Appel du Réseau International pour le Tibet
mercredi 20 février 2013 par Rédaction
Au Tibet écrasé sous le joug chinois, on a franchi la barre des cent immolations.
Une condamnation à mort avec sursis a frappé un moine tibétain, et au moins 70 autres Tibétains sont détenus par le gouvernement chinois.
Le mouvement mondial de défense du Tibet demande aux gouvernements mondiaux d’entreprendre une action commune pour réclamer à la Chine de s’occuper urgemment de la répression au Tibet.
Le 13 février 2013, le chiffre officiel des immolations de Tibétains vivant sous le joug chinois a franchi la barre des cent [1].
"Depuis le jour fatal du 27 février 2009 où Tapey, un moine du monastère de Kirti, dans le comté du Ngaba au Tibet oriental, s’est immolé par le feu en signe de protestation [2], au moins 99 autres Tibétains vivant sous la domination chinoise ont suivi son exemple", a déclaré Tenzin Jigme d’International Tibet Network. "On a dénombré officiellement 12 immolations en 2011 et 83 en 2012, dont 23 pour le seul mois de novembre 2012. Avant de s’immoler, tous ont réclamé la liberté au Tibet et le retour du Dalaï Lama".
Lobsang Namgyal, un moine de 37 ans du monastère de Kirti à Ngaba, est devenu le centième Tibétain, vivant sous la domination chinoise, à s’immoler par le feu en signe de protestation, près du Bureau de la sécurité publique du Dzoege, le 3 février ; il est mort sur place [3]. A cause de la répression en vigueur au Tibet, la nouvelle n’est parvenue aux moines exilés de Kirti que le 13 février, jour où un autre moine s’immolait par le feu au Népal. Ce jeune moine dont on ne connaît ni le nom ni l’état, a organisé son auto-immolation au pied du stupa de Bodhnath, près de Katmandou, le troisième jour du Losar (Nouvel an tibétain) qui était aussi le centième anniversaire de la proclamation du XIIIe Dalaï Lama réaffirmant l’indépendance du Tibet [4].
Les 185 associations de défense du Tibet qui forment International Tibet Network [5] tiennent à manifester collectivement leur profonde inquiétude au regard de l’aggravation de la situation au Tibet. Tandis que les Tibétains continuent à s’immoler par le feu pour protester contre la violente répression subie sous la domination chinoise, les autorités chinoises réagissent par une répression accrue, augmentant par là même le risque d’assister à de nouvelles immolations de Tibétains.
"Ce chiffre stupéfiant de 100 auto-immolations en signe de protestation doit faire réagir le monde. Le cap qui vient d’être franchi doit susciter une condamnation générale de la politique chinoise qui a échoué, et de la répression féroce au Tibet", a déclaré Tenzin Jigme. Chacun de ces incidents est en soi une tragédie, mais la répétition de tels actes – plus d’une centaine d’immolations par le feu à ce jour, en signe de protestation - exige une réponse internationale. Nous demandons aux gouvernements mondiaux de rédiger de toute urgence une déclaration conjointe pour exprimer leur préoccupation grandissante au vu de cette tragédie, et d’initier par la voie diplomatique une démarche commune qui interpellera directement les dirigeants chinois à propos de la crise qu’ils ont eux-mêmes générée" [6].
La Chine continue à redoubler de violence en réaction aux auto-immolations, sa récente stratégie consistant à empêcher l’information de sortir du Tibet. Le 31 janvier, une Cour de justice dans le Sichuan a déclaré coupables "d’homicide intentionnel" deux Tibétains [7]. Le premier, Lobsang Konchok, âgé de 40 ans, a été condamné à mort, avec un sursis de deux ans, et le second Lobsang Tsering, son neveu âgé de 31 ans, à dix ans de prison. Selon l’agence Xinhua, ces hommes auraient reconnu "avoir enregistré des témoignages de protestataires, réuni des photos et fait passer le tout aux groupes d’exilés en Inde" [8]
Le 7 février, les médias officiels de la Chine faisaient état de 70 arrestations supplémentaires. [9]
Bien que l’escalade dans la répression chinoise ait généré une avalanche de réactions à l’étranger en novembre et en décembre derniers, dont celles du Haut Commissaire des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, de l’Union européenne, et des gouvernements canadien, britannique et américain [10], le mouvement de défense du Tibet réclame de toute urgence une action coordonnée plus visible de la part des gouvernements mondiaux.
