Hu Jia en prison, sa femme enfermée à "Cité liberté"
dimanche 27 janvier 2008 par Rédaction
Encore récemment, le dissident Hu Jia et sa femme Zeng Jinyan offraient le thé à leurs visiteurs dans leur appartement, discutant de leurs espoirs de voir les JO de Pékin aider à la démocratisation de la Chine. Depuis fin décembre, il est en prison, elle en résidence surveillée, inaccessible.
L’accès à l’appartement, dans une résidence de l’est de Pékin au nom
ironique de "Bobo Cité liberté", est impossible. Son téléphone et l’internet ont été coupés.
En tentant de rendre visite récemment à Zeng Jinyan [1] , deux journalistes de l’AFP ont été repoussés et interrogés par une demi-douzaine de policiers en civil.
Dans le même temps, du personnel de sécurité se dépêchait d’installer des rubans pour empêcher l’accès à la porte d’entrée.
"Il y a eu un incident de sécurité et nous ne pouvons pas vous laisser passer", déclare un policier.
"Comme l’enquête est toujours en cours, nous ne pouvons vous donner aucun détail", répond-il aux questions des journalistes.
Le sort de Hu Jia et Zeng Jinyan, qui étaient placés sous surveillance depuis de longs mois mais pouvaient de temps à autre recevoir des visites, illustre le renforcement de la répression à l’approche des JO d’août, Pékin étant désireux d’éviter tout problème, selon les milieux dissidents.
Hu Jia, 34 ans, très critique envers le régime communiste avant les JO, a été arrêté le 27 décembre pour "incitation à la subversion". Cette accusation, généralement utilisée contre les activistes, peut les conduire plusieurs années en prison.
Lors d’une interview avec l’AFP avant son arrestation, Hu Jia, qui avec sa femme s’est rendu célèbre pour son combat pour les victimes du virus du sida, avait prévu une vague d’arrestations à l’approche des jeux.
Son avocat s’est vu refuser de le voir à deux reprises.
"La police dit que l’affaire concerne des secrets d’Etat, ce qui signifie
qu’il ne peut avoir accès à un avocat", a expliqué Li Jinsong, qui souhaite
défendre le dissident.
"Selon eux, comme il représente un danger pour la société, il ne peut être libéré sous caution", a-t-il poursuivi.
Son arrestation a entraîné les protestations des Etats-Unis et des
eurodéputés. Il a aussi reçu le soutien de plusieurs dissidents ou défenseurs des droits de l’Homme à l’intérieur de la Chine.
Dans un texte écrit avec Teng Biao, un de ses amis professeur de droit, et publié en septembre, Hu Jia s’inquiétait du non-respect par Pékin de ses engagements en faveur d’une plus grande ouverture, qui avaient été faits pour obtenir l’organisation des JO.
"Peut-être que vous viendrez à Pékin au moment des jeux Olympiques, vous verrez des gratte-ciels, de larges avenues, des installations sportives modernes et des habitants enthousiastes. Ce sera la réalité, mais seulement une partie, comme lorsqu’on regarde un iceberg", écrivaient-ils.
"Vous ne savez peut-être pas que cet enthousiasme, ces sourires, cette harmonie et cette prospérité sont fondés sur l’injustice, les larmes, l’emprisonnement, la torture et le sang", poursuivaient les deux hommes, tout en espérant néanmoins que les jeux apportent aux Chinois "la paix, l’égalité, la liberté et la justice".
" Nous prions pour que les JO se déroulent dans une Chine libre ", concluaient-ils.
Source : AFP 27 jan. 08
Depuis la mise en résidence surveillée de Zeng Jinyan, son bébé est-il le nouveau plus jeune prisonnier politique ?
Complément d’information, 5 février 2008
La secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme Rama Yade a affirmé le 4 février être intervenue auprès des autorités chinoises sur le cas
du dissident Hu Jia, l’une des voix les plus critiques du régime de Pékin,
inculpé "d’incitation à la subversion".
"Dans le cadre du dialogue confiant qu’entretiennent la France et la Chine, je suis intervenue personnellement auprès des autorités chinoises pour faire part de ma préoccupation et pour former le voeu d’une libération rapide" de ce militant de 34 ans, a assuré Mme Yade dans un communiqué, en souhaitant que Pékin "entende cet appel amical".
"Alors que la communauté internationale s’apprête à se retrouver en Chine pour participer auprès du peuple chinois aux Jeux Olympiques, tout progrès dans le respect des droits fondamentaux ne manquera pas de renforcer l’image d’ouverture au monde de la Chine", a ajouté la secrétaire d’Etat.
Le Parlement européen, les Etats-Unis et la Commission européenne sont intervenus en faveur de Hu Jia auprès des autorités chinoises, en vain pour l’instant.
Mme Yade a assuré aussi avoir "appelé l’attention des autorités chinoises sur le cas de M. Chen Guangcheng", un autre militant condamné en décembre à quatre ans et trois mois de prison pour "atteinte délibérée à la propriété" et "trouble à l’ordre public", après une manifestation.
Le militant avait révélé des pratiques abusives de stérilisation de
milliers de femmes et d’avortements tardifs et forcés dans son district de la province du Shandong (est), concernant parfois des foetus de huit mois et plus.
18 mars : Procès
Le procès du dissident Hu Jia, l’une des voix les plus critiques du régime chinois, a eu lieu le 18 mars et le tribunal a mis le verdict en délibéré, a annoncé l’un de ses avocats.
" Le procès est fini, il n’y a pas eu de verdict ", a indiqué Li Fanping à l’AFP.
L’audience devant la première cour intermédiaire de Pékin n’a duré que quelques heures.
Source : AFP 4 février et 18 mars 2008
[1] Voir l’interview réalisée en Chine (par Pascal Golomer ?) de Hu Jia avant son arrestation et diffusée le 17 janvier dernier sur Ma-Tvideo
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