Des Chinois s’expriment sur les immolations tibétaines
mercredi 13 mars 2013 par Rédaction , Monique Dorizon
Pour la plupart, les Chinois ont une opinion compatissante envers la cause du Tibet, mais ne soutiennent pas obligatoirement les auto-immolations contre le gouvernement chinois dans les régions peuplées de Tibétains, selon une enquête menée par Radio Free Asia.
En même temps, des Chinois vivant dans les régions tibétaines font attention à leurs commentaires sur les manifestations par le feu s’étant déjà déroulées, selon le sondage réalisé auprès de 30 citoyens chinois au cours de ces derniers mois.
"La domination des (Chinois sur les) Tibétains et la persécution d’une race sur l’autre, visant à éliminer leur culture, est inacceptable dans le monde d’aujourd’hui", dit une femme vivant dans la province chinoise de Jilin,au nord-est.
"Il est inacceptable qu’une race puisse opprimer les droits de l’autre", dit-elle au sujet des inquiétudes tibétaines sur l’effritement de leurs religion, culture, et langue de par les politiques gouvernementales chinoises visant à réprimer les monastères et d’autres institutions tibétaines.
Un Chinois vivant dans la province de Guizhou dit qu’il soutient "de tout cœur" et prie pour ces Tibétains qui se sont immolés "pour la cause du peuple tibétain". "Je leur souhaite de réussir. Puissent leurs aspirations être satisfaites !".
Ces manifestations par auto-immolation sont une expression de la "souffrance au Tibet", dit un autre Chinois, qui travaille comme guide dans la province orientale d’Anhui.
"La politique chinoise au Tibet a entraîné la mort de beaucoup de gens de là-bas", dit-il, ajoutant : "c’est une politique d’agression vis-à-vis du peuple tibétain". "Je crois qu’ils ont le droit d’exprimer leurs idées", dit-il.
La plupart des interviewés ont parlé sous couvert d’anonymat, et tous n’ont pas exprimé de soutien aux manifestations tibétaines.
"Si les Tibétains ont le choix, il est mieux pour eux de ne pas se mettre le feu", dit une femme, réceptionniste dans un hôtel de la ville de Nanjing, en Chine orientale.
"Quand les gens entendent parler de ce genre d’incidents, leur première impression est que (les auto-immolés) n’ont aucun respect pour leur vie". "La démarche extrême de prendre sa propre vie en brûlant ne peut être justifiée", dit-elle, "mais je ne suis pas celle qui se met le feu, aussi est-il difficile de faire un commentaire".
D’autres parlent des risques pris en s’attaquant au gouvernement chinois sur le problème sensible du Tibet.
"S’opposer à la dictature communiste chinoise n’est pas une tâche facile", dit une étudiante d’une université de la province occidentale du Sichuan.
"Vous vivez dans la peur constante du risque pour votre propre vie. Pour la plus petite transgression, vous pouvez être arrêté(e)", dit-elle.
Un ouvrier de Mongolie intérieure – où beaucoup éprouvent du ressentiment contre le gouvernement chinois et manifestent contre les politiques chinoises dans la région dans les domaines de la terre, la langue, l’éducation et l’environnement – fait remarquer que la censure chinoise sur les informations a maintenu beaucoup de Mongols "dans l’obscurité" sur le problème des auto-immolations.
"Donc, il n’est pas approprié pour moi de commenter le problème", dit-il.
Un instituteur chinois vivant dans la province du Qinghai, région peuplée de Tibétains où de nombreuses immolations ont eu lieu, dit qu’il a trop "peur" de parler ouvertement du problème.
"Si ce que je dis ne suis pas la ligne officielle, et que les fonctionnaires compétents sont mécontents, je serai à leur merci car ils ont tout le pouvoir et l’argent", dit-il.
"Notre société n’a pas de système protégeant les pauvres et les faibles, et nous sommes toujours à l’extrémité de la réception de la colère officielle". "Aussi ai-je peur de parler de cela", dit-il.
Les tribunaux chinois ont emprisonné plus d’une dizaine de Tibétains, dont des moines, en relation avec les manifestations par immolation au cours des dernières semaines. Certains ont reçu des condamnations pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison [1].
Source : Radio Free Asia, 12 mars 2013.
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[1] Voir les articles :
"De nombreuses détentions liées aux immolations au Tibet", du 05/12/2012 ;
"Arrestation de trois moines tibétains pour une cérémonie de prières en faveur d’un martyr", du 06/01/2013 ;
"Quinze personnes arrêtées suite aux immolations", du 18/01/2013 ;
"Condamnation à mort et lourde peine pour deux Tibétains accusés "d’incitation à l’immolation"", du 02/02/2013 ;
"Six Tibétains condamnés à de lourdes peines en relation avec une immolation", du 05/02/2013 ;
"Arrestation de l’oncle d’un martyr pour avoir participé à une procession lors de ses funérailles", du 06/02/2013 ;
"Un nouveau Tibétain condamné pour "incitation aux immolations"", du 08/02/2013 ;
"La propagande contre les immolations fait maintenant partie de la "campagne d’éducation patriotique"", du 09/02/2013 ;
"9 Tibétains jugés pour incitation à l’immolation dans la province du Gansu", du 02/03/2013.
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