Une journée pour la langue maternelle tibétaine
lundi 11 mars 2013 par Rédaction , Monique Dorizon
Dans une tentative pour réaffirmer l’identité tibétaine, des Tibétains ont organisé une journée spéciale afin de promouvoir l’utilisation de la langue tibétaine traditionnelle, appelant à un retour à une langue parlée sans mélange de chinois.
Cette décision intervient dans un contexte de renouveau de la langue maternelle dans les régions tibétaines.
Des tracts affichés avant le 21 février, jour de la langue maternelle tibétaine dans la "Préfecture Autonome Tibétaine de Kanlho" [1], ont exhorté les lecteurs à "défendre leur langue maternelle et à renoncer pour toujours au langage mixte impur", a déclaré un habitant de la région à Radio Free Asia.
Ces dernières années, les droits linguistiques sont devenus un point important parmi les efforts tibétains pour réaffirmer l’identité nationale, les autorités chinoises fermant fréquemment des cours de langue dispensés en dehors du système d’éducation contrôlé par l’État et les étudiants tibétains protestant contre l’utilisation de manuels écrits en chinois [2].
Des affiches décrivant la langue tibétaine comme "la coupe d’or qui contient l’essence de la culture tibétaine" sont maintenant apparues dans les lieux publics des comtés de Luchu [3] et Machu [4] à Kanlho.
Pendant ce temps, dans le comté de Chigdril
[5], les organisateurs tibétains d’une "Association pour la protection de la langue maternelle" ont célébré le 21 février en faisant un portrait du Dalaï Lama.
"Plusieurs centaines de Tibétains se sont rassemblés devant le portrait, et quelques poèmes ont été lus à haute voix sur la nécessité de protéger notre langue", rapporte une source.
"Les autorités locales découragent les activités liées à la préservation et à la propagation de la langue tibétaine, et parfois elles expriment ouvertement leur mécontentement et essayent de mettre en place des restrictions. Mais les Tibétains étaient déterminés et ont avancé dans leur projet", a-t-elle ajouté.
La Chine a emprisonné des dizaines d’écrivains tibétains, des artistes, des chanteurs et des éducateurs afin d’affirmer son identité nationale et culturelle et les droits civils depuis que de nombreuses manifestations ont balayé le Tibet et les zones à population tibétaine de la Chine en 2008.
"La Chine a passé les six dernières décennies à tenter d’éradiquer la langue tibétaine en la décrivant comme une langue ancienne qui a survécu à son utilisation", déclare Tenzin Dorjee, directeur exécutif du programme Students for a free Tibet.
"En conséquence, l’acte même de parler tibétain est devenu une forme de résistance", a déclaré Tenzin Dorjee.
"Maintenant, nous assistons à une renaissance inattendue de la langue tibétaine alors que les Tibétains embrassent leur langue maternelle comme un marqueur de l’identité tibétaine dans un mouvement visant à surmonter l’impérialisme culturel de la Chine".
Source : Radio Free Asia, 25 février 2013.
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[1] Kanlho (Gannan ou 甘南藏族自治州 en chinois), dans l’ancienne région tibétaine de l’Amdo, est une "Préfecture Autonome Tibétaine" de l’actuelle province chinoise du Gansu. Localiser Kanlho (Gannan) sur cette carte.
[2] Voir les articles :
"Manifestation de 6 000 collégiens tibétains à Rebkong", du 20/10/2010 ;
"Poursuite des manifestations d’étudiants au Tibet.", du 25/10/2010 ;
"Répression sur des écoles tibétaines", du 26/11/2010 ;
"La langue tibétaine est en danger de disparition au Tibet", du 14/02/2011 ;
"Langue et culture tibétaines, une expression millénaire aujourd’hui menacée", du 01/05/2011 ;
"L’enseignement du chinois sera effectif pour les enfants ruraux de la "Région Autonome du Tibet" en niveau préscolaire", du 21/11/2011 ;
"Des élèves tibétains réagissent face à leurs nouveaux manuels rédigés en chinois", du 12/03/2012 ;
"En Amdo, un chef d’établissement renvoyé, des étudiants emprisonnés", du 04/04/2012 ;
"Les menaces pesant sur la langue tibétaine mènent à des troubles", du 12/05/2012 ;
"Fermeture d’écoles tibétaines par les autorités chinoises", du 26/05/2012 ;
"Renvoi d’enseignants tibétains et agitations dans le monde scolaire", du 10/06/2012 ;
"Manifestation d’étudiants à Tsolho les 26 et 28 novembre 2012", du 30/11/2012 ;
"Fermeture de classes de tibétain par les autorités du Sichuan", du 25/01/2013.
[3] Luchu (ཀླུ་ཆུ en tibétain, Luqu ou 碌曲县 en chinois) est un district administratif de l’Amdo tibétain, aujourd’hui dans la province chinoise du Gansu. Il dépend de la "Préfecture Autonome Tibétaine de Kanlho" (Kanlho est nommée Gannan, ou 甘南藏族自治州 en chinois).
Localiser Luchu (Luqu) sur cette carte.
[4] Machu (en chinois Maqu, 玛曲县) est un district administratif de la Préfecture de Kanlho (Gannan ou 甘南藏族自治州 en chinois), dans la région tibétaine de l’Amdo, actuellement province chinoise du Gansu, qui peut être localisé sur cette carte.
[5] Chigdril (གཅིག་སྒྲིལ་ en tibétain, Jigzhi ou 久治县 en chinois, est un Comté de la "Préfecture Autonome Tibétaine de Golog", dans l’actuelle province chinoise du Qinghai.
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