En 2012, forte augmentation des infractions concernant la "sécurité de l’Etat" en Chine
mardi 7 janvier 2014 par Rédaction , Monique Dorizon
La fondation américaine Dui Hua, citant des statistiques officielles, affirme dans un rapport que le nombre de personnes détenues en Chine pour des infractions concernant la "sécurité de l’état" a augmenté de près de 20 % en 2012, la majorité des arrestations étant effectuées dans les zones de troubles ethniques récurrents.
La Chine a arrêté 1 105 personnes pour des crimes qui relèvent de la catégorie des "atteintes à la sécurité de l’État" en 2012, une hausse de 19 % par rapport à 2011.
Conformément à l’Annuaire judiciaire 2013 de la Chine, le nombre de personnes mises en accusation a augmenté de 8 % pour atteindre le chiffre de 1 049, a indiqué le groupe, soulignant que la région du Turkestan oriental (Xinjiang) représente une part importante des audiences liées à la sécurité.
Dui Hua estime que le Xinjiang a représenté 75 % de ces procès en 2012 et 86 % en 2011. Pourtant, la Fondation n’a enregistré que 17 cas de prisonniers condamnés l’an dernier pour des infractions en relation avec la sécurité de l’État, essentiellement parce que les détails de ces cas sont considérés comme "secrets d’État".
Les atteintes à la "sécurité de l’État" peuvent inclure le "séparatisme", accusation souvent portée contre la résistance pacifique à la règle du Parti communiste chinois au pouvoir, dans les zones de minorités ethniques comme le Tibet, le Turkestan oriental (Xinjiang) et la Mongolie intérieure.
Cependant, Dui Hua a également placé "l’incitation à la subversion contre le pouvoir de l’Etat" dans cette catégorie, charge utilisée pour emprisonner des dissidents de premier plan qui appellent à la réforme démocratique et critiquent le Parti.
Dui Hua a déclaré que trois Tibétains - Yonten Gyatso (condamné à 7 ans de prison et soutenu par Tibet Lib), Lobsang Tashi (condamné à 7 ans de prison) et Bu Thupdor (condamné à 7 ans et demi de prison) - ont été emprisonnés en juin et septembre 2012 pour "acquisition illégale de secrets d’Etat pour des entités étrangères".
Les Tibétains Tseyang (condamné à 7 ans de prison) et Jigme Drolma (condamné à 3 ans de prison), tous deux de la Province du Sichuan, ont également été emprisonnés pour "incitation au séparatisme". (…)
Conformément à cet Annuaire chinois, les autorités mettent en œuvre une politique de "forte pression" vis-à-vis des crimes contre la sécurité de l’État :
"(Nous devons) combattre résolument les crimes de séparatisme, subversion, terrorisme et toutes sortes d’organisations cultuelles, conformément à la loi pour assurer la sécurité de l’État et la stabilité sociale et politique, renforcer la position dominante du Parti, et défendre le régime socialiste".
Les médias officiels ont rapporté que le nombre "d’incidents terroristes violents" a dépassé 190 en 2012, selon le rapport de Dui Hua.
"Dans les régions tibétaines, la fréquence des auto-immolations [1] a augmenté considérablement avant le 18ème Congrès du Parti en novembre 2012", poursuit le rapport.
Au cours de la réunion du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, la délégation chinoise a accusé le chef spirituel du Tibet, la "clique du Dalaï Lama" d’être à l’origine de l’organisation des immolations.
Les dirigeants de la Chine ont récemment annoncé qu’ils allaient mettre en place un "Comité de la sécurité nationale", qui devrait se concentrer sur les menaces internes, en particulier dans les régions du Xinjiang et du Tibet.
"En raison de mouvements indépendantistes réels et perçus, les Ouïghours et les Tibétains subissent le poids de la répression contre le séparatisme et le terrorisme", affirme le rapport de Dui Hua, ajoutant que le terrorisme n’est pas classé comme une atteinte à la sécurité de l’État en Chine.
Le militant Qin Yongmin, défenseur des droits, dit que la hausse du nombre de cas concernant la sécurité de l’État montre une approche plus extrémiste de la part de la direction de la Chine vis-à-vis de la dissidence, au cours des dernières années.
"Les gens qui ont été arrêtés au cours des dernières années ont tout simplement exercé leur droit à la liberté d’expression, et les personnes arrêtées ont toutes été des dissidents politiques appelant au changement", a-t-il dit.
"Les gens ont exprimé leurs revendications sous la forme de protestations, réunions et manifestations", a déclaré Qin, qui fut lui-même emprisonné pour subversion après avoir aidé à mettre en place le Parti démocratique de Chine, parti d’opposition interdit (CDP).
Hu Ping [2], rédacteur en chef du magazine américain en ligne, "Printemps de Pékin" [3], a déclaré qu’il n’était pas surpris de la hausse des arrestations liées à la sécurité d’Etat.
"(Le Président) Xi Jinping maintient la politique de forte pression pour maintenir la même stabilité que son prédécesseur Hu Jintao", a dit Hu Ping.
Celui-ci a ajouté que cette approche avait, cependant, peu de chance d’être efficace.
"Il y aura toujours beaucoup de gens qui iront protester, et élèveront la voix pour s’exprimer, donc la politique de la forte pression est maintenant devenue quelque chose dont ils ne peuvent se passer", a-t-il dit.
"Le gouvernement tente d’empêcher le mouvement pro-démocratie de se développer, et de faire en sorte que les gens vivent dans une peur constante", a ajouté Hu Ping.
Dilshat Reshit, porte-parole du Congrès mondial des Ouïghours (C.M.O.), basé à Munich, a déclaré qu’il pensait que les chiffres ne prenaient pas en compte un grand nombre de Ouïghours détenus secrètement ou "disparus" depuis les événement violents de juillet 2009 [4].
Source : Radio Free Asia, 28 novembre 2013.
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[1] Voir l’article et la carte récapitulative des immolations.
[2] Voir la description de son livre "La pensée manipulée. Le cas chinois"
[3] Voir la description de ce journal par Courrier International
[4] Voir l’article "Émeutes au Turkestan oriental (Xinjiang) - Message de S.S. le Dalaï Lama", du 08/07/2009.
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