Discours de Sa Sainteté le Dalaï Lama (Washington, USA)
lundi 9 novembre 1998 par Webmestre
"Lors de ma dernière rencontre avec le Président Clinton, j’ai été très touché par son accueil chaleureux et franc, et par l’intérêt véritable qu’il porte à la situation au Tibet. En tant que Tibétain, je lui suis reconnaissant de son attention continue quant à l’engagement du peuple tibétain et de ses efforts pour encourager un accord négocié afin de résoudre la question tibétaine. Je considère le Président Clinton comme un ami, tant des Tibétains que du peuple chinois. J’ai été très heureux de rencontrer à nouveau Mme Hillary Clinton, dont j’admire beaucoup le dévouement pour les causes humanitaires. Je dois également rencontrer dans les jours qui viennent le Vice-Président, Al Gore, que je connais déjà depuis quelques années, et que je respecte comme un responsable clairvoyant.
J’admire profondément l’engagement du Président Clinton dans la recherche de solutions au conflit actuel dans les différentes parties du monde - en Irlande du Nord, en Bosnie, ainsi qu’en Extrême-Orient - concernant les relations sino-taiwanaises et le Tibet. Je pense que la puissance économique et militaire ne peut à elle seule définir la grandeur d’une nation. L’affirmation d’un rôle de leadership au sein de la communauté internationale demande un dévouement constant à la paix, à la liberté et à la justice, caractéristiques dont le Président Clinton a régulièrement fait preuve.
Durant notre entretien, le Président Clinton m’a parlé de sa rencontre avec le Président Jiang Zemin, à Beijing, en juin dernier, et de ses efforts conséquents pour encourager le dialogue entre le gouvernement chinois et mes représentants. J’ai été encouragé par la volonté du Président Jiang de discuter en profondeur du Tibet avec le Président Clinton, et par son affirmation publique stipulant que la porte est ouverte au dialogue et aux négociations. Le Président Jiang a fait un certain nombre de pas, non seulement de bon augure pour la Chine, mais qui contribue également à améliorer la position internationale de la Chine. Le Président Jiang a aussi montré un intérêt personnel pour le Tibet.
J’ai exprimé mon engagement pour le processus de dialogue comme moyen de résoudre le problème tibétain. C’est pourquoi, quand le Président Jiang a demandé une clarification publique de ma part sur certaines questions durant sa conférence de presse avec le Président Clinton à Beijing, je n’ai pas hésité à accueillir favorablement sa déclaration, et à montrer clairement que je suis prêt à y répondre. Cependant, je ne veux pas faire de déclaration unilatérale sans avoir pu consulter auparavant officieusement les dirigeants chinois.
Je pense que de telles consultations officieuses doivent être recherchées systématiquement de manière à prévenir tout malentendu et à recevoir une réponse positive de la part des dirigeants chinois.
Je ne demande pas l’indépendance pour le Tibet, et aucune de mes actions ne cherche sa sécession de la République Populaire de Chine. Je suis pour l’autonomie, une véritable autonomie pour le peuple tibétain, qui lui permette de préserver sa propre identité et son mode de vie. Je ne cherche aucun privilège pour moi-même.
Au contraire, j’ai dit clairement et catégoriquement il y a quelques années que je ne voulais pas avoir de position officielle une fois que nous aurions trouvé une solution à la question tibétaine. Je pense sincèrement que mon approche médiane contribuera à la stabilité et à l’unité de la République Populaire de Chine. Cette approche de base a été conçue au début des années ’70 alors même qu’il n’y avait aucune possibilité immédiate de nouer un dialogue avec les dirigeants chinois, et que la Chine était en pleine Révolution Culturelle. J’ai adopté cette approche parce que je pensais que c’était notre intérêt mutuel à long terme.
Après l’expérience des quarante dernières années, il n’est pas surprenant qu’il y ait aujourd’hui une atmosphère de profonde méfiance entre Tibétains et Chinois. Cette méfiance ne disparaîtra pas en un jour. Elle se dissipera uniquement à travers un dialogue sincère, et je suis prêt à répondre à l’offre du Président Jiang de s’engager dans un tel dialogue.
Avec de la bonne volonté des deux côtés, avec un engagement pour la non violence et la réconciliation, nous pouvons amener ensemble paix et stabilité au Tibet ainsi qu’une harmonie durable entre les peuples tibétain et chinois.
J’aimerais exprimer mes profonds remerciements au gouvernement des États-Unis et au peuple américain pour leur compréhension et leur soutien au peuple tibétain".
- Sa Sainteté Le Dalaï Lama
Source : ICT / WTNN / Traduction : Tibet Info
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