Nouvelles du Tibet

Informations parues dans Tibet Info du 16 au 31 mars 1999

• Enchaînés en Suisse
  Des manifestants se sont enchaînés le 18 mars aux grilles de la mission de Chine auprès de l'ONU à Genève pour protester contre la politique de Pékin au Tibet et dénoncer la venue la semaine prochaine en Suisse du président chinois Jiang Zemin, a indiqué la police.
  Quatre personnes ont pénétré par surprise à l'intérieur du parc qui entoure la mission après avoir escaladé la grille d'entrée avec des échelles. Elles se sont ensuite enchaînées à la grille d'enceinte.
  La police est intervenue à la demande de la mission chinoise. Des policiers ont coupé les chaînes et interpellé les manifestants qui ont été emmenés pour un contrôle d'identité. L'action de protestation a duré environ vingt minutes et il n'y a pas eu de violences.
  Les manifestants étaient des députés de gauche du parlement de Genève et des membres du Comité de soutien au peuple tibétain. Ils ont transmis à un diplomate une requête demandant "l'ouverture d'un authentique dialogue sur la question tibétaine", selon des journalistes sur place.
  Le président chinois Jiang Zemin sera du 25 au 27 mars en Suisse dans le cadre d'une tournée en Europe.
  Il doit notamment se rendre à Genève pour intervenir devant la Conférence du désarmement, mais il n'est pas prévu qu'il s'adresse à la Commission des droits de l'homme qui commence à Genève le 22 mars sa session annuelle de six semaines où les violations des droits de l'homme en Chine devraient être évoquées.
  Source : AFP 18 mars 99
  N 990318

• Jack Lang, UE - droits de l'homme
  Jack Lang, président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, a adressé une lettre aux chefs de la diplomatie des Quinze pour attirer leur attention sur "la grave dégradation" de la situation des droits de l'homme en Chine.
  "Depuis le second semestre 1998, les autorités chinoises ont multiplié les atteintes aux droits de l'homme (...) Il est à craindre que ce durcissement s'accentuera durant les prochaines semaines, à l'approche du 10ème anniversaire du massacre de la place Tiananmen, en juin prochain", souligne M. Lang dans un communiqué publié le 18 mars. L'ancien ministre de la Culture "déplore l'absence de résultats concrets de la politique de dialogue engagée avec la Chine depuis 18 mois par l'Union euopéenne" et "s'interroge sur la meilleure attitude à adopter face à l'entêtement dont fait preuve le pouvoir en place à Pékin".
  M. Lang "invite les Quinze à envisager sérieusement, lors du conseil des ministres des Affaires étrangères du 22 mars, jour du début de la session de la commission de l'ONU à Genève, de parrainer le dépôt d'une résolution condamnant la Chine pour ses violations des droits de l'homme", précise le communiqué.
  Source : AFP 18 mars 99
  N 990319

• Autonomie contre loyauté
  Le Dalaï Lama, chef spirituel du Tibet, a invité la Chine a conférer au Tibet "une autonomie significative" en échange d'une loyauté absolue à l'égard de Pékin.
  Dans un entretien accordé le 19 mars à la BBC, le leader religieux a exclu l'éventualité de rentrer dans son pays "aussi longtemps que les droits fondamentaux de (ses) six millions de citoyens ne seront pas reconnus".
  S'il devait un jour regagner le Tibet, il instaurerait un système de gouvernement fondé sur le multipartisme, a-t-il dit dans cette interview diffusée le 20 mars.
  Le Dalaï Lama a constamment réclamé un dialogue avec la Chine et un processus non-violent conduisant à l'autonomie. Il a rappelé que l'accord imposé par les autorités chinoises en 1951 [NdR jamais vraiment mis en application] prenait en compte le principe "d'un pays, deux systèmes" mais que la position chinoise s'était durcie par la suite.
  La politique tibétaine depuis lors a été axée sur la "survie de la nation", mais elle évoluerait vers la démocratie interne avec son retour.
  Le Dalaï Lama a également exprimé la conviction que "les pouvoirs religieux et temporels devaient être séparés".
  "Les gouvernants ont quelquefois à prendre des décisions impopulaires qui pourraient nuire à l'univers spirituel ou créer des dissensions au sein de la population", a-t-il expliqué.
  Il estime que l'attitude de la Chine changeait "mois après mois... montrant des signes d'espoir", même si, au Tibet on ressentait un mécontentement légitime pour le manque apparent d'évolution, en particulier lorsque Pékin réprime durement la moindre manifestation d'opposition. Au cas ou Pékin accepterait l'autonomie tout en s'opposant à son retour, le chef spirituel a dit "pas de problème... je resterai volontiers à l'écart".
  Source : AFP 20 mars 99
  N 990321

