Il roule pour le Tibet
dimanche 30 avril 2000 par Webmestre
David Lutt, un Français de trente ans, est parti de France le 1er janvier 1999 pour un tour de l’Asie en bicyclette. Son but premier : un peu de tourisme !
Passant par l’Egypte, la Jordanie, la Syrie, la Turquie, l’Iran, le Pakistan et la Chine, il arriva au Tibet parcourant 13 000 Km et franchissant plusieurs cols atteignant 5 000 m d’altitude.
David Lutt roule pour le Tibet - 14 mars 2000
Au Tibet, il prit connaissance de ce peuple qui lutte depuis 40 ans pour préserver son identité ethnique, religieuse et culturelle. Le jeune cycliste fut profondément ému par la situation des Tibétains, leur gentillesse et leur accueil chaleureux et simple. Après plusieurs semaines de séjour sur le Toit du Monde, David s’achemina vers le Népal avec dans la tête et le coeur l’envie de retrouver les Tibétains aussi vite que possible. A Kathmandu, il « tomba » par hasard sur le livre « Le Feu sous la Neige » du Ven. Palden Gyatso, qui a séjourné 33 ans dans les geôles chinoises.
David Lutt parcourut l’ouvrage avec avidité, les larmes aux yeux et décida qu’il devait à tout prix rejoindre les Tibétains et entreprendre une action quelconque en faveur de leur lutte pour l’indépendance. Sur sa carte d’Asie, il traça son prochain itinéraire et point de chute : Dharamsala.
Mars 2000 le vit arriver à Dharamsala, le siège en exil du Dalai Lama et du gouvernement tibétain. Aussitôt, David se mit à la recherche de Palden Gyatso, et le trouva avec une facilité déconcertante.
« Je veux aider votre peuple... Comment dois-je faire ? » annonça-t-il au vieux moine militant.
Palden Gyatso l’envoya au représentant du Comité de Soutien au Peuple Tibétain de Dharamsala.
« Entre Français vous vous comprendrez et cette association a tout mon soutien à cause de leur efficacité et de leur réelle sincérité... » précisa l’ancien prisonnier politique tibétain.
La nouvelle ferveur de David Lutt prit rapidement forme dans un projet extraordinaire...
Le 14 mars, le National Democratic Party of Tibet, des représentants de toutes les ONG tibétaines, le « welfare officer » tibétain de Dharamsala, le directeur du monastère de Tsechokling, la représentante CSPT de Dharamsala, les médias tibétains et le public de Dharamsala saluèrent chaleureusement et avec une profonde émotion ce jeune Français qui enfourchait sa bicyclette pour un tour un peu particulier, les épaules recouvertes d’un monceau de khatas.
Dans sa poche, une pétition en faveur de l’indépendance pour le Tibet qu’il fera signer dans les pays qu’il traversera, et une lettre de soutien du CSPT pour collecter des fonds pour les anciens prisonniers politiques tibétains, le guidon orné de drapeaux de prières, une photo du Dalai Lama épinglée sur sa poitrine, un drapeau national tibétain flottant au vent.
David s’en va vers l’Australie via la Thailande, la Malaisie, Singapour, et l’Indonésie. A son arrivée à Sidney, il remettra sa pétition ainsi qu’un drapeau national tibétain au Comité International des Jeux Olympiques.
Les fonds collectés pour les anciens prisonniers politiques tibétains seront versés dans leur intégralité au Comité de Soutien au Peuple Tibétain France. Le bureau de SS le Dalai Lama, le gouvernement tibétain (Kashag et le Ministère des Relations Internationales) ont été informés de l’action de David Lutt par le bureau du CSPT à Dharamsala.
« Maintenant, je sais pourquoi je "roule". Je suis très sincèrement heureux de mon action en faveur du peuple tibétain et très touché par le soutien du CSPT et des Tibétains en exil... »
David Lutt roule pour le Tibet - 30 avril 2000
- David en Australie devant le mont Uluru
- © Radio France.
