Visite d’une délégation du Congrès américain à Lhassa

Des mesures répressives ont été prises par le gouvernement chinois pour faire taire les voix tibétaines et cacher la situation réelle au Tibet avant la visite d’une délégation du Congrès américain.
"Lhassa a été placée en état d’urgence fin octobre et début novembre", a déclaré l’Administration Centrale Tibétaine, citant une lettre reçue de l’intérieur du Tibet.

"Lhassa a connu une répression extrême et les gens ont été constamment endoctrinés avec des idées politiques, en utilisant deux approches, l’une violente et l’autre douce. La liberté d’expression a également été sévèrement restreinte. Tant et si bien que les gens ressentaient des difficultés à bouger leur corps", est-il écrit dans la lettre, décrivant l’angoisse et le tourment du peuple tibétain vécus au cours des jours précédant la visite.

"En outre, les portes d’entrée habituelles du Barkhor, gardées en permanence par du personnel de sécurité, ont tout d’un coup été changées et remplacées par de nouvelles portes et moins de sécurité". "Au premier abord, nous nous demandions quelle était la cause de ces changements. Mais, nous avons vu quelle était leur intention après avoir appris la visite de la délégation des États-Unis", dit la lettre, soulignant la tentative des autorités pour dépeindre à la délégation en visite un environnement détendu à Lhassa.

Se félicitant de la visite de la délégation américaine à Lhassa, la lettre exprime la volonté du peuple tibétain de rencontrer la délégation des États-Unis.
Cependant, elle reconnait qu’il sera difficile pour la délégation de connaître les véritables aspirations du peuple tibétain compte tenu du fait que la visite a été téléguidée par les autorités chinoises.

Plus loin, la lettre exprime la dévotion indéfectible du peuple tibétain de l’intérieur du Tibet à Sa Sainteté le Dalaï Lama et exhorte les Tibétains en exil de suivre les conseils de Sa Sainteté et de préserver la riche tradition culturelle du Tibet.
"Les Tibétains de l’intérieur vont traverser une période difficile. Toutefois, nous ne trahirons jamais le pays sous la pression. Par conséquent, sous la direction de Sa Sainteté le Dalaï Lama, les Tibétains résidant dans le monde libre doivent unir leurs efforts avec une énergie renouvelée pour le mouvement tibétain".
"Nos derniers espoirs et aspirations reposent sur les deux joyaux de Dharamsala : Sa Sainteté le Dalaï Lama et l’Administration Centrale Tibétaine".
En outre, le chef du parti de la "Région Autonome du Tibet", Chen Guoquan, a également averti les membres de son parti et les cadres, d’éviter tout acte répréhensible, juste avant la visite de la délégation américaine dans la région, selon un rapport publié par l’organisme central du parti anti-corruption et pour la discipline, le 9 novembre 2014.
"Nous devons punir sévèrement ces membres du parti et les cadres qui ne disposent pas de fermes croyances et des idéaux, qui ne partagent pas le même esprit avec le parti et le peuple, qui ont « deux faces » quand vient la question importante de ce qui est bien et mal", a déclaré M. Chen.
"Il était important de poursuivre les membres du parti qui « prétendent ne pas être religieux, mais le sont en réalité, » et ceux qui « suivent la clique du 14ème Dalaï Lama »". M. Chen a souligné que les enquêteurs du parti devraient rechercher les membres étant allés en Inde, où vit le Dalaï Lama, pour lui rendre un "culte", ou ceux qui envoient leurs "enfants" ou "d’autres parents" dans les écoles qu’il dirige.

"A la veille de la visite à Lhassa de Nancy Pelosi, chef de file du parti démocrate à la Chambre des représentants des États-Unis, les autorités chinoises ont commandé à 10 membres de chaque division de chaque municipalité, et à six membres de chaque quartier, de participer à la mise en scène des activités religieuses", a déclaré une source à Tibet Post International, parlant sous condition d’anonymat.

Des Tibétains de tous les secteurs de la ville de Lhassa ont été convoqués et forcés de faire la circumambulation autour des sites religieux. "Les monastères de la ville ont également dû organiser des activités religieuses durant les trois jours".
"Beaucoup de gens ont été payés pour leur participation à des activités religieuses", affirme cette source, ajoutant "qu’il aurait été très difficile pour la délégation américaine dirigée par Nancy Pelosi de voir la situation réelle à l’intérieur de la ville, y compris le statut de la liberté religieuse".

Cette même source explique "qu’avant l’arrivée de la délégation des États-Unis, tous les portiques détecteurs de métaux utilisés pour scanner les personnes entrant dans le temple du Jokhang et les tentes de la police régulièrement installées dans la zone centrale du Barkhor, ont été retirés de la zone". "La délégation des États-Unis peut avoir eu une fausse impression de paix et de calme dans la région, mais dans la réalité, la situation est très différente".

La délégation a été reçue dans une "ville de Lhassa Potemkine" où la liberté religieuse et le progrès économique sont appréciés de tous, ils sont susceptibles de n’avoir vu aucun des aspects les plus sombres de la vie tibétaine de la ville.
James McGovern, membre du Congrès américain, a dit :
"Il est juste de dire que je pense que le gouvernement chinois voulait contrôler autant que possible notre visite. Et nous avons vu ce qu’ils voulaient que nous voyons. Nous avons également vu des choses qu’ils ne veulent pas que nous voyons. Nous sommes allés aux réunions comme le gouvernement chinois voulait que nous le fassions. Nous avons également visité des endroits que nous jugions importants pour le peuple tibétain, nos électeurs et un grand nombre de personnes qui ont exprimé des préoccupations au sujet des droits humains au fil des ans. Je pense que nous avons eu une bonne visibilité".
Cette visite d’une délégation était la première depuis 2008.

Source : The Tibet Post International, 23 novembre 2015.