• 32 morts en prison depuis 1987
  Trente-deux prisonniers politiques tibétains sont morts depuis 1987 au cours de leur détention ou peu après leur libération des suites des tortures ou des mauvais traitements qui leur ont été infligés, selon le Tibet Information Network (TIN) à Londres.
  Ce bilan, publié le 19 mars, représente un taux de mortalité d'un détenu "politique" sur 33 au cours des douze dernières années. Il en ressort qu'à l'intérieur de la prison de Drapchi, un prisonnier de sexe masculin a une chance sur 40 de mourir en raison des mauvais traitements, alors que la proportion est de une sur 20 pour les femmes. Les gardiens de prison chinois se livrent régulièrement, en dépit des interdictions officielles, à de multiples exactions : torture, coups de poing et de pied, "chocs" électriques, privation de nourriture, voire d'eau, privation de sommeil et isolement prolongé. Certains prisonniers sont également astreints à des exercices physiques de type militaire répétés jusqu'à épuisement, accuse TIN.
  Selon l'organisation, les deux tiers des hommes envoyés derrière les barreaux pour leurs idées par les autorités chinoises sont des moines et 80% des femmes sont des religieuses. Elle relève aussi que la contestation contre la présence chinoise n'est plus cantonnée au chef-lieu Lhassa mais a gagné l'ensemble de la province.
  Au total, TIN a recensé quelque 550 prisonniers politiques au Tibet, dont 43% incarcérés sans réelle procédure judiciaire.
  Les peines infligées aux contestataires de l'emprise chinoise sur le "pays des neiges" sont en moyenne de 7,8 années d'emprisonnement, en augmentation par rapport à 1987 où la moyenne s'établissait à 5,8 années.
  "Pour les Tibétains qui protestent aujourd'hui au Tibet, les risques n'ont jamais été aussi importants" depuis la fin des années 1970, conclut le rapport de l'association, juste après le 40ème anniversaire du soulèvement du peuple tibétain.
  Source : AFP et T.I.N. 19 mars 99
  N 990322

