Des morts et des disparitions dans le Comté de Drango, au Kham

Deux étudiants de l’Institut de dialectique bouddhiste à Dharamsala, en Inde du nord, ont rapporté les noms de trois des quatre Tibétains tués pendant et au lendemain d’une manifestation dans la région du Kham, en janvier 2012. Ils ont également signalé les noms des quatre moines arrêtés et ayant "disparu" après la manifestation.

Rinchen Wanggyal et Palden ont reçu des informations de l’intérieur du Tibet disant qu’au cours d’une manifestation pacifique dans la ville de Drango [1], le 23 janvier 2012, Norpa Yenten et le fils de Logyal (nom inconnu) avaient été tués par la police chinoise [2].

Le 24 janvier, l’armée chinoise a ensuite déferlé sur Drango et demandé à tous les habitants de rentrer chez eux. A la suite de cela, ils ont arrêté de nombreux participants, les accusant d’avoir produit des tracts affichés et distribués lors de la manifestation. Trente des manifestants ont ensuite été condamnés à de la prison.
Rinchen et Palden ont en outre signalé que, le 9 février, trois groupes de police et de militaires chinois ont encerclé la région nomade de la municipalité de Norchong, et abattu les frères Yeshe Samdhup et Yeshe Rigsel. Leur mère, Sanglha - épouse de Garab Nyima - a été touchée à la main, et un autre frère, Yunten Sangpo, a été touché au cou. Sanglha, Yunten Sangpo et sa fille ont alors été arrêtés. Deux orphelines, cousines des frères ont également été blessées et arrêtées alors qu’elles revenaient de l’école.
Des Tibétains locaux estiment que Yunten Sangpo a probablement succombé à ses blessures.

L’armée et la police auraient confisqué 6 200 yuans (750 euros environ), provenant de la vente de fromage et de beurre, pris dans la maison familiale de Samdhup et de Rigsel. Ils ont également mis le feu à trois motos, ont tué le chien de la famille et enlevé son corps.
Trois ou quatre jours après la manifestation de janvier, la police chinoise a également arrêté quatre moines dans la ville de Chengdu, appartenant tous au monastère de Drango Gochen.
Rinchen et Palden donnent leur nom : Tulku Lobsang Tenzin Rinpoche, Geshe Tsewang Namgyal, Thinley, gestionnaire d’affaires commerciales, ainsi que Dalha, secrétaire et trésorier.
Le lieu de détention actuel de ces moines et leur état de santé sont inconnus.
Certaines sources au Tibet rapportent que l’un d’eux a été tué. De nombreux Tibétains locaux s’inquiètent de ce que, manquant de nouvelles des moines condamnés, ils peuvent tous avoir été tués.

Trois camps militaires ont été mis en place dans le Comté de Drango, occupés par environ 5 000 militaires, la police chinoise et les instructeurs pour la "rééducation".
Cette année, le festival de prière annuel du Comté, généralement suivi par 40 à 50 000 Tibétains, a été interdit par les autorités chinoises. L’école du monastère de Drango Gochen a également été fermée de force quand la protestation a commencé en janvier. L’école comprend plus de 100 élèves.

L’accès à Internet a été coupé dans la région, mais certains accès au téléphone mobile sont actuellement disponibles. La plupart des appels sont interceptés par les autorités chinoises et les gens ont peur de communiquer par téléphone.
Des Tibétains locaux ont décrit leur situation comme celle de prisonniers.

Source : The Tibet Post International, 30 avril 2012.