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Nouvelles du Tibet
Informations parues dans Tibet Info du 16 au 28 février 1999
- Action choc et pressions chinoises
Après une longue marche réussie de Clermont-Ferrand à Paris par un jeune Clermontois, Christophe Bondaty, sa manifestation devant l'ambassade de Chine tourne court suite aux pressions de l'ambassade de Chine sur le gouvernement français. Interrogé par téléphone le 16 février, Christophe Bondaty exprime ici les motivations et les objectifs de son action et les conséquences qu'il en tire. Pendant 15 jours, pour soutenir la cause du Tibet, Christophe Bondaty a traversé la France de Clermont-Ferrand à Paris où il fut accueilli par une association lors d'une exposition à Torcy le 14 février.
Le 15 février, il se rendait devant l'ambassade de Chine, arborant un drapeau tibétain, une banderole et des tracts dénonçant la situation au Tibet. Arrivé à 13h devant l'ambassade, celle-ci a immédiatement demandé le retrait du drapeau tibétain.
10 mn plus tard, la police intervenait pour un contrôle d'identité, et après 3/4 h, l'emmenait au commissariat du 8ème arrondissement où il fut gardé 2 heures sur ordre, semble-t-il, du procureur.
Le commissariat était alors en pleine effervescence, ne parlant que de cette présence. C. Bondaty fut ensuite transféré au bureau de la Police Judiciaire où son drapeau et sa banderole furent confisqués, puis il fut relâché. Aussitôt retourné sur les lieux, il ne put y rester qu'une 1/2 heure avec ce qui lui restait de matériel : un panneau indiquant les faits suivants :
"Génocide : 1 million de morts, Colonisation massive 7,5 millions de chinois pour 5,8 millions de Tibétains. Emprisonnement politique : 1 216 dont 295 femmes. Tortures, exécutions : 329 000 Tibétains. Destruction culturelle, rééducation politique, avortements et stérilisations forcés, discrimination à l'emploi et à l'éducation, environnement dévasté, stockage de déchets et armes nucléaires, déforestation...
Voici le Tibet.
Maintenant nous savons.
Ne soyons plus complices, agissons !
Le gouvernement tibétain en exil est très clair : de vraies négociations pour une réelle autonomie."
Il a de nouveau été arrêté vers 17h pour être relâché vers 20h. Au commissariat, la pression s'intensifiait nettement.
C. Bondaty a alors accepté de ne pas retourner devant l'ambassade, signant aux policiers une promesse, non pour céder aux pressions, mais parce qu'il a été frappé par le très grand décalage entre l'attitude respectueuse des policiers accomplissant les ordres qui leur étaient donnés d'une part, et les instances supérieures gouvernementales ou judiciaires apparemment aux ordres de l'ambassade de Chine d'autre part.
Pour la suite, C. Bondaty va maintenant écrire au Premier Ministre pour protester et exprimer son indignation face à l'attitude des autorités françaises devant les pressions de l'ambassade de Chine.
Il est rentré à Clermont-Ferrand dans la nuit et va désormais continuer son action d'une façon plus "administrative" en incitant les mairies à hisser le drapeau tibétain le 10 mars prochain et en organisant des expositions. Un compte rendu de cette marche sera réalisé prochainement. Si vous souhaitez contacter Christophe, vous pouvez le joindre par téléphone au 06 10 83 81 44 Christophe Bondaty a clairement exprimé que par cette action, il entendait défendre les objectifs du peuple tibétain tels qu'ils sont définis par le gouvernement tibétain en exil et ses représentants, et précise qu'il n'appartient à aucune association.
Source : interview de C. Bondaty par Tibet Info le 16 fév. 99 N 990216
- Nouvel an chinois : manifestation
A l'occasion des festivités marquant le Nouvel An chinois, des manifestants pro-tibétains ont interpellé l'ambassadeur de Chine.
Dans un communiqué, les manifestants ont notamment déclaré : "Le nouvel ambassadeur de Chine pris à partie par des manifestants de la cause tibétaine !
Samedi 20 février 99, 12H20 : Wu Jianmin, nouvel ambassadeur de la République Populaire de Chine à Paris, invité par la ville, a dû subir des festivités du Nouvel An Chinois... un peu particulières.
Sur la scène, l'ambassadeur accompagné du maire du 3ème arrondissement, venait de donner le signal du départ des "danses du Tigre et du Dragon". C'est à ce moment précis que les trois manifestants sont intervenus : brandissant des drapeaux tibétains, ils ont copieusement arrosé de tracts l'ambassadeur ébahi.
