Tibet : réactions internationales
vendredi 14 mars 2008 par Rédaction
Suite aux événements à Lhassa du 10 au 14 mars 2008, de nombreuses prises de position ont été exprimées dans le monde. Récapitulatif des principales réactions.
Dharamsala
Le Dalaï Lama s’est déclaré vendredi 14 mars à Dharamsala "profondément préoccupé" par la situation au Tibet et a demandé à la Chine de "renoncer à l’usage de la force".
"Ces protestations sont la manifestation d’un profond ressentiment du peuple tibétain vis-à-vis du régime actuel", ajoute-t-il. "J’appelle donc les responsables chinois à renoncer à l’usage de la force et à mettre fin à ce ressentiment persistant à travers le dialogue avec le peuple tibétain", a déclaré le chef spirituel bouddhiste.
Le 13 mars, Pékin a accusé le Dalaï Lama, le leader spirituel des Tibétains, d’organiser ces manifestations.
Le 14 mars au soir, un secrétaire du chef spirituel tibétain en exil a déclaré à l’AFP : "Les accusations chinoises selon lesquelles le Dalaï Lama a fomenté les manifestations violentes au Tibet sont "absolument sans fondement". "Nous pouvons assurer de façon catégorique que ces accusations sont absolument sans fondement et dénuées de toute vérité", a déclaré Chhime R. Chhoekyapa.
"Ce type d’accusations a déjà été proféré et il n’y a rien de vrai dans tout cela", a-t-il dit en précisant que les manifestations étaient "spontanées", puis d’ajouter : "Il y a eu un appel clair à la non-violence. La violence ne résoudra rien".
Le gouvernement en exil a appelé le 15 mars dans un communiqué à une enquête de l’ONU sur "la violente répression par le régime oppressif chinois" de manifestations contre la politique chinoise au Tibet.
Union européenne
[UE<-)
Les dirigeants européens réunis en sommet à Bruxelles ont appelé le 14 mars les autorités chinoises à faire preuve de "retenue" après les violences au Tibet, a indiqué le ministres des Affaires étrangères français Bernard Kouchner.
"La présidence slovène (de l’UE) nous a proposé un texte que nous avons accepté, c’est un texte en trois paragraphes qui demande de la retenue, qui demande que les personnes arrêtées manifestant pour le Tibet (...) soient relâchées", a déclaré le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner à la presse à l’issue du sommet à Bruxelles.
"Nous avons demandé très clairement que le respect des droits de l’Homme soit assuré (...) la condamnation est forte, venue de l’ensemble du conseil européen et des 27 pays membres", a ajouté M. Kouchner.
"Ce communiqué (de la présidence slovène) ne fait pas mention des Jeux
olympiques. La France n’était pas partisane d’un boycott mais la France peut
attirer l’attention sur la concomitance entre les Jeux Olympiques et cette
aspiration tibétaine que la Chine doit prendre en compte", a dit M. Kouchner.
France
Les sénateurs du groupe d’information sur le Tibet ont appelé le 14 mars à un "dialogue en profondeur et sincère" entre les dirigeants chinois et le Dalaï Lama, exprimant leur "extrême préoccupation" devant les violences en cours au Tibet.
"Le groupe d’information sur le Tibet réitère son souhait qu’un dialogue en profondeur et sincère s’instaure entre Pékin et Dharamsala" souligne dans un communiqué le président du groupe d’information, Louis de Broissia (UMP).
Pour le groupe, qui compte 44 sénateurs de droite comme de gauche, "la République populaire de Chine seule peut mettre un terme pacifique à ces manifestations en acceptant de reconnaître la sincérité du Dalaï Lama et de la ’’voie du milieu’’ qu’il prône".
Saluant la "résistance acharnée et non-violente" du Tibet "à l’assimilation chinoise", les sénateurs expriment "leur extrême préoccupation devant la situation actuelle au Tibet".
"L’oeil du monde sur la Chine, au moment des JO de Pékin, passe par la focale du Tibet : la République populaire de Chine a un intérêt urgent à rendre cette image plus paisible, plus tolérante, plus libre", conclut M. de Broissia.
L’article complet du communiqué du sénat est également disponible sur Tibet Info
Le Parti communiste français (PCF) "condamne la répression meurtrière des forces de l’ordre au Tibet qui ont tiré à balles réelles sur des manifestants", dans un communiqué à l’AFP diffusé vendredi soir (14 mars) à Paris.
"On sait que des morts et des blessés sont à déplorer après plusieurs jours de manifestations et d’une répression qui suscite émotion, inquiétude", ajoute le communiqué du PCF.
USA
La Maison Blanche a "regretté" le 14 mars les violences au Tibet et a réclamé de la Chine le respect de la culture tibétaine.
La Chine "doit respecter la culture tibétaine, (elle) doit respecter le caractère multi-ethnique de sa société", a dit un porte-parole de la Maison Blanche, Gordon Johndroe.
"Nous regrettons les tensions entre les groupes ethniques et Pékin", a-t-il dit.
