Nouvelles mesures de surveillance de monastères au Qinghai
jeudi 3 décembre 2015 par Monique Dorizon , Rédaction
Le gouvernement local du comté de Nangchen [1] a annoncé le 25 novembre 2015 qu’il allait déployer 13 fonctionnaires du gouvernement local et des institutions publiques dans les monastères tibétains "pour se prémunir contre la continuelle influence séparatiste extérieure sur les moines" de la province.
"L’éducation peut garantir que les moines et les nonnes ne prennent pas part à des activités visant à diviser le pays et perturber l’ordre social", a déclaré Dorje, Directeur du Département de la propagande du Comité du Parti du comté de Nangchen, au Global Times.
"Cela fait partie du programme de la province pour aider au bien-être des moines et les éduquer sur l’influence négative des idées séparatistes".
Lian Xiangmin, expert du Centre de recherche tibétologique de Chine basé à Pékin, a dit que la plupart des moines sont respectueux de la loi, mais que certains peuvent être utilisés par les "forces étrangères hostiles" comme le Dalaï Lama, que Pékin qualifie de "séparatiste".
La nomination des nouveaux fonctionnaires est assortie de conditions : les candidats doivent être "clairement contre le séparatisme" et "avoir une bonne compréhension des politiques éthiques et religieuses de la Chine".
78 fonctionnaires avaient été sélectionnés à Nangchen en 2013 pour superviser les activités des monastères. Jiang Shuwei, vice-directeur du Département de Travail du Front uni du Comité du comté a dit : "Les 13 candidats combleront les postes vacants des fonctionnaires précédemment sélectionnés trop occupés par leur travail ou ayant pris leur retraite cette année".
Cependant, des Tibétains en exil affirment qu’une telle évolution peut être décrite comme étant semblable à l’infâme "Campagne d’éducation patriotique" et la campagne "Frapper fort" [2] employées par la Chine pour assurer la loyauté envers le Parti communiste chinois.
"La Chine voit Sa Sainteté le Dalaï Lama comme le noyau du séparatisme. Malgré diverses tentatives pour les maîtriser, ils trouvent en face d’eux des moines ayant une foi forte et éternelle en lui. Considérant la foi comme une menace à leur stabilité, ils prennent de telles mesures pour la détruire", a déclaré Tenzin Nyinjey, agent de recherche principal au TCHRD.
Ceci est aussi considéré par les autorités comme une stratégie pour mater les moines depuis que la plupart des manifestations contre le gouvernement sont le fait des monastères. 97 % de la population du comté étant tibétaine et avec la présence de 103 monastères et installations bouddhistes tibétains dans le comté, les autorités chinoises y voient une forte probabilité de tels événements.
En 2012, la Chine a introduit une organisation intitulée "Comité de gestion démocratique" qui a placé presque chaque monastère du Tibet sous la domination directe de responsables gouvernementaux stationnés en permanence dans chaque institution religieuse [3].
Source : Phayul, 27 novembre 2015.
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[1] Nangchen (ནང་ཆེན་ en tibétain, Nángqiān, Nangqen ou 囊谦 en chinois), est un Comté dépendant de la "Préfecture Autonome tibétaine de Yushu", dans la région tibétaine du Kham limitrophe de l’amdo, province actuelle chinoise du Qinghai.
Localiser Nangchen (Nangqen sur cette carte).
[2] Les campagnes "Frapper fort", débutées en avril 1996, se sont répétées régulièrement depuis pour des périodes allant de quelques mois à plusieurs années. Ayant pour but d’opérer une "ré-éducation patriotique", elles sont à l’origine de milliers d’arrestations et de très nombreuses exécutions. Pour ne citer que quelques exemples (plus d’une cinquantaine d’articles à ce propos sur ce site !), citons :
"Formation politique des cadres", du 22/09/1997 ;
"7 personnes exécutées au Tibet", du 10/06/2001 ;
"Des centaines d’arrestations au Tibet", du 23/11/2001 ;
"Des centaines de Tibétains arrêtés suite à une manifestation à Lithang", du 06/08/2007 ;
"Les moines devront passer des tests "patriotiques"", du 13/06/2008 ;
"Appel du Kashag à propos de la relance de la campagne “Frapper fort” au Tibet", du 05/02/2009 ;
"Avant la fête nationale, la Chine lance la campagne "Frapper fort" au Tibet", du 10/09/2009 ;
"Détention de centaines de Tibétains dans le cadre de la campagne "Frapper fort"", du 06/03/2010 ;
"20 000 fonctionnaires chinois pour une éducation patriotique dans les villages tibétains", du 19/10/2011 ;
"La Chine s’engage à renforcer le contrôle des monastères du Tibet", du 12/01/2012 ;
"La campagne "d’éducation légale" relancée en "Région Autonome du Tibet"", du 21/05/2012 ;
"La propagande contre les immolations fait maintenant partie de la "campagne d’éducation patriotique"", du 09/02/2013.
Voir également une traduction du "Manuel d’éducation patriotique" sur le site Tibet-doc.
[3] Voir l’article "La Chine s’engage à renforcer le contrôle des monastères du Tibet".
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