Voyage de presse reporté pour la flamme olympique sur l’Everest
mercredi 23 avril 2008 par Rédaction
Le comité d’organisation des Jeux olympiques de Pékin (Bocog) a reporté le 22 avril le voyage de presse de journalistes étrangers au Tibet destiné à préparer le passage de la flamme sur l’Everest.
Les responsables du comité d’organisation ont invoqué les "conditions météorologiques" pour expliquer le changement de dernière minute, niant que cela soit dû à la situation sur place après les troubles du mois de mars.
"Le centre de commande sur le terrain ne nous a pas donné le feu vert en raison de la météorologie. Vous devez attendre à Pékin", a déclaré Shao Siwei, un responsable du Bocog aux journalistes qui doivent participer au voyage.
Ces derniers devaient normalement quitter Pékin pour Lhassa le 22 avril afin de s’acclimater avant de se rendre au camp de base de l’Everest à 5 150 m d’altitude. Selon le programme originellement prévu, ils devaient attendre au camp de base le départ de la torche, lorsque les conditions météorologiques permettront l’ascension, normalement à partir de la mi-mai.
Cependant, désormais, les journalistes ne partiront que deux-trois jours avant et ne resteront au Tibet que "sept à dix jours", a déclaré M. Shao.
Ce dernier a précisé que seuls seraient autorisés des reportages ayant un rapport avec la flamme olympique.
Puis l’organisation de ce voyage a carrément tourné à la farce, les autorités de Pékin fixant au 24 avril au matin le paiement des billets d’avion pour Lhassa, puis refusant le paiement de plusieurs agences de presse internationales, dont l’AFP...
La Chine a interdit l’accès aux journalistes étrangers au Tibet et dans les régions voisines où ont eu lieu des troubles en mars. Elle n’a autorisé qu’un seul voyage de presse fin mars, encadré par des officiels à Lhassa.
Cette main-mise sur l’information ne semble pourtant pas décourager les médias occidentaux :
Des dirigeants de médias européens ont annoncé vouloir profiter de la plus grande liberté promise aux journalistes étrangers pendant les JO de Pékin pour multiplier les reportages en Chine, lors d’un congrès à Vienne le 22 avril.
"Nous allons prendre la Chine au mot. Elle a promis plus de liberté pour les journalistes, nous allons voir. Et peut-être que nous irons au Tibet", a lancé Elmar Oberhauser, directeur de l’information de la chaîne publique autrichienne ORF, lors d’une table ronde sur la problématique de la couverture médiatique des Jeux en Chine au mois d’août.
"Nous allons éclairer les zones d’ombre", a renchéri Andreas Cichowicz rédacteur en chef de la chaîne publique allemande NDR qui couvrira les JO pour le groupe public ARD.
Très critique envers l’action du Comité international olympique, le rédacteur en chef du quotidien suisse Le Matin, Peter Rothenbühler, a souligné que "le sport n’apporte pas la démocratie, l’information oui. La Chine aura un autre visage après les Jeux."
D’une manière générale, les médias présents lors de ce Congrès européen des journaux vont mobiliser en Chine bien plus d’effectifs que ne comptent leurs rédactions sportives respectives, ont-il assuré.
La question de l’après-JO a aussi été posée. Là encore, les chefs des rédactions invitées se sont montrés enclins à ne pas retirer leurs journalistes dès que la flamme se sera éteinte dans la vasque du stade olympique.
Fin 2007, le ministre de l’Information chinois, Cai Wu, avait indiqué que l’assouplissement des règles permettant, en théorie, aux journalistes étrangers de travailler plus librement pourrait être prorogé à l’issue de la compétition "si la pratique montre que cela aide la communauté internationale à mieux connaître le pays et que c’est dans l’intérêt de la Chine".
Invité de la table ronde, le représentant du Dalaï Lama pour l’Union européenne, Kelsang Gyaltsen, a exhorté les médias européens "à faire leur travail" en Chine.
"Nous n’attendons pas des médias occidentaux des prises de position pro-tibétaine. Nous souhaitons qu’ils puissent examiner tous les aspects du quotidien, du contexte, de la culture", a-t-il déclaré.
Pendant ce temps, l’Everest reste fermé à tout activiste pro-tibétain :
Un alpiniste américain, qui tentait de gravir l’Everest depuis le Népal, a dû rebrousser chemin après que les autorités eurent découvert une banderole pro-tibétaine dans son paquetage, a-t-on appris le 23 avril de source officielle.
La Chine devrait faire passer entre les 1er et 10 mai la torche olympique sur le plus haut sommet du monde, que se partagent le Népal et le Tibet, et les autorités népalaises ont déployé un petit effectif militaire et policier qui sera autorisé, si besoin, à tirer contre d’éventuels manifestants pro-tibétains.
Dix jours avant le passage de cette flamme "un alpiniste des Etats-Unis a été renvoyé à Katmandou après que nos agents de sécurité du camp de base II (de l’Everest) eurent trouvé une banderole pro-tibétaine dans son sac", a indiqué un responsable gouvernemental.
"L’alpiniste a violé les règles du permis d’escalade qui interdit de mener des actions favorables à la cause tibétaine", a précisé ce responsable du ministère du Tourisme.
Le Népal a en effet délivré des autorisations de gravir l’Everest (8 848 mètres), mais à la condition que les alpinistes ne dépassent pas le camp II (6 500 m) tant que les relayeurs chinois n’auront pas atteint puis quitté le "Toit du monde" le mois prochain.
Le Népal, royaume himalayen coincé entre l’Inde et la Chine est dans une position délicate vis-à-vis du Tibet.
Katmandou reconnaît la pleine souveraineté de Pékin sur cette région, mais abrite aussi 20 000 exilés tibétains et environ 2 500 continuent d’arriver chaque année après avoir traversé les cols de l’Himalaya.
Sous pression de la Chine, le Népal a récemment durci sa position à l’égard de ses réfugiés tibétains. Confronté à des manifestations quotidiennes devant les bureaux de l’ambassade de Chine et de l’ONU à Katmandou, le ministère népalais de l’Intérieur a averti début avril "qu’aucune activité antichinoise d’aucune sorte ne serait tolérée".
Népal : manifestations quotidiennes
La capitale du Népal est le théâtre de manifestations pro-tibétaines quasi quotidiennes devant les bureaux de l’ONU ou l’ambassade de Chine depuis qu’a commencé en mars un mouvement d’exilés contre la répression chinoise au Tibet.
Cela se solde à chaque fois par l’arrestation de dizaines de personnes
libérées en général le soir même.
Le 22 avril, des manifestants tibétains avaient réussi à pénétrer dans
l’enceinte du bâtiment des Nations-unies à Katmandou pour demander
à l’organisme de faire pression sur la Chine afin qu’elle mette un terme à sa répression au Tibet.
Neuf manifestants tibétains se sont rués dans l’enceinte des locaux des Nations-unies alors que la porte principale avait été ouverte pour laisser passer un véhicule de l’ONU. Les manifestants ont quitté les lieux après avoir remis leur pétition.
"Nous avons demandé à l’ONU son soutien pour faire pression sur la Chine afin que les Droits de l’Homme soient respectés au Tibet, que les prisonniers politiques soient libérés et qu’une enquête soit menée sur la répression chinoise (au Tibet)", a déclaré à l’AFP, Nima Dolkar, une manifestante tibétaine.
Source : AFP 22 et 23 avril 2008
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