Le président George W. Bush "a constamment dit que Pékin doit dialoguer avec le Dalaï Lama", a-t-il dit.
Barack Obama, candidat démocrate à l’investiture de son parti pour la présidentielle américaine, a condamné les autorités chinoises pour la violente répression de manifestations au Tibet et demandé que Pékin accorde une véritable autonomie à cette région.
"Je condamne l’usage de la violence pour stopper des manifestations
pacifiques, et j’en appelle au gouvernement chinois de respecter les Droits de l’Homme du peuple du Tibet et d’indiquer où se trouvent les moines bouddhistes incarcérés", a déclaré le sénateur dans un communiqué publié le 14 mars sur le site internet officiel de sa campagne.
"Le Tibet devrait jouir d’une véritable et réelle autonomie. Le Dalaï Lama devrait être invité à visiter la Chine, dans le cadre d’un processus menant à son retour", a ajouté M. Obama.
Rappelant que les Jeux olympiques se tiennent cette année à Pékin, le
candidat a appelé le gouvernement chinois à saisir l’occasion pour prendre les mesures "qui changeront l’image que l’on aura de la Chine plus tard cette année en changeant la façon dont il traite le Tibet et les Tibétains".
"C’est maintenant qu’il faut respecter les droits de l’Homme et la liberté religieuse du peuple tibétain", a-t-il estimé.
Royaume-uni
La Grande-Bretagne a fait part le 14 mars de son "inquiétude" suite aux informations émanant de Lhassa.
"Nous avons fait part de notre inquiétude auprès du ministère chinois des Affaires étrangères et auprès de l’ambassade chinoise à Londres et nous leur demandons des clarifications", a indiqué une porte-parole du Foreign Office.
"La situation des droits de l’Homme au Tibet est un sujet de véritable
préoccupation pour nous. Nous l’évoquons régulièrement auprès des autorités chinoises. Nous souhaitons voir la question tibétaine prise en compte d’une manière pacifique entre toutes les parties concernées et nous sommes bien entendu alarmés quand nous entendons parler de violences", a-t-elle ajouté.
Allemagne
L’Allemagne a appelé à un arrêt de la violence à Lhassa, et indiqué que des manifestations pacifiques devraient être autorisées. Selon un porte-parole du Minstère des Affaires étrangères "le gouvernement fédéral suit les développements de la situation à Lhassa avec attention et appelle toutes les parties à éviter la violence à tout prix".
"Aux yeux du gouvernement fédéral (allemand) les manifestations pacifiques sont une forme d’expression légitime de la liberté d’opinion".
- La chancelière allemande Angela Merkel est "préoccupée" par les violences meurtrières au Tibet et appelle au "dialogue pacifique et direct" entre Pékin et le Dalaï Lama, a indiqué le 15 mars son porte-parole Ulrich Wilhelm dans un communiqué.
"Une solution durable sur la question du Tibet peut être uniquement trouvée par un dialogue pacifique et direct entre le gouvernement chinois et le Dalaï Lama", selon ce communiqué.
Le porte-parole a estimé "important que les manifestants comme les forces de police soient appelés à la modération et que les droits de chacun soient pris en considération".
Le gouvernement allemand soutient le droit des Tibétains à une autonomie religieuse et culturelle tout en soutenant "la politique d’une seule Chine".
Le 16 mars, la chancelière allemande Angela Merkel a rejeté toute idée de boycottage des Jeux olympiques de Pékin en réaction aux violences meurtrières au Tibet, mais elle précisait également :
"Une solution durable sur la question du Tibet peut être uniquement trouvée par un dialogue pacifique et direct entre le gouvernement chinois et le Dalaï Lama".
Le Comité olympique allemand (DOSB) a indiqué le 16 mars que certains sportifs allemands songaient à annuler leur participation aux jeux, qui se dérouleront du 8 au 24 août, en raison des événements au Tibet.
Suisse
La Suisse "profondément préoccupée" par la situation au Tibet, a condamné
le 14 mars la répression des manifestations et a demandé la libération immédiate des manifestants pacifiques arrêtés, a déclaré à l’agence de presse ATS le porte-parole du ministère suisse des Affaires Jean-Philippe Jeannerat.
ONU
A Genève, Louise Arbour, Haut commissaire de l’ONU pour les Droits de
l’Homme, a exprimé son "inquiétude à propos de l’escalade de tension entre manifestants et forces de sécurité dans la région autonome du Tibet et les régions avoisinantes" et a exhorté les autorités chinoises "à permettre aux manifestants d’exercer leur droit à l’expression et leur droit de réunion" au Tibet. Elle a demandé au gouvernement chinois de "mettre un frein à tout usage excessif de la force dans le maintien de l’ordre et d’assurer que les
personnes arrêtées ne sont pas victimes de mauvais traitements et bénéficient
de procédures conformes aux normes internationales".