Contacts :
Tenzin Jigme +1 703 424 0015 (Anglais/Tibétain)
Tsering Choedup + 91 941 822 1605 (Anglais/Tibétain)
Mandie McKeown + 44 7748 158618 (Anglais)
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[1] Pour la liste complète, voir StandupforTibet.. Ce chiffre de cent immolations comprend quatre-vingt-dix-neuf incidents confirmés au Tibet, ainsi que l’immolation de Passang Lhamo, 62 ans, à Pékin, le 13 septembre 2012, pour protester contre la saisie de ses terres à Kyegudo. (Voir l’article "Passang Lhamo s’est immolée par le feu à Pékin, le 13 septembre 2012", du 20/01/2013.) Il y a eu aussi six cas d’immolations parmi les Tibétains exilés, dont un à Katmandou, le 13 février 2013 (Voir l’article "101ème tentative d’immolation, au Népal, le 13 février 2012", du 13/02/2013).
[2] Voir l’article "Tension dans l’est du Tibet où un moine s’est immolé", du 01/03/2009.
[3] Cette immolation du 3 février 2013 a été rapportée par les moines du monastère de Kirti, exilés à Dharamsala (Inde). Voir l’article "Lobsang Namgyal s’immole par le feu le 3 février 2013 à Ngaba", du 13/02/2013 ou le rapport en tibétain, avec une photo de Lobsang Namgyal, sur Tibet Times.
[4] Voir l’article "Il y a 100 ans, le Tibet déclarait officiellement son indépendance", du 22/01/2013 ou en anglais sur le New York Times. Pour des informations sur le centenaire, voir également en anglais Radio Free Asia.
[5] L’organisation International Tibet Network (Réseau international pour le Tibet) est un regroupement international d’ONG pro-tibétaines qui œuvre à conférer une efficacité maximale au mouvement mondial de défense du Tibet. Les associations qui sont membres du Réseau considèrent le Tibet comme un pays occupé ; elles cherchent à mettre fin aux violations des Droits de l’Homme au Tibet, et travaillent activement à la restauration, selon la législation internationale en vigueur, du droit du peuple tibétain à l’autodétermination sur son statut politique, économique, social, religieux et culturel. Pour plus d’information, voir le site en anglais : International Tibet Network.
[6] Les membres d’International Tibet Network demandent aux gouvernements concernés de créer de toute urgence un groupe de contact multilatéral ou un forum permettant de discuter et d’exécuter les futures mesures diplomatiques à propos du Tibet. De nouvelles approches de la question tibétaine sont indispensables quand on sait que les autres stratégies, dont les dialogues bilatéraux sur les droits humains, se sont révélés inefficaces sur le long terme, pour le peuple tibétain.
[7] Voir l’article "Condamnation à mort et lourde peine pour deux Tibétains accusés "d’incitation à l’immolation"", du 02/02/2013.
[8] Voir en anglais l’article de la BBC . Voir (aussi en anglais) "Ceux qui poussent aux auto-immolations doivent être sévèrement punis par la loi.", Gannan Daily, du 3 décembre 2012.
Traduction en anglais de Dui Hua,
[9] Voir en anglais l’article de Reuters.
[10] Voir le site Stand Up For Tibet
Le Réseau International du Tibet en appelle à Xi Jinping et aux dirigeants de la cinquième génération pour opérer un changement exemplaire dans l’approche du Parti communiste chinois sur la question tibétaine, qui donne au peuple tibétain pleine autorité pour élaborer les mesures futures, en reconnaissant d’abord ses propres échecs et l’illégitimité de sa domination militaire sur le Tibet.