• ONU : nouvelle reculade européenne
  Les Quinze ont décidé de ne pas présenter de texte condamnant Pékin pour sa politique en matière de droits de l'homme lors de la session annuelle de la Commission des droits de l'homme de l'ONU qui s'est ouverte le 22 mars à Genève. Réunis à Bruxelles, les ministres des Affaires Etrangères de l'Union européenne ont estimé que le dialogue entamé avec la Chine sur les droits de l'homme commençait à porter ses fruits.
  "Mais ce dialogue n'est pas une fin en soi. L'Union européenne espère des résultats concrets sur le terrain" avertit une déclaration adoptée par le Conseil des ministres qui réaffirme la préoccupation de l'Europe face à l'usage de la peine de mort en Chine, l'utilisation continue de la détention administrative, les restrictions à la liberté religieuse et l'absence de liberté de réunion, d'expression et d'association. L'Union européenne a appelé le gouvernement chinois à redresser ces insuffisances.
  Cette décision a provoqué une vive déception parmi les organisations des démocrates chinois.
  "Nous assistons actuellement en Chine à la répression la plus forte enregistrée depuis 1989" a notamment affirmé le représentant de "Human Rights in China".
  Reporters Sans Frontières a dénoncé l'aveuglement de l'Union européenne face à la Chine, tandis qu'Amnesty International demandait à la Suisse, qui doit accueillir M. Jiang Zemin en fin de semaine, d'adopter une "attitude ferme et courageuse".
  S'exprimant au nom des quinze pays de l'Union européenne devant la 55ème session de la Commission des droits de l'homme, le ministre allemand des Affaires Etrangères, M Joshka Fischer, a déclaré que l'Union européenne jugeait inacceptables les récentes condamnations de dissidents en Chine, et réclamait des progrès concrets vers le respect des droits de l'homme et de la démocratie en Chine. Il a précisé que les militants démocrates "ne faisaient qu'exercer les droits garantis par les conventions signées par la Chine l'an dernier".
  Il s'est également déclaré préoccupé par la situation des minorités, et particulièrement par la sitation au Tibet.
  Les Etats-Unis n'ont pas encore fixé leur position sur la présentation ou non d'un projet de résolution. Ils devraient prendre une décision très prochainement. Les autorités chinoises, de leur côté, ont exprimé leur soulagement. "Cette décision va permettre un renforcement du dialogue et de la coopération entre les deux parties dans le domaine des droits de l'homme et favoriser le développement des relations entre la Chine et l'UE" a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires Etrangères.
  Depuis plusieurs jours, la diplomatie chinoise avait entrepris un lobbying particulièrement intense. Plusieurs pays se sont associés à la déclaration présentée au nom de l'UE dont la Bulgarie, la République Tchèque, l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lithuanie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et Chypre.
  Source : AFP, divers
  N 990323

• Aide européenne au "Tibet"
  La Commission européenne a annoncé le 23 mars une série d'aides humanitaires dont un projet pour le Tibet de 1,5 million d'euros. L'aide au Tibet concerne les victimes des intempéries de la région ouest du Tibet, après l'hiver 1998/99 marqué par des températures historiquement basses (-40 degrés). Pendant 4 mois, la neige est tombée tous les jours, faisant perdre à 145 000 personnes, des bergers semi-nomades, la plus grande partie de leur bétail.
  Il n'est pas précisé si cette aide ira à l'Inde ou à la Chine, la région touchée s'étendant sur les deux pays.
  Source : AFP 23 mars 99
  N 990324

• Jiang Zemin à Berne : l'incident
  Des manifestants ont provoqué le 25 mars un incident diplomatique lors de l'arrivée de Jiang Zemin à Berne.
  Sur la place du Parlement, ce dernier a été accueilli par des drapeaux tibétains tout autour de la place et sur les toits voisins, et par des banderoles suspendues à des ballons indiquant "Tibet libre" et "Nous voulons le dialogue". Aux fenêtres du Parlement, plusieurs parlementaires arboraient le drapeau tibétain.
  Jiang Zemin, manifestement de mauvaise humeur, a alors immédiatement annulé la cérémonie d'accueil et a déclaré, furieux, à Mme Dreifuss, Présidente de la Confédération suisse : "Vous avez perdu un bon ami [...] N'avez-vous pas la capacité de gérer ce pays ?", lui rappelant qu'en 10 ans de voyages à l'étranger, il avait toujours reçu un accueil chaleureux. Puis à l'intérieur du bâtiment, alors qu'il recevait une boîte à musique de grand prix, il continuait en déclarant qu'elle "semblait mieux marcher que la sécurité du pays" ! L'entretien avec Mme Dreifuss pouvait alors commencer, alors même que celle-ci avait annoncé comme condition préalable de pouvoir aborder la question des droits de l'homme en Chine. Abordant la question du Kosovo, Mme Dreifuss a souligné que la Suisse ne participait pas aux frappes aériennes et "que les problèmems doivent être résolus par le dialogue, y compris le problème du Tibet".
  Alors que les autorités chinoises avaient demandé d'interdire toute manifestation à Berne, Mme Dreifuss a souligné quelle "assurerait à son invité la sécurité et la dignité durant sa visite, et qu'elle s'y tiendrait", mais que, suivant les lois suisses, "il existait également des lois protégeant la liberté d'opinion et d'expression, y compris celle des minorités, et qu'elle s'y tiendrait également". La veille, un millier de manifestants s'étaient rassemblés autour d'un drapeau tibétain de plus de 11 000 m2 à Berne.
  Source : AFP.
  N 990325

