Barack Obama reçoit le Dalaï Lama, malgré la colère de Pékin

dimanche 17 juillet 2011 par Rédaction

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Obama reçoit le Dalaï Lama le 16 juillet 2011
© AFP (Seule photo publiée par la Maison Blanche)

Le président Barack Obama a défié les avertissements de Pékin et reçu le 16 juillet 2011 à la Maison Blanche le Dalaï Lama, à qui il a fait part de son "soutien appuyé" en faveur des Tibétains et de son "inquiétude sincère" au sujet des Droits de l’Homme au Tibet..
"Le président a loué l’engagement du Dalaï Lama en faveur de la non-violence et du dialogue avec la Chine", ainsi que sa recherche de la "Voie Médiane" [1], a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche dans un communiqué.
"Il a souligné l’importance de la protection des Droits de l’Homme pour les Tibétains en Chine".
Selon le communiqué de la Maison Blanche du 15 juillet, l’entrevue de Barack Obama avec le Dalaï Lama vise à apporter un "soutien durable au dialogue entre les représentants du Dalaï Lama et le gouvernement chinois afin de résoudre leurs divergences". L’entrevue "illustre le soutien vigoureux du président en faveur de la préservation de l’identité religieuse, culturelle et linguistique unique du Tibet et de la protection des Droits de l’Homme des Tibétains".

Le Dalaï Lama a confié à l’AFP peu après la rencontre, qui a duré 45 minutes, que Barack Obama est "le président de la plus grande démocratie, il a donc naturellement manifesté de l’inquiétude au sujet des valeurs humaines élémentaires, des Droits de l’Homme et de la liberté religieuse". "Par conséquent, il a montré une inquiétude sincère au sujet des souffrances au Tibet mais aussi dans d’autres endroits", a-t-il ajouté.
Qualifiant l’entrevue de "retrouvailles spirituelles", le Dalaï Lama a affirmé se sentir proche de Barack Obama "à un niveau humain", tout en rappelant que ses relations avec les autres présidents américains avaient été tout aussi chaleureuses. [2]

La Maison Blanche avait multiplié les précautions pour assurer une discrétion maximale à la rencontre en prévision du courroux de Pékin, annonçant cette entrevue au dernier moment, le 15 juillet au soir.
Les journalistes n’ont pas été conviés et aucune photo n’a pu être prise par la presse de l’entrevue, qui a eu lieu dans la Salle des cartes de la résidence, et non dans le bureau Ovale, où sont reçus les chefs d’État. [3]
Rappelant la position officielle américaine, le porte-parole de la présidence écrit que "les États-Unis ne soutiennent pas l’indépendance du Tibet" et souhaitent qu’États-Unis et Chine coopèrent sur le sujet.
"Le Dalaï Lama a indiqué qu’il ne recherchait pas l’indépendance du Tibet et qu’il espérait que le dialogue entre ses représentants et le gouvernement chinois pourrait bientôt reprendre", poursuit le texte de la présidence. [4]

De son côté, le gouvernement chinois a été piqué au vif par la décision de Barack Obama de recevoir malgré sa mise en garde le Dalaï Lama, considérant que Washington remet ainsi en question l’intégrité territoriale de la Chine et sa souveraineté sur le Tibet.
Dès l’annonce de la nouvelle, le ministère et l’ambassade chinoise aux États-Unis ont "formellement protesté" contre la décision de M. Obama, a précisé M. Hong Lei, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, dans un communiqué posté sur le site internet du ministère, et ce ministère a demandé à Washington "d’annuler immédiatement sa décision d’arranger une rencontre entre le président Obama et le Dalaï Lama". Ces propos ont été confirmés par le Ministre des Affaires Etrangères, Ma Zhaoxu, dans un communiqué sur le site officiel du gouvernement.
"Les États-Unis doivent rester fidèles à leur engagement de reconnaître que le Tibet fait partie de la Chine", indique Hong Lei, exigeant que Washington "n’interfère pas dans les affaires intérieures chinoises" et ne fasse rien qui soit susceptible de "nuire aux relations sino-américaines".
Le chargé d’affaires américain à Pékin a été "convoqué d’urgence" le dimanche 17 juillet au ministère pour y entendre les protestations officielles de la Chine.

