Tenchoe, prisonnier de longue peine, meurt à sa sortie de prison
vendredi 12 décembre 2014 par Rédaction , Monique Dorizon
Tenchoe (Tenzin Choedrak [1]), né en octobre 1981, est décédé moins de 6 ans après son arrestation et sa condamnation à 15 ans de prison.
A la suite de coups reçus et de tortures, il est décédé dans un hôpital de Lhassa, vendredi 5 décembre 2014, vers 13 h, 3 jours seulement après avoir été libéré "pour raison médicale" dans un état d’extrême faiblesse et rendu à sa famille.
Tenchoe a été blessé pendant sa détention par la police. Il avait été arrêté pour avoir mené des manifestations contre le gouvernement chinois à Lhassa, en 2008. Il ne s’est jamais remis de ses blessures.
Au début du mois de décembre 2014, alors que s’aggravait son état de santé, les autorités carcérales ont emmené Tenchoe dans 3 différents hôpitaux pour qu’il y soit traité.
Les membres de sa famille se sont plaints de son état de santé le comparant à celui du temps de son incarcération. Alors, il a été changé d’hôpital.
Selon des témoins oculaires, il y a peu de temps de cela, Tenchoe a été amené dans l’un des hôpitaux de Lhassa, ses mains et ses jambes fortement entravées à l’aide de menottes. Il était méconnaissable. Sa condition physique s’était détériorée et il portait une blessure à la tête. De plus, il vomissait du sang. Sa famille a réclamé sa libération pour raison médicale, mais la police a répondu qu’elle n’avait pas ce pouvoir.
Lorsque les médecins ont perdu espoir de sauver Tenchoe, il a été rendu à la famille, le 2 décembre 2014 après une intervention du Comité de son village.
Il est décédé trois jours plus tard au Mentsekhang, l’Institut médical traditionnel de Lhassa, quelques heures après y avoir été admis, transporté par sa famille.
Précédemment, Tenchoe avait travaillé pour une association non gouvernementale européenne affiliée à la Croix Rouge. Il avait aussi travaillé sur des projets de protection de l’environnement à Lhassa et Shigatsé.
En septembre 2008, il avait été condamné par une Cour Populaire Intermédiaire de Lhassa à 15 ans de prison et à une amende de 10 000 yuans (1 300 euros environ). Il avait été incarcéré à la prison de Chushul [2].
Les autorités chinoises pratiquent la libération anticipée de prisonniers en très mauvais état de santé, de sorte qu’ils ne meurent pas en prison et qu’elles ne soient pas impliquées dans ce décès. L’impunité pour elles est alors totale, favorisant ainsi la poursuite de l’exercice de la torture.
Le Tibetan Centre for Human Rights and Democracy (TCHRD), installé en Inde, rappelle que ces actions sont pratiquées en totale violation de "l’Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus" établi par les Nations Unies (SMR), et qui précise les principes et les pratiques du traitement des détenus, la gestion des établissements pénitentiaires et interdit l’utilisation des punitions physiques ainsi que toute forme de traitement cruel, inhumain ou dégradant.
Quelques mois précédant une réunion du Groupe d’Experts intergouvernementaux sur le SMR, prévue en janvier 2014, afin de prendre en considération des propositions de modification du SMR, le gouvernement chinois s’est opposé à la demande d’enquêtes sur les décès qui surviennent peu de temps après la libération d’un prisonnier.
Sources : Radio Free Asia, 7 décembre 2014, Tibetan Review, 7 décembre 2014, Phayul, 8 décembre 2014 et The Tibet Post International, 8 décembre 2014.
Vous avez apprécié cet article ? Faites-le suivre à vos amis intéressés par ce sujet !
Abonnez-vous à la Lettre d’informations de Tibet-info, ou retrouvez Tibet-info sur Facebook , Twitter ou par fil RSS.
[1] Tenzin Choedrak est également le nom d’un des maîtres les plus éminents de la tradition médicale tibétaine, né en 1922, qui a quitté définitivement son Tibet natal en 1980. Après plus de 20 ans de souffrances inouïes infligées par ses geôliers chinois, il avait alors choisi de s’exiler en Inde pour reprendre auprès du Dalaï Lama ses fonctions de médecin personnel. Auteur du livre "Le Palais des Arcs-en-ciel. Les mémoires du médecin du Dalaï Lama", ce dernier n’a évidemment rien à voir avec le sujet de cet article.
[2] Chushul, ཆུ་ཤུར་ en tibétain, Quxu ou Qushui (曲水) en chinois, est situé au sud-ouest de Lhassa, comme indiqué sur cette carte (dé-zoomer pour voir Lhassa au nord-est) :
<:accueil_site:>
| <:info_contact:>
| <:plan_site:>
| [(|?{'',' '})
| <:icone_statistiques_visites:>
<:site_realise_avec_spip:> 2.1.13 + AHUNTSIC