Campagne d’éducation politique auprès des membres du Parti et des fonctionnaires à Lhassa
lundi 21 avril 2008 par Rédaction , Monique Dorizon
Selon le journal officiel "Tibet Daily", le Parti communiste chinois a lancé à Lhassa une campagne "d’éducation patriotique" auprès des fonctionnaires et membres du parti.
Cette campagne pour "combattre le séparatisme, protéger la stabilité et promouvoir le développement" se focalisera sur "l’unification de la pensée et la force de cohésion des fonctionnaires et des masses, approfondissant la lutte contre le séparatisme et contre-attaquant les conspirations séparatistes de la clique du Dalaï Lama".
Les membres du Parti et les fonctionnaires seront évalués sur leur "performance" lors de la campagne des deux mois à venir, qui comprendra des programmes de télévision et des séances de dénonciations organisées.
L’importance des forces militaires dans les différentes régions du Tibet, la fermeture complète de la région au tourisme, et maintenant la campagne de rééducation patriotique laissent penser que le gouvernement craint des bases de mécontentement beaucoup plus larges, incluant également des officiels au Tibet et des membres du Parti.
"Ils n’auraient jamais pensé que les manifestations puissent durer un mois et demi", écrit Wang Lixiong [1], en parlant des dirigeants chinois.
"Le niveau de résistance a été pour eux un choc, parce qu’ils croyaient leur propre propagande sur le Tibet, pensant que tout était sous contrôle".
Pendant ce temps, la police chinoise a annoncé le 18 avril avoir porté à 170 le nombre de noms figurant sur la liste des personnes "les plus recherchées pour leurs activités violentes", selon les autorités, lors des émeutes sanglantes de Lhassa en mars 2008.
Le chef de la police de Lhassa Jiang Zaiping a indiqué sur la télévision nationale CCTV que sur ces 170 personnes, 82 avaient déjà été arrêtées et que 11 s’étaient rendues.
Le 9 avril, le président de la région du Tibet, Qiangba Pucong, avait déclaré que la liste de "personnes les plus recherchées pour leurs activités violentes" comptait 93 noms. Il avait également indiqué que 953 personnes impliquées dans les émeutes avaient été interpellées, dont 403 inculpées.
M. Zaiping a précisé qu’au total 365 personnes s’étaient livrées à la police. Beaucoup d’entre elles ont été relâchées, leurs délits ayant été condidérés comme mineurs.
Ce week-end (19-20 avril), Pékin a légèrement levé son interdiction de manifester en autorisant des citoyens à dénoncer le Dalaï Lama et à demander le boycott de sociétés accusées de le soutenir, incluant la chaîne de supermarchés Carrefour, présente en Chine. Mais alors que les médias chinois officiels ont encouragé ces mouvements patriotiques, ils ont aussi reflété un malaise officiel grandissant vis-à-vis de la colère contre l’Occident.
"Dans leur esprit, ce mécontentement pourrait facilement se retourner contre eux, en accusant le gouvernement d’être trop souple", ajoute Wang Lixiong.
Des manifestations contre les intérêts occidentaux pourraient en effet ternir l’image du pays juste avant les Jeux olympiques.
[1] Wang Lixion fait partie des intellectuels chinois qui ont signé le 22 mars 2008 un appel au gouvernement chinois pour appeler au dialogue avec le Dalaï Lama.
Spécialiste du Tibet et prônant son auto-détermination, il avait déjà eu l’occasion de prendre fréquemment position en faveur du Tibet, en dénonçant la distortion des faits dans l’Histoire officielle en Chine, ou par exemple lors de l’arrestation de Tenzin Delek Rinpoché
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