Wikileaks et le Tibet : la Chine paie la police népalaise pour arrêter des Tibétains
lundi 20 décembre 2010 par Rédaction
Comme de nombreux observateurs l’avait pressenti, la Chine paie la police népalaise pour arrêter des réfugiés tibétains qui traversent la frontière pour échapper aux persécutions, selon des télégrammes diplomatiques américains publiés par le site WikiLeaks. [1]
L’une des notes, envoyée par un officier à l’ambassade américaine de New
Delhi en février, cite une source indiquant que la Chine "récompense (les
forces népalaises) par des incitations financières aux officiers qui arrêtent
des Tibétains tentant de quitter la Chine".
"Pékin a demandé à Katmandou de renforcer les patrouilles (...) et de
rendre plus difficile l’entrée des Tibétains au Népal", écrit dans un
télégramme publié le 19 décembre 2010 l’une des sources de l’ambassade.
Un porte-parole de la police népalaise à Katmandou a démenti les
accusations, les jugeant "sans fondements".
"Nous arrêtons ceux qui entrent au Népal illégalement et les remettons aux
autorités népalaises de l’immigration", a déclaré le 20 déc. ce porte-parole à
l’AFP.
Des milliers de Tibétains entreprennent chaque année un voyage dangereux
vers le Népal pour fuir la répression politique et religieuse dont ils
sont victimes en Chine. Ils sont normalement libres de circuler au Népal en vertu d’un accord informel entre le gouvernement et l’agence des Nations-unies mis en place en 1989 lorsque le Népal cessa de leur accorder le statut de réfugiés.
Avec l’assistance des Nations-unies, nombre d’entre eux repartent ensuite
vers Dharamsala, dans le nord de l’Inde, où une grande communauté s’est
établie sous l’autorité du gouvernement tibétain en exil et du Dalaï Lama, qui
y vit depuis 1959 après l’échec d’un soulèvement antichinois à Lhassa.
Mais leur nombre a brutalement chuté depuis que les émeutes au Tibet en
mars 2008 ont conduit la Chine à renforcer sa sécurité à la frontière et à
presser les autorités népalaises d’endiguer le flux de réfugiés. [2]
En juin 2010, le Népal, bordé par la Chine au Nord et par l’Inde, à l’est, au sud et à l’ouest, a reconduit à la frontière chinoise trois exilés tibétains, s’attirant les critiques du Haut commissariat pour les réfugiés des Nations-unies. [3]
Source : AFP, 20 déc. 2010
Voir également l’article "Problématiques de la communauté tibétaine réfugiée au Népal", du 30 novembre 2010.
[1] Voir cette note en anglais sur le site du "Guardian" qui indique :
"XXXXXXXXXXXX speculated that Beijing has asked Kathmandu to step up patrols of Nepali border forces and make it more difficult for Tibetans to enter Nepal. XXXXXXXXXXXX reiterated this belief to PolOff during a XXXXXXXXXXXX meeting in Delhi, stating "the Chinese government rewards (Nepali forces)" by providing financial incentives to officers who hand over Tibetans attempting to exit China. XXXXXXXXXXXX was optimistic that flow of refugees will soon go back to normal levels because admission statistics for 2010 are surpassing those from an equivalent period in 2009".
[2] De 1980 à nov. 2009, 87 096 réfugiés ont été enregistrés au Centre de réception de Dharamsala, dont 46 620 sont retournés au Tibet après un pèlerinage en Inde et/ou avoir rencontré le Dalaï Lama. La plus grande partie des réfugiés sont des enfants qui suivent un enseignement plus libre qu’au Tibet dans les "Villages d’enfants tibétains" (TCV : "Tibetan Children Villages").
D’avril 2008 à mars 2009, seulement 650 réfugiés sont arrivés au Centre de réception de Dharamsala en un an (soit une cinquantaine par mois contre une moyenne de 250 par mois auparavant). Source.
[3] Ce problème n’est pas nouveau et est cité dans les rapports de l’UNHCR depuis 1959. (Par exemple, liste non exhaustive : 1959, 1960, 1961, 1964 ainsi que des notes comme celle du 31 mai 2003).
Dans le rapport de 2003, l’UNHCR indique "L’UNHCR a coopéré avec le Gouvernement népalais pour permettre à l’Etat 1 815 nouveaux arrivants tibétains d’entrer et de transiter au Népal en toute sécurité. Cependant, malgré une interaction régulière et une bonne coopération, l’UNHCR n’a pu empêcher l’expulsion de certains Tibétains."
Le rapport de 2004 mentionne :
- "L’UNHCR est venu en aide à plus de 2 300 Tibétains et a facilité leur transit vers des pays tiers."
mais s’inquiète de la situation au Népal :
- "Les missions frontalières effectuées par l’Organisation ont permis d’améliorer l’assistance fournie aux Tibétains en transit et seront donc poursuivies. Cependant, l’insécurité croissante qui règne dans le pays fait peser une charge supplémentaire sur les opérations de l’UNHCR, qu’il s’agisse de la sécurité du personnel et des réfugiés, de l’acheminement des secours ou des déplacements de populations vulnérables à l’intérieur des frontières du Népal et au-delà".
Le rapport du 1er déc. 2006 indique :
- "Les Tibétains en transit continueront à avoir besoin d’une assistance et d’une protection, en particulier contre le refoulement."
mais s’inquiète de la précarisation de leur situation :
- "Les quelque 20 000 réfugiés tibétains arrivés au Népal avant 1990 se sont dans une large mesure intégrés sur place. Cependant, beaucoup de leurs droits n’ont toujours pas été officiellement reconnus. De plus, le récent conflit
entre le Gouvernement et les rebelles maoïstes a mis en lumière la précarité de leur situation. L’UNHCR plaide donc pour la délivrance de documents d’identité et l’enregistrement des naissances, des mariages, etc., ainsi que pour un soutien accru du Gouvernement aux Tibétains.
Tandis que d’autres organisations se chargent de l’assistance, leur protection globale est en effet du ressort de l’UNHCR et des autorités népalaises."
Le rapport global 2006 du 1er juin 2007 indique :
- "L’UNHCR a porté assistance à plus de 3 300 Tibétains transitant par le Népal, et notamment à 2 400 nouveaux arrivants.", et
- "Les restrictions imposées par le Gouvernement concernant les permis de sortie ont retardé la mise en oeuvre de solutions durables pour les réfugiés urbains. N’étant pas autorisés à travailler, ceux-ci continuent à dépendre de l’assistance de l’UNHCR. En 2006, les autorités ont cessé pendant cinq mois de délivrer des permis de sortie aux nouveaux arrivants tibétains, provoquant ainsi un engorgement du centre d’accueil et une augmentation des coûts pour l’UNHCR."
NB Les données depuis 2008 n’ont pu être retrouvées en français, alors que c’est à partir de ce moment (mars 2008) que la situation s’est considérablement dégradée.
Sur le site en anglais, on retrouve cependant un document récapitulatif de l’année 2009 indiquant le nombre de 109 réfugiés pour cette année 2009, à comparer aux 2 600 de 2006.
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