Il y a 100 ans, le Tibet déclarait officiellement son indépendance
mardi 22 janvier 2013 par Rédaction , Jean-Paul Ribes
Il y a cent ans tout juste, le 14 février 1913, alors qu’à Lhassa était célébré le Monlam Chenmo (la grande prière) [1], Thubten Gyamtso, le treizième Dalaï Lama, qui venait de regagner le Potala après trois ans d’exil et cinq ans de pérégrination sous la menace mandchoue [2], prend la parole et dans une déclaration historique réaffirme l’indépendance de la "petite nation" tibétaine [3].
Dans la même déclaration, il proclame le droit pour tous les cultivateurs d’occuper les terres vacantes et d’en devenir propriétaires, l’obligation pour les fonctionnaires d’être honnêtes et de s’abstenir de toute violence à l’égard de leurs administrés.
Célébrer cet anniversaire de façon marquante est un devoir de sincérité à l’égard de l’histoire et d’amitié pour le peuple tibétain asservi.
Oui , leur pays était bien indépendant lorsqu’il fût agressé, à l’aube des années ’50, par l’Armée Populaire chinoise, puis occupé et colonisé dans les années qui suivirent et cela jusqu’à aujourd’hui. [1]
A l’appel d’Etudiants pour un Tibet Libre, cinq actions sont proposées aux amis du Tibet à l’occasion de ce mercredi 13 février 2013 [4].
- Hisser un drapeau tibétain sur votre maison, à votre fenêtre, comme une marque de la souveraineté du Tibet.
- Encadrer la proclamation de l’indépendance et l’accrocher à votre mur.
- Organiser une cérémonie publique pour hisser le drapeau tibétain et lire la proclamation dans votre ville ou communauté. Filmer les lectures dans différentes langues et à différents endroits (monuments, bâtiments publics, etc..) et les publier sur YouTube.
- Imprimer des centaines de copies de la proclamation, les coller dans votre ville et les distribuer au public.
- Fournir des copies de la Proclamation aux Nations Unies, et aux ambassades et consulats chinois, etc., et leur faire savoir que les Tibétains proclament une fois de plus leur indépendance.
Nous y joignons nos suggestions
Arborer sur soi, sur son véhicule, voiture ou scooter, les couleurs tibétaines sous la forme de pin’s, d’autocollants, de drapeaux, les afficher dans son entreprise, son université, son lieu de culte, les associations que l’on fréquente, en expliquant ce que ce jour signifie.
Adresser à ses élus à l’Assemblée nationale, au Sénat et dans les différentes instances régionales, pin’s et autocollants aux couleurs tibétaines avec une courte lettre d’explication en leur demandant de les arborer visiblement dans leurs assemblées, en signe de solidarité.
Se réunir pour déjeuner ou pour diner dans les restaurants tibétains, avec des amis tibétains.
Médiatiser ce jour auprès des relais régionaux (Presse Quotidienne Régionale, télés) ou nationaux par l’envoi de communiqués et de photos et de vidéos expliquant ce que signifie cette date.
Toutes ces actions peuvent être menées seul ou en groupe, dans deux directions : renforcer la mobilisation des élus pour défendre la cause tibétaine et assurer nos amis tibétains de notre soutien
Pin’s, autocollants et drapeaux sont disponibles auprès des boutiques tibétaines ou peuvent être commandés sans tarder sur internet.
Jean-Paul Ribes
Voici quelques adresses où nous avons vérifié qu’ils disposaient de matériel adéquat :
Tibet Art | 50 rue Monge | 75005 | Paris | 01 46 33 78 00 |
Tibet Village Gallery | 40 rue Saint-Jacques | 75005 | Paris | 01 44 07 02 69 |
Trésors du Tibet | 27 rue St- Louis-en-l’Ile | 75004 | Paris | 01 43 29 98 88 |
Trésors du Tibet | 38 rue Dauphine | 75006 | Paris | 01 43 29 48 13 |
Voir une liste plus complète de boutiques et de restaurants tibétains en France.
A l’attention de nos ami(e)s lecteurs hors de France, et plus particulièrement de Belgique, de Suisse et du Canada : si vous connaissez avec certitude l’adresse de boutiques et de restaurants tibétains dans votre pays, merci de nous faire parvenir les coordonnées, que nous publierons volontiers, au moins pour ces 3 pays.
Texte de la Déclaration d’indépendance du Tibet, 14 février 1913.
Moi, le Dalaï Lama, le plus omniscient détenteur de la foi bouddhiste, dont le titre fut conféré selon les ordres du seigneur Bouddha de la glorieuse terre de l’Inde, je vous parle ainsi :
Je m’adresse à toute la population tibétaine. Le seigneur Bouddha, du glorieux pays de l’Inde, a prophétisé que les réincarnations d’Avalokiteshvara, à travers une succession de dirigeants à partir des premiers rois de la religion jusqu’à aujourd’hui, veilleraient au bien-être du Tibet. Du temps de Gengis Khan et d’Altan Khan, des Mongols, de la dynastie Ming des Chinois et de la dynastie Qing des Mandchous, le Tibet et la Chine ont coopéré sur la base de la relation prêtre et protecteur. Il y a quelques années, les autorités chinoises au Sichuan et au Yunnan se sont efforcées de coloniser notre pays. Elles amenèrent un grand nombre de troupes à l’intérieur du Tibet sous le prétexte d’assurer la police du commerce. Par conséquent, j’ai quitté Lhassa avec mes ministres pour la frontière indo-tibétaine, dans l’espoir de clarifier à l’empereur mandchou par télégraphe que la relation existant entre le Tibet et la Chine avait été celle de prêtre et protecteur, qu’elle n’avait pas été fondée sur la subordination de l’un à l’autre. Il n’y avait d’autre choix pour moi que de franchir la frontière, car les troupes chinoises me suivaient avec l’intention de me prendre mort ou vif. A mon arrivée en Inde, j’ai envoyé plusieurs télégrammes à l’empereur mais sa réponse à mes demandes fut retardée par des fonctionnaires corrompus à Pékin. Pendant ce temps, l’empire mandchou s’est effondré. Les Tibétains furent encouragés à expulser les Chinois du Tibet central. De même, je revenais sans dommage vers mon pays légitime et sacré, et maintenant je suis en train de chasser les restes des troupes chinoises du Do Kham au Tibet Oriental. Maintenant, l’intention chinoise de coloniser le Tibet, grâce à la relation prêtre et protecteur, s’est évanouie comme un arc-en-ciel dans l’espace. Ayant une fois encore pour nous une période de bonheur et de paix, j’assigne dorénavant à chacun d’entre vous les devoirs suivants à accomplir sans la moindre négligence :
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[1] Le Festival de la grande prière, appelé Mönlam Chenmo, fut instauré par le Maître Tsongkhapa en 1409. Voir l’article Losar, le nouvel an tibétain, ses symbolismes et son déroulement pour plus de détails sur ce Festival.
[2] Voir la Chronologie historique détaillée du Tibet.
[3] A la suite de cette déclaration d’indépendance, suivant celle de la Mongolie en décembre 1911, le Tibet et la Mongolie signeront un traité attestant s’être libéré de la domination mandchoue et avoir chacun constitué un état indépendant.
Voir l’article "Le traité Tibet-Mongolie de 1913, une preuve de l’indépendance du Tibet".
[4] La date du 13 février, veille du centenaire de l’indépendance, a été choisie en raison du jour de la semaine, un mercredi, jour célébré par les Tibétains dans l’action non violente de Lhakar.
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