Sous la pluie de tracts lancés avec précision, le représentant en France de la plus grande dictature du monde a esquissé un mouvement de recul, avant d'être mis "à l'abri" par le maire.
Les manifestants scandaient "LIBERTE POUR LE TIBET, DEMOCRATIE EN CHINE !", slogan que l'ambassadeur a eu tout le loisir de découvrir sur les tracts, rédigés en français, en tibétain et en chinois. Les manifestants ont rapidement été interpellés par des policiers en civil... Mais l'ambassadeur n'était pas encore au bout de ses peines. Peu après, à l'issue de son discours donné à la mairie, c'est un autre partisan de la cause du Tibet qui l'a interpellé, lui demandant quand la Chine compterait enfin engager des négociations avec le Dalaï Lama. [...]
Suivant le double langage officiel, l'ambassadeur s'est déclaré "ouvert". [...] C'est finalement l'adjoint au maire qui s'est engagé à solliciter une rencontre entre les représentants du gouvernement tibétain en exil, les associations, et l'ambassadeur de Chine.
Malgré les pressions exercées par l'ambassade, les trois manifestants, quant à eux, ont été relâchés, après deux heures passées au poste, et confiscation des drapeaux tibétains "pièces à conviction". [...]
Cette année, il y aura exactement quarante ans que le peuple tibétain se soulevait, à Lhassa, le 10 mars 1959, et que le Dalaï Lama partait pour l'exil. Pour la 4ème année consécutive, les citoyens européens marqueront leur volonté du respect des libertés au Tibet, en manifestant à Londres le 13 mars 1999. [...]
Au Tibet, la situation ne fait qu'empirer. A l'occasion du cinquantenaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, en France, le Dalaï Lama avait déclaré : "Il semble qu'une nouvelle 'révolution culturelle' se produise actuellement au Tibet."
Source : Communiqué de France-Tibet et du CSPT, 20 fév. 99. N 990220
- Lhassa, ville chinoise...
La population de Lhassa, la capitale du Tibet, a été multipliée par sept depuis 1959, année de la fuite en Inde du Dalai Lama, pour atteindre 200 000 personnes actuellement, selon l'agence Chine nouvelle (Xinhua).
Alors que Lhassa n'était qu'une petite bourgade de 20 000 à 30 000 personnes, en grande majorité tibétaines, dans les années 1950, la population de la capitale du Tibet a connu un développement spectaculaire au cours des 20 dernières années, parallèlement à la politique de réformes mise en place par les autorités chinoises.
"Le district urbain est passé de trois kilomètres carrés à 51 tandis que la population atteint 200 000 habitants, soit environ sept fois le chiffre de 1959", précise le maire de Lhassa, Qingbao Punco (NdR orthographe chinoise - en tibétain : Phuntsok), cité par Chine Nouvelle.
Aucune information n'a toutefois pu être immédiatement obtenue sur le pourcentage de la population tibétaine, qui passe pour être devenue minoritaire à Lhassa où des dizaines de milliers de Hans (chinois de souche) sont arrivés au cours des 20 dernières années.
Les chiffres officiels fournis par le maire ne tiennent pas compte des militaires, ni des migrants chinois, comme c'est le cas pour toutes les statistiques obtenues sur le Tibet.
Selon certaines estimations, Lhassa compterait ainsi bon an mal an quelque 200 000 migrants, provenant pour l'essentiel de la province voisine du Sichuan.
De la petite bourgade nichée au pied du Potala, Lhassa s'est rapidement transformée en ville moderne au cours des dernières années, avec des tours, des usines, des salons de massage et même des casinos.
Selon Qingbao Punco, les habitants de Lhassa disposent désormais d'une surface habitable moyenne de 9 mètres carrés, d'un téléphone pour quatre habitants et peuvent capter jusqu'à 35 chaînes de télévision.
Source : AFP 23 fév. 99
NdR La ville s'est hélas dotée également d'un nombre impressionnant de bars à karaokés et de maisons de passe. Selon plusieurs sources d'information, on dénombre ainsi actuellement environ 4 000 prostituées à Lhassa...
N 990223
- USA : Résolution contre la Chine
Le Sénat américain a adopté le 25 fév. par 99 voix sur 100 (+ une abstention) une résolution condamnant l'état des droits de l'Homme en Chine et demandant à la délégation américaine à l'ONU d'en saisir la Commission des droits de l'Homme des Nations Unies. L'an dernier le Sénat avait voté une résolution similaire par 95 voix contre 5.