• Coup de force à Genève
  Quatre manifestants, trois Suisses et un Français, ont pénétré le 25 mars matin à la mission diplomatique de Chine à Genève et se sont enchaînés à un réverbère pour protester contre la présence chinoise au Tibet.
  Ils ont été délogés par la police, qui a contrôlé leur identité. En fin d'après-midi, les opposants ont été relaxés.
  La Chine a toutefois déposé plainte et c'est le ministère public de la Confédération qui suivra la procédure, a précisé la police genevoise. N 990326

• Nouveau festival de cinéma
  Un nouveau festival de cinéma va s'ajouter aux quelque 3 000 existant dans le monde : le Festival de Bénodet, en Bretagne, qui se déroulera du 16 au 20 juin. Le thème en sera "les chercheurs d'âme", c'est-à-dire l'idéalisme : les films qui y seront présentés privilégieront la générosité, la loyauté et le courage, selon les organisateurs.
  "Nous ne voulons pas des films ennuyeux ni prétentieux mais des films qui recherchent, comme solution, autre chose que la violence (...), qui révèlent, dans le fond de la condition humaine, quelque chose qui puisse devenir positif", a déclaré la semaine dernière lors d'une conférence de presse à Paris le président de ce premier festival, le réalisateur américain Irvin Kershner ("Les yeux de Laura Mars", "L'Empire contre-attaque", "Jamais plus jamais").
  La sélection de ce festival - dont un jury décernera plusieurs prix - n'est pas encore connue mais les organisateurs ont évoqué le premier film tourné clandestinement au Tibet. Le scénariste Jean-Claude Carrière et l'actrice italienne Ornella Muti sont les parrain et marraine de ce festival.
  Source : AP
  N 990329

• Dalaï Lama-Floride : record battu ?
  Pour le premier voyage du Dalaï Lama en Floride, en avril 99, l'Université Internationale de Floride a distribué 4 000 billets pour une conférence qui doit être donnée le 16 avril prochain.
  Se doutant du succès de cette conférence, les personnes qui souhaitaient y assister se sont pressées devant les lieux de distribution de billets très tôt le matin pour avoir une chance d'avoir une place.
  La totalité des 4 000 billets a été distribuée en ... 30 minutes !
  Source : AFP 29 mars 99
  N 990329

• 10ème anniversaire du Panchen Lama
  Depuis sa reconnaissance en 1995 par S.S. le Dalaï Lama, le jeune Panchen Lama, Gendun Choekyi Nyima, se trouve toujours détenu quelque part en Chine.
  Malgré les pressions internationales, le gouvernement chinois n'a révélé ni le lieu exact de sa détention, ni aucun détail sur son éducation.
  Le 25 avril prochain, Gendun Choekyi Nyima fêtera son 10ème anniversaire. De nombreuses associations de soutien au Tibet dans le monde entier lanceront des actions de sensibilisation pour que le plus jeune prisonnier politique du monde puisse enfin vivre librement. Participez !
  Source : Bureau du Tibet et divers
  N 990330

• "Voix de la Mémoire, du Tibet libre à l'exil" Ama Adhé, Editions Dangles, 125 Fr.
  Ama Adhé est née en 1932 dans le Tibet Oriental, le Kham. En 1958, elle est arrêtée par l'occupant chinois et restera incarcérée pendant 27 ans dans 6 différents camps de travaux forcés et de concentration.
  En 1987, elle quitte le Tibet pour le Népal, puis s'installe en Inde, à Dharamsala, où elle s'occupe toujours du Centre d'Accueil des Réfugiés tibétains nouvellement arrivés.
  Joy Blakesplee est une journaliste spécialisée dans la recherche historique et les droits de l'homme. Elle a consigné par écrit les propos recueillis de la bouche même d'Ama Adhé, et la traduction française vient de paraître aux editions Dangles. Pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire contemporaine et au drame de l'invasion chinoise du Tibet, le témoignage d'Ama Adhé constitue une lecture vivement recommandée. N 9903331

  
  

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