Cas n° 20 - Hu Jia et Zeng Jinyan (21 mars ’08)

Hu Jia, 33 ans, activiste politique et militant des Droits de l’Homme, s’est engagé dès le début des années 1990. Zeng Jinyan, son épouse, elle aussi militante, figure sur la liste des 100 personnes les plus influentes établie en 2005 par le Times Magazine .

Hu Jia s’est impliqué dans la prévention du SIDA, notamment en informant l’opinion publique et en aidant les malades. Il a rapidement élargi son activisme. Il a été arbitrairement détenu pour ses appels à une enquête sur la répression des manifestations étudiantes de Tiananmen en 1989, ainsi qu’à des réparations pour les victimes et leur famille. Il a également formé un réseau de soutien aux avocats militants des Droits de l’Homme. Zeng Jinyan s’est aussi grandement investie dans la cause des avocats et des malades du SIDA. Elle a fondé sa propre organisation, Aiyuan, qui crée un pont entre les étudiants d’universités et les orphelins du SIDA dans les zones rurales. Ses méthodes créatives de campagnes et d’action ont eu un impact considérable sur la société civile en mutation.

En mars 2006, encagoulé et frappé, Hu Jia a été kidnappé pendant 41 jours par la police chinoise. Il a été mis au secret dans une chambre d’hôtel et maintenu en résidence surveillée pendant 214 jours en 2006 et pendant la majeure partie de l’année 2007. À travers son activisme pour obtenir la "libération" de son mari, Zeng Jinyan a rejoint un groupe de femmes dont les époux ou proches ont été emprisonnés en raison de leur engagement pour les Droits de l’Homme.

Lorsque son mari était en résidence surveillée, Zeng Jinyan a été constamment suivie et entravée dans sa liberté de circulation. En dépit de ces multiples harcèlements, le couple reste actif, faisant passer ses idées de chez eux, avec l’aide d’Internet.

Le 27 décembre 2007, Hu Jia a été arrêté à son domicile pour "incitation à la subversion du pouvoir de l’état". Il est détenu à la prison municipale de Chaoyang, à Pékin. Son épouse, Zeng Jinyan et leur fille née en novembre 2007 sont isolées et assignées à résidence.

Le collectif JO 2008 demande aux autorités chinoises de libérer inconditionnellement et immédiatement Hu Jia et de mettre fin au harcelèment dont est victime Zeng Jinyan.

Complément d’information :

Hu jia a été condamné le 2 avril 0008 à 3 ans 1/2 de prison pour "tentative de subversion du pouvoir de l’Etat". Zeng Jinyan, sa femme, a réaffirmé que Hu Jia avait "toujours soutenu les jeux Olympiques".
"Nous espérions que les JO apportent la paix et le bonheur au peuple chinois. Maintenant j’ai le sentiment que c’est une tragédie", a-t-elle ajouté.
A l’annonce du verdict, l’Union européenne a de nouveau réclamé sa libération et les Etats-Unis ont exprimé leur consternation et ont appelé la Chine à (...) "prendre des mesures afin d’améliorer la situation des Droits de l’Homme et de la liberté religieuse".
Le jour du procès du dissident, le Premier ministre Wen Jiabao avait assuré que la Chine n’intensifiait pas la répression avant les Jeux olympiques (8-24 août).
"Ces soi-disant accusations selon laquelle la Chine arrête les dissidents avant les Jeux olympiques sont fausses", avait déclaré M. Wen.

Source : AFP 3 avril 2008

La situation est de plus en plus critique pour le cyberdissident Hu Jia. Détenu depuis le 27 décembre 2007, il a été condamné à 3 ans ½ de prison, en avril 2008, pour "incitation à la subversion de l’Etat et du système socialiste" et à un an de privation de ses droits politiques. Hu Jia avait plaidé non coupable. Des risques persistent quant à la privation de soins médicaux, en particulier un traitement qu’il doit impérativement suivre tous les jours pour une maladie du foie liée à son infection par le virus de l’hépatite B.
Son épouse, Zeng Jinyan, blogueuse et défenseur des Droits de l’Homme, est toujours assignée à résidence avec sa petite fille née le 13 novembre dernier, appelée Qianci. Elle est surveillée par un important dispositif de policiers.

Source : F.I.D.H, 30 juillet 2008.

Hu Jia a été hospitalisé le 30 mars 2010 pour examen, son état de santé faisant craindre un cancer du foie. Zeng Jinyan avait demandé sa libération pour raison de santé début avril, mais celle-ci a été refusée le 12 avril, et Hu Jia a dû regagner sa cellule.

Source : AFP, 12 avril 2010

Hu Jia a été libéré le 26 juin 2011, quelques jours après un autre célèbre défenseur des droits de l’Homme, l’artiste Ai Weiwei, mais tous deux ne s’exprimeront probablement pas, sous la pression des autorités.
"Après une nuit sans sommeil, Hu Jia est arrivé chez lui à 02H30 du matin. Tranquille, très heureux. Il a besoin de se reposer. Merci à tous", a écrit sa femme, Zeng Jinyan, également militante des Droits de l’Homme, sur son compte Twitter.

Source : AFP, 26 juin 2011