Un incendie ravage des forêts tibétaines

Selon des responsables du gouvernement et des résidents locaux, un incendie provoqué par des braconniers fait rage dans les forêts depuis près d’un mois, provoquant une grave atteinte à l’environnement et le déplacement de personnes.
Les autorités chinoises, qui au début ont minimisé la catastrophe, ont mis davantage de moyens pour contenir les flammes, mais en vain, puis elles ont rédigé un décret d’urgence et appellent à des opérations conjointes impliquant militaires, policiers et civils.

L’incendie a débuté le 10 mars dans les forêts du Comté de Markham [1], et s’est propagé aux Comtés voisins, ceux de Gonjo, Dragyab, et Chamdo. [2]
"Le feu est trop étendu et si intense, ce n’est pas une tâche facile", rapporte à Radio Free Asia un fonctionnaire du département forestier du Comté de Markham.
"Nous fournissons tout l’équipement nécessaire pour les gens qui combattent le feu".

Des détails sur l’étendue des dommages ainsi que le nombre de personnes déplacées ne sont pas disponibles.
Les fonctionnaires de la "Région Autonome du Tibet" sont sur les lieux afin de guider les opérations d’extinction de l’incendie, impliquant également l’Armée populaire de libération, la Police populaire armée et les aspirants locaux.
L’incendie aurait commencé dans le village de Chakson Tan dans le Comté de Markham, Township de Lungra.
Les autorités locales ont d’abord forcé les habitants à se joindre à l’effort de lutte contre les incendies, avertissant que ceux qui refuseraient de se conformer à l’ordre seraient condamnés à une amende. Mais les civils ne pouvaient rien faire pour combattre les flammes.
"Le feu est si intense, qu’il n’est humainement pas possible de s’approcher du site où il fait rage. La zone entière est engloutie", dit une habitante tibétaine. "Les populations locales sont incapables de s’approcher du site de l’incendie, sans parler de l’éteindre".

Le gouvernement a également semblé impuissant au début.
"Le gouvernement chinois a envoyé quatre camions de pompiers de Chamdo, mais les forêts qui ont pris feu étaient sur les montagnes, il y avait donc un problème d’accessibilité et les camions ne pouvaient pas atteindre le feu. Eux aussi, étaient impuissants", dit un autre Tibétain originaire de la zone concernée.
Ce nomade Tibétain a déclaré que les autorités n’ont pas tenu compte de l’alerte précoce donnée par les gens pour agir rapidement.
"Nous l’avons porté à l’attention des autorités locales chinoises. Nous avons indiqué catégoriquement les conséquences désastreuses de l’incendie et la possibilité de propagation à d’autres domaines en raison de la saison sèche", a-t-il dit.
"Les autorités chinoises locales n’ont pas prêté attention à notre première alerte. Maintenant des zones entières ont été brûlées, et les Chinois se réveillent trop tard pour envoyer davantage de militaires et de forces de police. A quoi bon le faire maintenant ?"

Cheng Quangguo, Secrétaire du Parti communiste chinois de la "Région Autonome du Tibet", a publié un décret en sept points le 1er avril, appelant à une opération d’urgence pour lutter contre les incendies.
"Les incendies ont causé des dommages irréparables à la forêt naturelle de la nation. Une forte aide d’urgence contre le feu doit être mise en place avec les efforts concertés de l’armée chinoise, la Police populaire armée, la police, les aspirants locaux et des civils pour mettre fin à l’incendie", est-il écrit dans ce décret.
"Dans le même temps, aucun effort ne doit être perdu pour le maintien de l’ordre social et la stabilité", ajoute-t-il, avertissant que "les forces séparatistes pourraient probablement utiliser cet incident pour mener des activités séparatistes en répandant des rumeurs et en exagérant (le problème)".

Lorsque Radio Free Asia s’est enquis de la cause de l’incendie de forêt, le Directeur adjoint de la police du Comté de Markham, identifié sous le nom de Wang, a déclaré qu’il a été allumé par un groupe de braconniers.
Quatre suspects, trois ressortissants chinois et un Tibétain, ont été arrêtés au cours de l’incident, a-t-il dit, ajoutant que des recherches étaient en cours pour déterminer si d’autres avaient été impliqués.

Source : Radio Free Asia, 6 avril 2012.