécifique.
Ce projet comporte, de plus, de sérieuses implications écologiques sous la
forme de dégradation du sol, de désertification, et de disparition de la
bio-diversité.
Les Tibétains habitant la région concernée ont été empêchés de participer à
l'élaboration du projet, comme le plan le prévoyait, et les Chinois font
d'eux de simples exécutants. Il est par conséquent de notre devoir, en tant
que Tibétains vivant dans des pays de liberté, et en tant qu'amis du Tibet,
de vous exprimer notre vive inquiétude.
Vous êtes conscient sans doute que la décision que vous prendrez en juin et
par la suite, aura des conséquences socio-économiques et écologiques d'une
portée considérable pour les Tibétains et pour leurs descendants. Ne pas
prendre la juste décision aujourd'hui, c'est remettre en question dans cette
région, la survie du peuple tibétain en tant qu'identité culturelle et
ethnique spécifique.
C'est pourquoi nous lançons un appel à la communauté internationale, et
plus particulièrement à la Banque Mondiale, en réclamant avec force l'arrêt
immédiat de ce projet.
Recevez, Monsieur le Président, l'assurance de nos sentiments distingués.
D 990527
- 4 juin : Tibet sous surveillance
Selon Sonam Topgyal, responsable du gouvernement tibétain en exil, la Chine
a déployé de nouvelles troupes au Tibet afin d'y renforcer les contrôles
avant le 10ème anniversaire de la fin du Printemps de Pékin, le 4 juin prochain.
Les Chinois sont "préoccupés de la situation au Tibet et, depuis mars, ils
ont renforcé les restrictions", a déclaré M. Topgyal, interrogé à Tokyo par la presse
étrangère sur la possibilité de mouvements anti-chinois à l'occasion de
l'anniversaire des massacres de Tiananmen.
Les Chinois ont "également envoyé au Tibet des soldats de l'Armée Populaire
de Libération" car "la situation au Tibet les inquiète, ce qui est plutôt
normal lorsque vous n'avez pas la conscience tranquille", a ajouté le
responsable politique.
Par ailleurs, M. Topgyal n'a pas été en mesure de donner des informations
sur le sort de Gendun Choekyi Nyima, maintenant âgé de 10 ans, et reconnu comme le successeur du
Xème Panchen Lama par le chef spirituel des Tibétains. Sa famille ne sait pas où il se trouve,
même s'il est sans doute gardé dans la région de Pékin. L'enfant avait été
enlevé il y a 4 ans par les autorités chinoises aussitôt après avoir été
reconnu par le Dalai Lama.
M. Topgyal a enfin accusé les Chinois de continuer à détruire la culture
tibétaine : "Ils ont publié un décret en février, affirmant que la religion
provoquait la désunion et encourageait les séparatistes, et qu'elle devait
donc être détruite", a-t-il expliqué. "Mais cette religion, le Bouddhisme
tibétain, n'est pas seulement notre religion, c'est aussi notre culture,
notre héritage", a-t-il ajouté.
Source : AFP 28 mai 99
N 990531
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