Une victime du tremblement de terre d’avril 2015 condamnée pour profanation du drapeau chinois

Le tremblement de terre dévastateur de magnitude 7,8 ayant touché le Népal le 25 avril 2015, a également fait des victimes et des dégâts considérables au Tibet [1]. Dans toute la région, il y a eu 25 morts, quatre disparus, des centaines de blessés, et plus de 47 500 personnes ont été déplacées. Tingri [2], fut l’un des comtés les plus touchés, où près de 80% des logements ont été détruits par le séisme.

Les secours en cas de catastrophe produisent souvent des tensions entre les représentants du gouvernement et ceux dont les vies ont été les plus touchées.
Cela semble avoir été le cas pour Garab, habitant du Comté de Tingri, dont la maison a été détruite dans le tremblement de terre et dont la frustration apparente face à l’inaction des responsables locaux l’a conduit à un acte symbolique de protestation qui l’a conduit en prison pour deux ans et demi.
Selon le verdict du tribunal, dans les ruines de son ancien domicile Garab aurait trouvé un vieux drapeau de la République Populaire de Chine, des semaines après le séisme d’avril. Les procureurs allèguent qu’il a fait des trous dans le drapeau en le brûlant, puis utilisé un marqueur pour écrire "Free Tibet" dessus.

Après avoir caché le drapeau sous son matelas pendant plusieurs jours, il l’a jeté le long d’un chemin où des enfants du village l’ont trouvé. Des membres d’un groupe de travail installé dans le village ont remarqué les enfants jouant avec le drapeau et ont signalé l’incident aux autorités locales. Garab a ensuite été placé en détention et inculpé de profanation de drapeau en vertu du droit pénal chinois.
Le procès de Garab en novembre 2015, semble n’avoir été que le troisième procès pénal déposé à la cour cette année, ce qui en fait un événement plutôt rare pour les juges de la Cour populaire du Comté de Tingri.

Des actes similaires de protestation ailleurs en Chine ont donné lieu à des peines plus légères. Mais, au lieu d’attribuer l’acte de protestation de Garab aux émotions fortes ressenties à la suite d’une perte personnelle énorme, le tribunal a montré peu de clémence en réduisant seulement de six mois la peine maximale de trois ans de prison, alors que Garab a avoué, exprimé des remords, et n’avait pas de casier judiciaire au préalable.

Le procès lui-même est apparu sommaire. Alors que le verdict se réfère vaguement à un témoignage légal, la confession de Garab semble avoir été le premier élément de preuve le liant à la profanation du drapeau. Cependant, parce que son acte de protestation s’est produit dans une région ethnique proche de la frontière pendant une période de tensions accrues, le besoin des autorités locales de "préserver la stabilité" a été prioritaire.

Source : Dui Hua, 27 septembre 2016.