Au cours de son séjour de près de deux semaines aux États-Unis, le Dalaï Lama aura notamment vu Mme Ros-Lehtinen, présidente de la commission des Affaires étrangères de la chambre basse du Congrès, John Boehner, président de la Chambre des représentants, et Nancy Pelosi, chef de file des démocrates de la Chambre et défenseur de longue date de la cause tibétaine.

Ileana Ros-Lehtinen, élue républicaine, avait critiqué le 15 juillet le président Barack Obama parce qu’il n’avait pas reçu le Dalaï Lama, en visite à Washington depuis début juillet, l’accusant de céder à la pression de la Chine.
"Il est fort dommage que le président ait cédé à la pression chinoise qui le poussait à ne pas recevoir le Dalaï Lama", a estimé Ileana Ros-Lehtinen.
"La Chine sape les intérêts américains dès qu’elle le peut. (Cet épisode) envoie encore une fois le message négatif que l’administration Obama se laisse malmener par des régimes voyous", a-t-elle encore expliqué. [5]
Le 16 juillet, des internautes chinois ont manifesté leur colère. "Les États-Unis n’ont jamais respecté la Chine. Le moment est venu de vendre nos réserves en dollars [6], pour frapper un grand coup le billet vert", a estimé "freemanchina8".
La télévision nationale chinoise CCTV n’a pas mentionné la rencontre dans son journal de la mi-journée le 16.
A l’occasion des 60 ans de la "libération pacifique" [7] du Tibet par les troupes communistes de Mao Tsé-toung, le gouvernement a publié un "Livre blanc sur le développement du Tibet", selon lequel "l’indépendance tibétaine" fait "partie d’un plan des agresseurs occidentaux pour dépecer le territoire chinois".

Source : AFP, 16 juillet 2011.

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[1] Voir l’article "La politique de la "Voie Médiane"".

[2] Rencontres précédentes des présidents américains avec le Dalaï Lama
- Avant 1991 : Bill Clinton avait rencontré le Dalaï Lama, mais jamais sur invitation formelle. Il avait rejoint le Dalaï Lama alors que celui-ci était en entretien avec Al Gore.
- 1991 : G. H.W. Bush accueille le Dalaï Lama à la Maison Blanche
- 23 mai 2001 : G. W. Bush reçoit le Dalaï Lama à la résidence présidentielle.
- 10 septembre 2003 : G.W. Bush reçoit le Dalaï Lama à la résidence présidentielle.
- 9 novembre 2005 : G.W. Bush reçoit le Dalaï Lama à la résidence présidentielle.
- 17 octobre 2007 : Le Président et le Congrès rendent hommage au Dalaï Lama, pour honorer un "symbole universel de paix et de tolérance", apparaissent en public avec lui, et lui décernent la Médaille d’Or du Congrès, la plus haute distinction civile, sous la coupole du Capitole.
- 18 férier 2010 : Le président américain Barack Obama, faisant fi des protestations de Pékin, a reçu le Dalaï Lama et l’a assuré de son "fort soutien" à la culture tibétaine.

[3] Lorsqu’il avait été reçu le 18 février 2010 par Barack Obama, le Dalaï Lama avait été photographié par l’AFP quittant la Maison Blanche par une porte latérale.

[4] Neuf séances de négociations entre émissaires du Dalaï Lama et Pékin, dont la dernière en janvier 2010, ont eu lieu mais sans produire de résultats tangibles, faisant croire à de nombreux Tibétains que les Chinois jouaient la montre et attendaient la mort du moine bouddhiste de 76 ans.
Voir l’article "Chronologie des contacts sino-tibétains depuis 1979"

[5] NdR Encore une bonne occasion perdue de se taire ? :-))

[6] Pékin détient 1 153 milliards de dollars de bons du Trésor

[7] Voir l’article "60ème anniversaire de la "libération" du Tibet", du 24/05/2011


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