Je viens juste d’arriver à Bangkok après trois semaines de vélo à travers le Cambodge. La première chose qui surprend quand on arrive au Cambodge, c’est le sourire des gens. Il est sur tous les visages ! La deuxième chose, c’est l’état catastrophique des routes. En roulant, j’avais l’impression de faire une sorte de « Camel trophy ». C’est comme si tous les 10 mètres une mine avait explosé au milieu de la route. Evidemment pas d’asphalte, donc lorsqu’il pleut je te laisse imaginer l’état de la route (et le mien !). Mais il faut dire qu’Angkor Vat mérite bien ces quelques difficultés. Quelle splendeur ! Tous ces anciens temples, certains recouverts par la végétation, restent extraordinaires de beauté. De vieux Cambodgiens continuent d’y offrir leurs prières aux multiples statues de Bouddha, laissant partout une odeur d’encens et une impression mystique particulière. Puis j’ai mis le cap vers Phnom Penh, la capitale. J’y ai vécu un moment assez fort en rencontrant la famille de Rathanak (Rathanak est un Cambodgien adopté en 1976 par l’une de mes tantes. Il vit toujours en France mais sa soeur habite au Cambodge). J’y ai eu également l’honneur d’y faire ma première télé : six minutes de reportage en train de faire du vélo dans les rues de Phnom Penh et quelques interviews pour parler de mon voyage et de mon projet pour le Tibet. Le début de la célébrité sur TV Kampuchéa ! J’ai également pu parler du Tibet grâce à un article paru dans le « Cambodge soir ». Je vais essayer de t’en envoyer un exemplaire. Cela m’a fait vraiment plaisir de pouvoir parler du Tibet car les gens ne donnent pas facilement de l’argent et la pétition n’avance pas non plus tellement. Cela se remplit doucement mais comme je fais du vélo la plupart du temps, ce n’est pas toujours évident ! Donc grâce aux média, je pense que je touche beaucoup plus de monde, et c’est bien cela l’essentiel. Il faut parler du Tibet, en parler et en reparler !
Et puis j’ai fini mon tour du Cambodge par Sihanoukville alias Kompong Som, une ville tranquille en bord de mer. De belles plages et du bon poisson après tous ces kilomètres ! Enfin retour en Thaïlande, en bateau pour traverser la frontière puis en vélo pour rejoindre Bangkok. En tout quelques 1 500 kilomètres et quelques belles photos, notamment des gamins cambodgiens tenant le drapeau tibétain devant Angkor Vat !
Je compte rester ici deux ou trois jours puis mettre le cap plein sud.
Certains me disaient « tu vas voir ce que c’est que d’être fasciné par l’Asie ». Je ne veux pas établir de conclusions trop hâtives mais pour l’instant c’est plutôt la déception qui l’emporte. Ici tout est toujours calme, rien ne semble jamais se passer. Surtout en Thaïlande, les gens semblent blasés. Impression d’une atmosphère aseptisée. Il y a assurément de très beaux endroits à voir, mais la vie n’a pas ce côté si intense qu’on peut trouver au Pakistan, en Inde, en Syrie, au Kurdistan, au Tibet... Par rapport au reste de mon voyage, l’aventure a ici un goût franchement différent. Ca manque de sel, ca manque d’épices ! Enfin, je ne voulais pas te quitter avant de dire un mot sur l’industrie du sexe en Asie. Je n’ai rien contre la prostitution, tout le monde sait que c’est le plus vieux métier du monde. Mais quand les gamines ont 12 ou 13 ans, ça devient franchement dégueulasse, immoral, à vomir. J’ai vu des choses vraiment écoeurantes, surtout au Cambodge, des Occidentaux clamant haut et fort qu’ils étaient des « touristes sexuels », des minettes pas encore formées s’offrant à eux pour 3 à 5 dollars et j’en passe...
David
30 avril 2000
Source : correspondant à Dharamsala
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