Incroyable cérémonie que celle qui se déroule à l’aube du 29 novembre 1995, dans la pénombre du temple cathédrale de Lhassa. Surveillés par une rangée d’apparatchiks du Parti Communiste Chinois en costume cravate, un vieux moine mime un rituel inconnu ici qui consiste à tirer au sort une baguette d’ivoire dans une urne d’or, afin de « désigner » la réincarnation du Xème Panchen. Silencieux, les yeux clos, le visage défait, une dizaine de moines et lamas assistent, atterrés, à cette parodie. Luo Gan, membre du Conseil d’Etat chinois, proclame le résultat : Gyaltsen Norbu est, pour la première fois dans l’histoire du Tibet « nommé » Panchen Lama par le Parti Communiste.
Dans la guerre sans nom et sans visage qui l’oppose au Dalaï Lama, la Chine tente une nouvelle manoeuvre. Déjà, cet été, elle avait fait un prisonnier. Un enfant de six ans, Gendun Choekyi Nyima, reconnu Panchen Lama le 14 mai par le Dalaï Lama.
Ce titre prestigieux construit à partir d’un terme sanscrit « pandita » : érudit, et tibétain « chenpo » : grand, fut offert en hommage par le Vème Dalaï Lama, autour des années 1600, à son précepteur, l’abbé du monastère du Tashi Lumpo, à Shigatsé, la deuxième ville du Tibet. Rien, désormais, ne devait séparer le « Grand Erudit » de « l’Océan de Sagesse », unis par ce que les Tibétains nomment la relation Lune-Soleil. Plus forte que la fraternité, elle est fondée sur deux principes : la reconnaissance au-delà de la mort humaine, l’enseignement des rituels les plus profonds. Voeux plus ou moins pieux, car on sait que les deux prélats eurent parfois de sérieux accrochages, mais qui se terminèrent toujours par la réconciliation, et ne mirent jamais en doute la fidélité en esprit de l’un à l’autre.
Toute la manoeuvre de la Chine pour s’arroger un droit de regard dans la reconnaissance de la réincarnation du Panchen Lama repose sur une prétendue procédure de « tirage au sort dans l’urne d’or » instituée par l’empereur mandchou Qian Long en 1792.
Derrière la mascarade du « tirage au sort » organisé par le Parti Communiste chinois et s’en servant de support, une opération politique d’envergure se déroule actuellement au Tibet.
<:accueil_site:>
| <:info_contact:>
| <:plan_site:>
| [(|?{'',' '})
| <:icone_statistiques_visites:>
<:site_realise_avec_spip:> 2.1.13 + AHUNTSIC