Le monastère de Tsang (Amdo) sous haute surveillance policière

Un autre monastère de la province de l’Amdo (actuel Qinghai) est surveillé par les autorités de sécurité chinoises après que plusieurs milliers de Tibétains, menés par des moines, aient organisé une marche de protestation appelant à la liberté pour le Tibet et à la libération des manifestants détenus.

Selon des sources, le monastère de Tsang, Comté de Sogpo [1], est encerclé par les forces de sécurité depuis le dimanche 18 mars 2012, après la marche de protestation vers le bureau du Comté.
Ces mêmes sources ajoutent que de plus amples détails n’ont pas pu être obtenus car les connexions téléphoniques dans la région avaient été coupées.

Le monastère est situé au sud de Rebkong, là où ont eu lieu les dernières auto-immolations [2] et des protestations contre la domination chinoise dans les provinces peuplées de Tibétains. [3]

La manifestation décrite comme "pacifique", s’étant déroulée à Sogpo, a fait suite à trois jours de distributions de tracts lors desquelles des affiches et des dépliants ont été mis à 30 endroits différents, dans et autour du monastère de Tsang, rapporte un participant aux manifestations, communiquant avec Radio Free Asia par le biais d’un intermédiaire à Londres.

"Au début, les affiches sont apparues autour du monastère le 15 mars 2012, et le lendemain matin, le 16 mars, les autorités chinoises ont appelé le monastère de Tsang et demandé des explications à la direction du monastère", raconte cette source.

Les principales demandes sur les affiches étaient le retour au Tibet du Dalaï Lama, "les droits fondamentaux de l’homme" pour les Tibétains vivant sous la domination chinoise, et la préservation de la langue tibétaine, de la culture, et de l’environnement, a-t-il dit.
En outre, les affiches disaient que la Chine et les Nations unies seraient "responsables" de la vie d’un haut dignitaire religieux, Shingza Rinpoché, qui, avec d’autres manifestants tibétains ont entrepris une grève de la faim en face du bâtiment du siège de l’ONU à New York. La grève de la faim s’est achevée jeudi 22 mars, sans incident. [4]

"Dans la soirée du 17 mars, des tracts sont réapparus, disant qu’une manifestation pacifique aurait lieu le lendemain, et avertissant que les manifestants s’immoleraient eux-mêmes par le feu en cas de tentative d’intervention", poursuit cette même source.

Enfin, le 18 mars, 16 moines du monastère de Tsang, accompagnés de quatre laïcs, se sont rendus au bureau du Comté de Sogpo pour exiger la libération de trois moines, condamnés à des peines de prison de 10 ans pour avoir participé à des manifestations en mars 2008.
Les trois détenus ont été identifiés comme étant Choktrin Gyatso, Tsulsang Gyatso, et Khedrub Gyaltsen.
Après avoir protesté pendant une demi-heure, le groupe de 20 personnes a été arrêté, provoquant une marche de protestation vers le siège du Comté de Sogpo comprenant 300 à 400 moines supplémentaires pour demander leur libération.
"Dès le début, près de 2 000 personnes ont rejoint la manifestation, et vers 16h30 (heure locale), le nombre était monté à 4 000. La police chinoise a libéré les moines de Tsang, et ils ont été ramenés à leur monastère".

Lundi 19 mars, un haut fonctionnaire d’une préfecture voisine est venu au monastère de Tsang et a parlé avec les moines de leurs préoccupations.
"Les moines ont dit que les protestations étaient le résultat de l’incapacité du gouvernement, depuis longtemps, à répondre aux doléances du peuple tibétain".
"Ils ont également dit que les manifestations avaient été organisées uniquement par eux-mêmes, et non par quiconque à l’étranger", faisant référence à l’Administration Centrale Tibétaine, basée en Inde, et au Dalaï Lama, régulièrement accusé par les dirigeants chinois de tenter de réveiller les "turbulences" dans la région.

Source : Radio Free Asia, 22 mars 2012.