Tension dans l’est du Tibet où un moine s’est immolé

Les autorités chinoises ont indiqué le 27 février 2009 qu’un homme habillé en moine s’était immolé par le feu dans une ville de la province du Sichuan (anciennement Kham, est du Tibet), a rapporté l’agence Chine Nouvelle (Xinhua), confirmant l’existence de tensions à l’approche du 50ème anniversaire du soulèvement du 10 mars 1959.
Des associations pro-tibétaines avaient révélé qu’un moine s’était immolé le 26 février dans la ville de Ngaba [1] ville à forte population tibétaine, dans la province chinoise du Sichuan.
Selon l’association Free Tibet Campaign, basée à Londres, la police avait ensuite tiré sur le moine.
L’homme, en tenue de moine, est sorti du monastère de Kirti, dans la ville de Ngaba et s’est immolé par le feu, a rapporté l’agence Chine Nouvelle, citant le responsable local du parti communiste, Shi Jun.
La police a ensuite éteint le feu et l’homme a été conduit à l’hopital, souffrant de brûlures au cou et à la tête, a indiqué M. Shi, précisant qu’une enquête était en cours.
Selon une autre association, "Students for a Free Tibet" (Etudiants pour un Tibet libre), le drame s’est produit à proximité du monastère de Kirti, lorsque les autorités ont empêché un millier de moines de se rendre à l’intérieur du site.
Alors que la plupart des moines se dispersaient sur les conseils de leurs aînés, un de leurs coreligionnaires d’une vingtaine d’années qui portait un drapeau tibétain à l’effigie du Dalaï Lama s’est immolé par le feu, selon un communiqué du 27 février 2009 à New York de l’association, qui dit avoir recueilli le récit d’un témoin. Les faits ont également été rapportés par l’association International Campaign for Tibet (ICT), basée aux Etats-Unis.
La police a tiré à trois reprises sur le jeune homme du nom de Tabe avant de rapidement emmener le corps, selon "Students for a Free Tibet" qui ne sait pas si la victime était toujours en vie.
Des résidents de Ngaba, joints au téléphone par l’AFP, ont confirmé que la police avait tiré, sans préciser vers qui les tirs étaient dirigés.
Interrogée pour savoir si un moine s’était immolé par le feu, une employée d’un hôtel de la ville a répondu sous couvert d’anonymat : "C’est vrai, mais je ne peux pas en dire plus. Mon téléphone est sur écoute".
D’autres résidents ont confirmé les tirs de la police, avant de rapidement raccrocher.
Certains témoins ont également fait état d’une importante présence policière. "Il y a de nombreux policiers qui patrouillent dans les rues et tous sont armés", a témoigné l’employé d’une maison de thé, également sous couvert d’anonymat.

Des rapports sur le monastère de Kirti indiquent que la protestation de Tabe est venue peu de temps après que 1 000 moines, dont Tabe, aient été empêchés d’entrer dans la principale salle de prière pour commencer les prières du 3ème jour de Losar, le Nouvel an tibétain.
Après avoir été bloqués, les moines se sont assis à l’extérieur et se préparaient à poursuivre leurs prières lorsque des moines plus âgés les ont supplié de se disperser. Les moines se sont plaints et sont retournés dans leurs chambres. Peu de temps après, Tabe est sorti du monastère et une fois dans la rue, a brandi le drapeau et s’est dirigé vers le marché principal à quelques minutes de là.

Des dizaines de Tibétains de Ngaba et des environs ont été tués en 2008 et bien plus ont disparus ou ont été emprisonnés lorsque les manifestations se sont répandues à travers le Tibet. A la suite des manifestations, les moines du monastère de Kirti ont été les cibles de quelques uns des abus, tortures, et intimidations les plus extrêmes pratiqués par les autorités chinoises. La région entière a été bouclée en 2008 et ces derniers mois, les étrangers n’ont pas pu entrer dans Ngaba.

Source : AFP, Free Tibet Campaign, Students for a Free Tibet, International Campaign for Tibet, 27 février 2009

Voir en complément l’article "Immolations : récapitulatif, actions et réactions", du 30/10/2011