NB Cette prise de position de Mme Arbour fait suite à une lettre envoyée le 14 mars par 153 associations de défense des Droits du peuple tibétain réunis dans l’International Tibet Support Network
Suède
Le ministre des Affaires étrangères suédois Carl Bildt a condamné le 15 mars la répression par la Chine des émeutes au Tibet le 14 et a appelé Pékin à "respecter pleinement les droits des Tibétains".
"Je suis convaincu qu’il y a un soutien ferme dans le monde, et pas
seulement en Suède, pour la préservation et le respect de la culture tibétaine et de ses traditions", écrit M. Bildt sur son blog.
"Le fait que le Tibet soit une partie de la Chine ne dispense pas les
autorités chinoises de leurs responsabilités à ce sujet", ajoute-t-il.
"Au contraire. C’est leur plus grande responsabilité que de veiller à ce
que les droits des Tibétains soient totalement respectés", estime-t-il,
ajoutant que la Chine devrait faire preuve de "la plus grande retenue
possible" lors des manifestations.
Taiwan
Taïwan a sévèrement condamné la Chine le 15 mars pour sa répression des émeutes du 14 mars au Tibet.
Le ministère taïwanais des Affaires étrangères exprime dans un communiqué "ses inquiétudes face aux violents troubles provoqués par la répression militaire chinoise (...) et condamne fermement les mesures prises par la Chine, qui viole les droits de l’Homme".
"La Chine tente de promouvoir l’illusion d’un ’’essor pacifique’’ en
accueillant les jeux Olympiques 2008 mais en fait le pays dirige ses missiles vers Taïwan et met fin à la quête du peuple tibétain pour la liberté et la démocratie", affirme encore le ministère taïwanais des Affaires étrangères.
Italie
L’Italie a demandé "avec beaucoup de fermeté" aux autorités chinoises de "mettre fin aux répressions et aux meurtres" au Tibet car ils ne sont pas "tolérables", a déclaré le chef de la diplomatie Massimo D’Alema selon des propos rapportés par l’agence Ansa le 15 mars.
"Nous demandons avec beaucoup de fermeté au gouvernement chinois, et ceci est la position de l’Union européenne, de mettre fin aux répressions et aux meurtres, et d’engager le dialogue", a déclaré M. D’Alema en déplacement à Naples (sud).
"La répression et le meurtre de personnes n’est pas tolérable. Cela fait des années que nous demandons à la Chine d’engager un dialogue avec les représentants de la population tibétaine et, en particulier, avec le Dalaï Lama car ses demandes sont raisonnables", a-t-il souligné.
"Le Dalaï Lama ne veut pas l’indépendance du Tibet, il ne veut pas rompre l’unité de la Chine, mais il veut la reconnaissance des droits du peuple tibétain, de son histoire, de ses sentiments religieux", a estimé le ministre des Affaires étrangères.
"Nous espérons que les autorités chinoises veulent véritablement mettre fin à la répression et engager le dialogue", a-t-il résumé.
Interrogé sur des mesures de rétorsion comme le boycottage des Jeux olympiques en août à Pékin, M. D’Alema a estimé que cela "ne servirait qu’à diviser et à semer la confusion".
"Les Chinois ont une responsabilité particulière, il est clair que ceux qui sont sur le point d’accueillir une telle manifestation d’amitié et de sport ne peuvent pas, dans le même temps, se salir en portant la responsabilité de la répression et de la mort de citoyens désarmés", a-t-il ajouté.
Le 16 mars, le ministre des Affaires étrangères italien Massimo D’Alema déclarait : "Nous avons demandé à la Chine de mettre fin à la répression au Tibet. Une répression que nous considérons inacceptable". "Nous avons demandé à la Chine d’engager un dialogue avec les représentants du peuple Tibétain, à commencer par le dalaï lama. Nous le demandons en réalité au gouvernement depuis des années, pas seulement depuis qu’a lieu cette Répression dramatique"
"Par ailleurs, la possibilité d’un boycottage des jeux olympiques qui
doivent avoir lieu cet été à Pékin, doit être étudiée au niveau de l’Union
européenne", a-t-il encore estimé.
Inde
Le ministère indien des Affaires étrangères a déclaré le 15 mars être "bouleversé" par les émeutes et "la mort de gens innocents" au Tibet et il a appelé au dialogue pour résoudre le conflit.
"Nous sommes bouleversés par les indications sur la situation agitée et les violences à Lhassa, et par la mort de gens innocents", indique le ministère dans un communiqué.
"Nous espérons que tous ceux qui sont impliqués se mobiliseront pour
améliorer la situation et faire disparaître les causes de tels troubles au
Tibet, qui est une région autonome de Chine, par le dialogue et des moyens non-violents", ajoute-t-il.
Japon
Le Japon s’est exprimé le 15 mars sur les violences au Tibet et a appelé à un retour au calme rapide à Lhassa.
"Le Japon est touché et observe attentivement la situation actuelle à Lhassa. Nous appelons les gens concernés à prendre des mesures et espérons fortement que la situation redeviendra normale rapidement".
Source : AFP 14 et 15 mars 2008
Dernière mise à jour : 16 mars 17h39 (Allemagne, A. Merkel, boycott JO)
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