Les autorités chinoises imposent des contrôles dans toutes les régions tibétaines
mardi 31 janvier 2012 par Rédaction , Monique Dorizon
A la suite des manifestations meurtrières de la semaine dernière [1], les autorités de Pékin ont renforcé la sécurité dans les zones tibétaines, depuis Lhassa, capitale de la "Région Autonome du Tibet", jusqu’aux région de l’Amdo et du Kham.
Alors que les Tibétains pleurent la mort des manifestants abattus par les troupes de sécurité chinoises dans les Préfecture autonomes Tibétaines de Kardzé et Ngaba, Province du Sichuan, les forces de sécurité chinoises ont renforcé leur surveillance sur les activités dans les régions tibétaines.
Un nombre inconnu de Tibétains a également été arrêté au cours des manifestations. Le parlement tibétain en exil en Inde a déclaré qu’il mènerait une série de campagnes pour exprimer la "solidarité" avec les Tibétains de l’intérieur et "rallier le soutien de la communauté internationale pour faire pression sur le gouvernement chinois" afin de désamorcer l’escalade de la tension.
Selon une source entrée en contact avec Radio Free Asia, "la présence de forces de sécurité dans Serthar est intense. La zone est encerclée par la police chinoise et les forces armées, et les déplacements des Tibétains sont limités".
"Le corps d’(un manifestant) qui a été tué à Serthar n’a pas été rendu au monastère tibétain, même pas à l’(influent) Institut bouddhiste de Serthar. Au lieu de cela, il a été emmené à Chengdu par les autorités chinoises et incinéré comme l’ont voulu les Chinois".
Serthar fait partie des trois Comtés de la Province du Sichuan, où les Tibétains ont manifesté la semaine dernière contre la domination chinoise et où les groupes d’exilés et de défense des droits, pensent qu’au moins six personnes ont été tuées et 60 blessées, certaines grièvement. Les autres Comtés touchés ont été ceux de Drango et Dzamthang [2]
Les médias officiels chinois ont rapporté que deux Tibétains avaient été tués. "La présence de la force armée chinoise s’est significativement accrue ... dans Drango et Serthar", a déclaré une autre source.
"Des troupes supplémentaires ont été déplacées de Chengdu. Elles proviendraient des camps militaires de Deyang et Mianyang".
La région de Dzamthang est également fermée et entourée par des troupes de policiers armés, selon des moines en exil ayant des contacts dans la région.
Kalsang, député du Parlement tibétain en exil à Dharamsala, en Inde, a déclaré le 27 janvier que les contrôles militaires les plus stricts avaient été imposés à Serthar, Kardzé, et Drango.
Le Parti communiste chinois a déjà déployé des "groupes de travail" dans chaque village et monastère des Préfectures de Ngaba et Kardzé, selon Jampel Monlam, Directeur adjoint du Centre tibétain pour les Droits de l’homme et la Démocratie à Dharamsala.
Des habitants de Lhassa ont déclaré que la capitale était sous tension, des forces de sécurité déployées à travers la ville fouillant les maisons.
Un résident de Lhassa a déclaré à l’association "Free Tibet", parlant de Lhassa, de la rue du Barkhor, qui entoure le temple de Jokhang, le temple le plus saint et le plus ancien du Tibet : "Comme c’est horrible ! Je n’ose pas regarder autour de moi tout simplement, ni me déplacer librement. Le personnel armé est partout, les policiers sont à chaque coin de rue".
Dans un quartier de Lhassa, une famille décrit aussi comment leurs maisons ont été fouillées, sans raison apparente : "Les forces de sécurité ont exigé de connaître les noms et la localisation de tous les membres de leur famille. Ils ont clairement dit qu’ils savaient que la famille avait des parents vivant à l’étranger et qu’ils savaient que la famille faisait des appels à ces parents".
Le personnel de sécurité a prévenu la famille de ne pas discuter de politique avec leurs proches lors d’appels téléphoniques.
"Les autorités chinoises utilisent l’intimidation et la surveillance des Tibétains afin d’instiller une culture de la peur et empêcher les gens de s’exprimer", a déclaré la Directrice de Free Tibet, Stephanie Brigden.
Penpa Tsering, Président du Parlement tibétain en exil, a déclaré le 29 janvier qu’une délégation de quatre membres du Parlement était allée à New Delhi pour "demander de l’aide" auprès des fonctionnaires de l’ONU et des ambassades étrangères pour aider à résoudre la crise. [3]
"Nous appelons les gouvernements du monde entier, non seulement à exprimer leur préoccupation, mais aussi à intervenir pour une désescalade de la situation dangereuse qui prévaut à l’intérieur du Tibet et à aider afin de trouver une solution durable à la question du Tibet dans un accord par le dialogue mutuellement bénéfique", a indiqué Penpa Tsering dans le mémorandum qui sera soumis aux ambassades.
"Nous allons également envoyer une lettre ouverte au président chinois Hu Jintao sur la situation critique au Tibet afin de trouver une solution durable à la question du Tibet", a-t-il aussi déclaré.
L’Administration centrale tibétaine a appelé à une "veillée mondiale de solidarité" le 8 février, pour mettre l’accent sur cette crise. [4]
Source : Radio Free Asia, 29 janvier 2012.
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[1] Voir les articles :
"La police ouvre le feu sur des Tibétains : au moins un mort et de nombreux blessés", du 23/01/2012 ;
"De nouveaux Tibétains meurent sous les balles de la sécurité chinoise", du 25/01/2012 ;
"Déclaration du Dr Lobsang Sangay sur les récents meurtres des Tibétains par le gouvernement chinois", du 27/01/2012.
[2] Voir sur cette carte des "préfectures autonomes tibétaines" de Ngaba et Kardzé les villes orthographiées Sertar (Serthar), Zamtang (Dzamthang) et Luhuo (Dranggo). Selon la taille de votre écran, Garze (Kardzé) à l’ouest et Aba (Ngaba) à l’est sont également visibles.
[3] Source : "Parliament to hold campaigns to defuse crises in Tibet"
[4] Source : "Tibetan Exile Leader Calls for International Probe".
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