Davantage d’urbanisation et d’immigration dans la "Région Autonome du Tibet"
mercredi 8 avril 2015 par Monique Dorizon , Rédaction
Avec seulement 23,72%, le taux d’urbanisation de la "Région Autonome du Tibet" est demeuré en 2013 le plus lent de la République populaire de Chine dont le taux propre était de 53,73%. Mais avec un objectif de croissance du PIB de la région fixé à 12%, ce chiffre inférieur au reste de la Chine ne va pas le demeurer longtemps et le rythme de l’immigration chinoise est susceptible de s’accélérer.
L’urbanisation est directement liée à l’augmentation de la proportion des immigrants chinois dans la population de la région. Ceci est la plus forte des préoccupations pour la survie de l’identité ethnique et culturelle du plateau tibétain et de son fragile environnement [1].
En 2014, la Chine a attribué le statut de villes aux Préfectures de Chamdo [2] et Shigatsé [3] de la "Région Autonome du Tibet", les engageant vers une plus forte urbanisation et un développement rapide, entraînant davantage d’immigration chinoise.
Sonam Dorje, membre de la Conférence consultative politique du peuple chinois, qui conseille le Parlement de la Chine, et directeur de la Commission des Ressources économiques-démographiques et de l’Environnement de la "Région Autonome du Tibet", a déclaré que l’urbanisation était une étape essentielle de la modernisation du Tibet et de l’accès à une société à la prospérité modérée. Cela a été l’objectif principal de la série des cinq forums sur le développement du Tibet menés par les hauts dirigeants de la Chine depuis février 1980. [4]
Alors que la Chine elle-même a réduit sa prévision de croissance de son PIB à la "nouvelle normalité", en dessous d’une croissance à deux chiffres, à 7% pour cette année, la plupart de ses provinces lui emboîtant le pas, les prévisions de croissance pour la "Région Autonome du Tibet" ont été maintenues à 12%, comme pour les deux dernières décennies ou avant.
Justifiant la nécessité d’une semblable et même peut-être plus rapide urbanisation, Sonam Dorje a poursuivi : "En termes de densité urbaine, il existe plus de 200 villes et villages par km2 [5] dans la zone côtière (en Chine proprement dite), et plus de 20 en moyenne à l’échelle nationale. Mais il n’y a que deux villes et villages au Tibet, ce qui est assez disséminé". Il a appelé à davantage de routes, chemins de fer et compagnies aériennes pour l’urbanisation de la "Région Autonome du Tibet". Il a ajouté que l’un des critères pour l’urbanisation de la région est la construction de villes vivables composées d’habitants ayant des niveaux élevés d’éducation et de compétences professionnelles.
Sonam Dorje a suggéré, cependant, que le Gouvernement régional devait être pragmatique et ne pas viser trop haut dans sa vision de l’urbanisation, l’invitant à apprendre des expériences passées et du processus d’urbanisation d’autres villes en Chine.
Source : Tibetan Review, 17 mars 2015.
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[1] Voir les articles sur la langue tibétaine menacée :
"La langue tibétaine est en danger de disparition au Tibet", du 14/02/2011 ;
"Langue et culture tibétaines, une expression millénaire aujourd’hui menacée", du 01/05/2011 ;
"L’enseignement du chinois sera effectif pour les enfants ruraux de la "Région Autonome du Tibet" en niveau préscolaire", du 21/11/2011 ;
"Des élèves tibétains réagissent face à leurs nouveaux manuels rédigés en chinois", du 12/03/2012 ;
"Les menaces pesant sur la langue tibétaine mènent à des troubles", du 12/05/2012 ;
"Fermeture d’écoles tibétaines par les autorités chinoises", du 26/05/2012 ;
"Renvoi d’enseignants tibétains et agitations dans le monde scolaire", du 10/06/2012 ;
"Fermeture de classes de tibétain par les autorités du Sichuan", du 25/01/2013 ;
"Fermeture d’un atelier scolaire tibétain à Kyegudo", du 28/01/2015.
Et les articles suivants traitant des menaces sur l’environnement au Tibet :
"Gigantesques ressources minérales au Tibet", du 13/02/2007 ;
"Fort développement de l’exploitation minière au Tibet", du 15/02/2011 ;
"Manifestations et arrestations autour de l’exploitation minière à Shigatsé", du 15/02/2011 ;
"Dénonciations de la pollution minière au Tibet", du 10/08/2011 ;
"La Chine va intensifier ses efforts miniers sur le plateau tibétain dans les prochaines années", du 21/08/2011 ;
"L’extraction minière pollue les rivières et fait disparaître des fermes", du 21/01/2013 ;
"Les Tibétains tenus à l’écart des revenus de leur sous-sol", du 08/04/2013 ;
"La catastrophe minière de Lhassa (29 mars 2013) a-t-elle été causée par une "catastrophe naturelle" ?", du 10/08/2013 ;
"La Chine répond aux manifestations des mineurs du Qinghai par de l’éducation politique", du 09/09/2013 ;
"Manifestation de villageois contre la pollution minière dans le Comté de Medro Gongkar", du 14/10/2014 ;
"Des Tibétains dénoncent la pollution et les dommages environnementaux liés à l’exploitation minière chinoise->2047", du 27/01/2015
[2] Chamdo (|ཆབ་མདོ་ en tibétain, Qamdo ou 昌都 en chinois) peut être localisé sur cette carte.
[3] Shigatsé (གཞིས་ཀ་རྩེ་ en tibétain, Xigazè ou 日喀则 en chinois) est la 2ème ville de la "Région Autonome du Tibet" et le siège du Tashilumpo, monastère du Panchen Lama.
Localiser Shigatsé (Xigazè) sur cette carte.
[4] Le Premier Forum de travail sur le Tibet s’est tenu à partir du 7 avril 1980 dans une atmosphère de crise où les délégués ont été prévenus que "s’ils ne saisissaient pas ce moment pour améliorer immédiatement les relations entre les minorités (Chinois/Tibétains), il feraient une grave erreur".
Le 2ème Forum de travail sur le Tibet s’est tenu du 27 février au 6 mars 1984, le 3ème du 20 au 23 juillet 1994, le 4ème du 25 au 27 juin 2001, et le 5ème du 18 au 20 janvier 2010, juste avant l’arrivée des envoyés spéciaux du Dalaï Lama en Chine. Plus de 300 représentants de haut niveau du Parti communiste, du gouvernement et des militaires y ont participé.
Ce Forum n’a été annoncé officiellement dans les médias chinois que deux jours après qu’il ne se soit terminé. Une analyse de ce Forum, basé sur les quelques annonces faites dans la presse officielle chinoise, a été réalisé par International Campaign for Tibet dans cet article.
[5] Le texte original indique "par km²", mais il est impossible d’avoir 200 villes dans un seul km². S’agit-il de centaines ou de milliers de km² ?
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