"Les Etats-Unis devraient introduire et faire tous les efforts nécessaires pour l'adoption (à la Commission des droits de l'Homme) d'une résolution critiquant la République populaire de Chine pour ses abus des droits de l'Homme en Chine et au Tibet", affirme le texte de cette résolution en notant que les deux rencontres récentes entre le président Bill Clinton et son homologue chinois Jiang Zemin n'avaient pas répondu aux attentes des Etats-Unis dans ce domaine.
La prochaine session de la Commission des droits de l'Homme de l'ONU aura lieu à Genève, du 22 mars au 30 avril.
La Chine a toujours réussi depuis des années à échapper à une condamnation de la Commission, en obtenant à chaque session le rejet d'un projet de résolution grâce à des arguments de procédure et à son influence en coulisses.
Les Européens, qui naguère parrainaient ces projets de résolution, ont renoncé pour la plupart à cette forme d'action contre la Chine, préférant la voie du dialogue pour obtenir des progrès sur les droits de l'Homme.
Le département d'Etat doit également publier le 26 fév. son rapport annuel sur les droits de l'Homme dans le monde et Bill Clinton, en déplacement dans l'ouest des Etats-Unis, fera le même jour à San Francisco une déclaration de politique étrangère.
Source : AFP 25 fév 99
N 990225
- Angoulême : nouveau parrainage
Dans sa délibération du 10 déc enregistrée en préfecture le 29 déc. 1998, qui nous est parvenue ce jour, la ville d'Angoulême, dont le maire est M. Philippe Mottet, a décidé, sur proposition du Comité de Soutien au Peuple Tibétain, de parrainer un prisonnier d'opinion tibétain et de demander sa libération aux autorités chinoises.
Il s'agit de la jeune religieuse Phuntsok Nyidron, arrêtée pour avoir manifesté en 1989 et condamnée à 9 ans. Sa peine avait été prolongée de 8 ans en octobre 1993 car elle avait enregistré en prison des chants en faveur de la liberté et de l'indépendance de son pays. Dans sa délibération, le conseil municipal, estimant que l'annexion du Tibet "s'est faite en complète violation du droit international" et "qu'un véritable génocide est en cours au Tibet" estime qu'un tel engagement de la part de la municipalité "lui semble essentiel".
"Il s'agit pour nous", ajoutent les élus, "de dire notre attachement à un principe exprimé dans le préambule de notre constitution, le respect des droits de l'homme".
Le nombre des mairies qui, en France, participent à cette opération de parrainages, s'élève aujourd'hui à plus de 140.
N 990226
- Voyage dans un Tibet interdit
"A la veille de la visite en Chine de Madeleine Albright, les Etats-Unis durcissent le ton sur les droits de l'homme. La situation du Tibet, colonisé par Pékin, en offre une cruelle illustration". C'est ainsi que le journal "Le Monde" débute une série de quatre articles écrits par le journaliste Bruno Philip sous le titre "Voyage dans un Tibet interdit".
Au prochain épisode : "Haro sur les monastères", à paraître lundi 1er mars (daté du 2 mars), puis deux autres les 2 et 3 mars.
Après Philippe Broussard, auteur du livre "Les rebelles de l'Himalaya", le Monde reprend ici une nouvelle série d'articles permettant d'appréhender la réalité du Tibet d'aujourd'hui, loin des discours de Pékin prônant "l'exception culturelle" permettant aux dirigeants chinois d'avoir une vision des droits de l'homme qui puisse être différente de celle de l'occident. En page suivante, l'éditorial rappelle la "réticence marquée des dirigeants chinois à rendre impossibles des méthodes honteuses que, dans leur discours officiel, ils affirment réprouver eux-mêmes : violations de la dignité humaine et tortures à l'encontre de prisonniers, attaques répétées contre les pratiques religieuses échappant au contrôle de l'autorité, avortements forcés, trafic d'organes humains...
Ce sont ces faits que les dissidents et démocrates chinois tentent de faire abolir en encourant de lourdes peines de prison pour faire admettre l'existence d'un parti d'opposition constructive. Et ce sont ces dissidents que les occidentaux devraient encourager, au lieu, comme ils l'ont fait ces derniers temps, de laisser Pékin les brimer en se montrant 'compréhensifs' envers les arguties culturalistes. [...]"
Source : Le Monde, 28fév.-1er mars
N 990227
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