Nouvelles procédures restrictives d’acquisition d’un passeport pour les Tibétains

Pratiquement aucun Tibétain ne s’est vu délivrer de passeport international depuis que les autorités chinoises ont adopté des règles de voyage les plus extrêmes depuis près d’un an dans la "Région Autonome du Tibet", selon des sources.

Selon les procédures d’avril 2012 mises en place par les autorités de la "Région Autonome du Tibet", les futurs voyageurs tibétains font l’objet de procédures difficiles, que certains appellent discriminatoires, dans une apparente tentative de Pékin pour stopper leurs voyages à l’étranger.

Les procédures mentionnées dans un document officiel de la "Région Autonome du Tibet", ont été introduites après que de nombreux Tibétains ont participé au rassemblement religieux de "Kalachakra" en Inde en janvier 2012, sous la présidence du Dalaï Lama [1].

Cette évolution fait également partie des mesures de sécurité renforcées à la suite des manifestations par auto-immolation de Tibétains [2].
"Depuis février ou mars de l’année dernière, il n’y a pas eu de délivrance de nouveau passeport chinois à des Tibétains et ceux de la "Région Autonome du Tibet" ont été durement touchés par ce mouvement", rapporte Sonam Dorjee, chercheur au Bureau du Tibet à Taïwan, au service en tibétain de Radio Free Asia.
Une autre source, ayant des contacts au Tibet et s’exprimant sous couvert d’anonymat, a dit qu’il savait seulement que des officiels tibétains avaient obtenu des passeports des autorités chinoises.
"Aucun nouveau passeport chinois n’a été délivré à des particuliers tibétains dans la "Région Autonome du Tibet", sauf pour quelques fonctionnaires tibétains qui ont reçu des passeports pour des besoins officiels et qui devaient être restitués à leur retour", a dit cette source.

Contrairement aux ressortissants chinois, les Tibétains font face à un "processus très compliqué et difficile" pour obtenir un passeport, dit Sonam Dorjee. "Ils peuvent avoir à attendre des années pour que leurs demandes soient traitées et peuvent avoir à payer des pots de vin au cours de ce laps de temps".
"La plupart des Tibétains sans relations officielles, ne peuvent pas obtenir du tout de passeport", a déclaré Sonam Dorjee.

Il y a contradiction dans la loi alors que le gouvernement chinois, en vertu des réglementations nationales, exige des autorités de délivrer des passeports dans les 15 jours qui suivent la demande et d’informer les candidats non retenus dans les six jours en mentionnant les raisons pour lesquelles leurs demandes ont été refusées, a-t-il dit.
"Il devrait y avoir un ensemble de règles et de procédures pour tous les citoyens de la nation, mais pour la Chine, ce n’est pas le cas", a déclaré Sonam Dorjee.
Les Tibétains doivent d’abord soumettre leurs demandes de passeport dans les bureaux du gouvernement local des régions où ils habitent. Les documents seront examinés dans le village, les niveaux de district et de Comté et enfin par le bureau de la police de la "Région Autonome du Tibet".
"Même après ce long processus, le demandeur est tenu de signer un document garantissant qu’à l’étranger, il ne se livrera pas à des « activités illégales » ou à des activités « préjudiciables à la nation »", a déclaré Sonam Dorjee.

Même si les Tibétains sont en mesure d’obtenir un passeport et de voyager à l’étranger, ils doivent remettre le document de voyage aux autorités dans les sept jours suivant leur retour.
Ils doivent aussi se présenter à la police locale et se soumettre à des interrogatoires, alors que ces interrogatoires ne sont pas imposés aux ressortissants chinois dont les passeports sont habituellement valides pendant 5 à 10 ans et ne sont pas récupérés à leur retour de l’étranger.
"Cela montre que même si tous sont considérés comme des citoyens chinois, les demandeurs de passeport de la « Région Autonome du Tibet » n’ont pas les mêmes droits garantis par la Chine pour d’autres personnes", a déclaré Sonam Dorjee.

Les Tibétains déjà munis de passeports sont également dans une situation embarrassante.
Lorsque les autorités chinoises ont entamé l’an dernier la mise en œuvre d’un régime de passeport électronique national, les Tibétains de la "Région Autonome du Tibet" ont dû remettre leurs passeports avant même leur expiration et ont fait l’objet d’une enquête approfondie et de procédures de recherches.
Beaucoup de Tibétains avec des passeports souhaitant réintégrer le Tibet depuis le Népal ont été bloqués à la frontière en raison du changement de passeports électroniques.

Un homme d’affaires tibétain, arrivé dans la capitale du Népal, Katmandou, dans la première semaine de janvier, en provenance du Tibet, a dit que beaucoup de Tibétains ayant assisté à la fête du Kalachakra en Inde il y a un an, ont eu leurs passeports saisis par les autorités et ne les ont pas récupérés.
"Les passeports pour tous les rapatriés de Kalachakra ont été confisqués avec l’assurance que de nouveaux passeports seraient délivrés, mais à ma connaissance, aucun nouveau passeport n’a jamais été délivré pour eux", a-t-il dit [3].
La Chine devait introduire le passeport électronique dans l’ensemble du pays en 2012.

Des commerçants tibétains faisant la navette entre Lhassa et le Népal sont également préoccupés par la confiscation de leurs passeports.
En fait, le nombre de Tibétains voyageant au Népal avec un passeport chinois a nettement diminué ces derniers jours, impactant les entreprises tibétaines au Népal, a déclaré un Tibétain résidant au Népal.

Il y a environ 20 000 réfugiés tibétains au Népal, et Pékin a exhorté Katmandou à restreindre leurs activités

Sources : Radio Free Asia, 20 janvier 2013, Tibetan Review, 22 janvier 2013.