Une Commission du Congrès américain dénonce l’attitude du gouvernement chinois vis-à-vis du Tibet
dimanche 14 octobre 2012 par Rédaction , Monique Dorizon
Un nouveau rapport publié par le Congrès des États-Unis déclare que l’utilisation croissante de mesures répressives par le gouvernement chinois et l’échec du processus de dialogue sino-tibétain [1], au point mort, coïncident avec le nombre croissant d’immolations de Tibétains.
La "Congressional-Executive Commission on China" (CECC) montre dans son rapport pour l’année 2012 en matière de Droits de l’Homme et d’exercice du droit en Chine, publié mercredi 10 octobre 2012, qu’au cours de l’année passée, la fréquence du recours à l’auto-immolation par les Tibétains a été "fortement accélérée" du fait du gouvernement chinois qui refuse d’accepter son échec politique au Tibet.
"Le Parti et le gouvernement ne se sont pas montrés disposés à considérer les demandes des Tibétains avec un esprit constructif et à se sentir responsables du rejet par les Tibétains des politiques chinoises, et ont géré la crise comme étant une menace pour la sécurité nationale et la stabilité sociale plutôt que comme un échec politique", dit le rapport.
Le rapport note que la situation de la liberté religieuse au Tibet a "fortement diminué" l’année dernière, le gouvernement chinois initiant des "mesures sans précédent" pour renforcer le contrôle du Parti.
"L’analyse de la Commission a démontré une corrélation apparente entre l’auto-immolation monastique et l’augmentation de la répression gouvernementale et du Parti communiste chinois sur la liberté de religion dans les monastères bouddhistes tibétains et les couvents", a déclaré la CECC.
"Le Parti communiste chinois et le gouvernement ont mis sur pied deux mesures sans précédent pour renforcer davantage le contrôle de la religion bouddhiste tibétaine et des institutions monastiques et les transformer en entités donnant la priorité à la loyauté envers le Parti et au patriotisme envers la Chine, tout en cherchant à mettre un terme à l’influence du Dalaï Lama sur les Tibétains".
Le rapport indique que la première étape fut le 20 octobre 2011, l’ouverture de l’Institut théologique du bouddhisme tibétain qui vise à "établir un ordre normal du bouddhisme tibétain, et à résister à l’infiltration religieuse de la clique du Dalaï Lama" et la deuxième mesure sans précédent, lancée en novembre 2011 et achevée en février 2012, a été la création d’un Comité de gestion du monastère (MMC) dirigé par les cadres du Parti et des fonctionnaires gouvernementaux dans tous les 1 787 monastères de la "Région Autonome du Tibet".
"Les MMC, en termes de statut et de fonction, sont plus intrusifs et répressifs que les Comités de surveillance et d’évaluation des foules (MSAC) mis en place dans la Province du Qinghai par des dispositions réglementaires prises au niveau préfectoral pour le domaine du bouddhisme tibétain", est-il noté dans le rapport. "Les MSAC ne sont pas entièrement dirigés par des responsables du Parti et du gouvernement, les membres ne gèrent pas directement les affaires monastiques, et ils ne résident pas tous dans une institution monastique".
La CECC a déclaré que le processus de dialogue formel entre les représentants du Dalaï Lama d’une part, et le Parti communiste chinois et des fonctionnaires du gouvernement d’autre part, est demeuré au point mort depuis le neuvième round en janvier 2010 [2], ce qui en fait le plus long intervalle depuis la reprise des contacts en 2002.
"Zhu Weiqun, Directeur adjoint du Département de Travail du Front Uni du Parti, Directeur du Bureau général du Parti du groupe central de coordination pour les affaires du Tibet, et principal interlocuteur des envoyés du Dalaï Lama, a réitéré les positions du Parti visant à empêcher les Tibétains d’assurer la protection de leur culture, langue, religion, et environnement, et au lieu de cela fait pression sur le Dalaï Lama pour qu’il soutienne les positions du Parti sur l’histoire du Tibet et les relations de la Chine avec Taïwan", indique le rapport.
Dans une déclaration faite à l’occasion de la publication du rapport, Chris Smith, membre du Congrès, Président de la Commission, et le Sénateur Sherrod Brown, Co-président de la Commission, ont précisé que l’une des principales conclusions pour cette année a été "la frustration visible et l’impatience bien fondée" que le peuple chinois exprime au sujet de son propre manque de droits fondamentaux.
"Dans l’ensemble des 19 points de notre rapport, nous avons observé que les citoyens chinois de toutes sortes, prennent souvent de grands risques pour exiger les Droits de l’Homme, l’État de droit, des pratiques de travail équitables, et la responsabilisation de leurs dirigeants".
Le rapport recommande que le Congrès américain et le Président pressent la Chine de ratifier immédiatement le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, de renforcer l’état de droit, la transparence et le dialogue avec les minorités ethniques, sans conditions préalables.
Source : Phayul, 12 octobre 2012.
[1] Voir l’article "Chronologie des contacts sino-tibétains depuis 1979".
[2] Voir l’article "9ème rencontre sino-tibétaine", du 25/01/2010.
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