Xi Jinping doit s’engager à prendre une résolution juste et durable qui reconnaisse le droit du peuple tibétain à l’autodétermination, selon le droit international.
Xi Jinping doit mettre en œuvre, sans délai, les recommandations suivantes :
Cesser d’avoir recours à la force militaire pour réprimer le peuple tibétain. En tout premier lieu, rappeler toutes les forces de sécurité qui sont stationnées dans les monastères et les lieux de manifestation.
Autoriser les médias étrangers, les diplomates, les observateurs internationaux et les touristes étrangers à visiter librement et sans délai le Tibet.
Cesser la répression féroce et systématique de la vie religieuse et de la vie culturelle au Tibet, et suspendre sur-le-champ le programme de rééducation patriotique imposé par le gouvernement chinois.
Rappeler sur-le-champ tous les cadres du Parti postés dans les monastères tibétains, et suspendre les mesures conférant aux autorités chinoises le pouvoir de choisir les réincarnations de lamas.
Garantir aux Tibétains le droit de pratiquer et de promouvoir leur langue, tout en rétablissant le tibétain comme première langue dans les écoles et les universités.
Stopper toutes les mesures de développement économique préjudiciables à la sauvegarde des chances et des moyens de subsistance des Tibétains. Faire en sorte que l’économie tibétaine soit moins dépendante des subventions qu’elle reçoit du gouvernement chinois, en privilégiant des modèles de développement ascendant et durable qui laissent leurs chances aux Tibétains défavorisés. Enfin, arrêter d’attirer les migrants chinois sur le plateau par des incitations financières.
Stopper la politique forcée de sédentarisation des nomades et faire machine arrière ; suspendre les sédentarisations en cours et autoriser les nomades sédentarisés à retourner, s’ils le souhaitent, à leurs grands espaces et à leur mode de vie traditionnel. Dan ce cas, leur restituer les baux ruraux à long terme qui leur ont été supprimés. Associer les Tibétains à parts égales à toutes les décisions prises sur l’utilisation des terres au Tibet.
Libérer immédiatement et sans conditions tous les prisonniers politiques qui ont été arrêtés pour avoir participé à des manifestations pacifiques, et jetés en prison de façon arbitraire, sans l’ombre d’un procès, comme l’exige le droit international.
Recommandations aux gouvernements mondiaux et aux instances internationales :
Participer à un groupe de contact ou un forum multilatéral créé par les gouvernements mondiaux.
Mener des actions énergiques dans les forums internationaux ad hoc pour attirer l’attention du gouvernement de la République populaire de Chine sur la gravité de la situation au Tibet et sur la préoccupation légitime de la communauté internationale qui souhaite voir les Tibétains jouir des libertés et des droits inscrits dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et dans les autres conventions internationales auxquelles la Chine participe.
Saisir toutes les occasions pour exprimer, au cours de rencontres bilatérales, son inquiétude vis-à-vis de la situation au Tibet dans ce contexte de changement de direction en Chine, en mettant l’accent sur l’échec des politiques sécuritaires et économiques, et des plans de développement mis en place pour parvenir à la stabilité au Tibet, et demander l’adoption immédiate de mesures répondant aux doléances légitimes du peuple tibétain.
Condamner publiquement et avec force la répression religieuse et culturelle qui s’intensifie au Tibet, en mettant l’accent sur les vastes programmes de "rééducation patriotique" et les terribles mesures punitives qu’encourent tous ceux qui osent exprimer pacifiquement leur liberté culturelle et politique.
Essayer de dépêcher de toute urgence des diplomates dans les régions concernées et exiger de la Chine l’assurance que la presse étrangère pourra pénétrer librement dans la RAT et dans les parties tibétaines du Sichuan, du Qinghai, du Gansu et du Yunnan.
Augmenter sa capacité à surveiller la situation, en continuant notamment à réclamer un plus grand accès au Tibet. Essayer encore et toujours d’avoir une représentation diplomatique à Lhassa, et développer les ressources existantes avec les ambassades à Pékin.
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