Témoignage sur Chime Gonpo, ex-prisonnier politique
mercredi 12 septembre 2012 par Rédaction , Monique Dorizon
Chime Gonpo, prisonnier politique tibétain libéré l’an dernier après avoir purgé une peine de trois ans, est en mauvaise santé, souffrant de multiples complications médicales, a rapporté sa nièce, Nyidon, dans une récente interview au Centre Tibétain pour les Droits de l’Homme et la Démocratie [1]
Né dans le district de Kora, Canton de Kardzé [2], Nyidon a fui en Inde avec une mission primordiale : "raconter l’histoire de mon oncle au monde", alors que la Chine continue de maintenir un couvercle hermétique sur les informations venant du Tibet.
Chime Gonpo, maintenant âgé de 41 ans, a été arrêté le 18 mars 2008 pour avoir manifesté pacifiquement contre le gouvernement chinois dans le Canton de Kardzé.
Vers 2 heures du matin (heure locale) le 18 mars 2008, Gonpo avec dix autres Tibétains ont manifesté, demandant le retour du Dalaï Lama de l’exil, la liberté au Tibet, et la libération de tous les prisonniers politiques du Tibet, y compris le XIe Panchen Lama, Gedhun Choekyi Nyima.
Quelques minutes après la manifestation, la police armée locale est arrivée et a frappé les manifestants avant de les emmener, selon la nièce de Chime Gonpo, Nyidon, arrivée en Inde en août 2012.
Après son arrestation violente par la police armée le 18 mars 2008, le lieu d’enfermement de Chime Gonpo était resté inconnu pendant un an et trois mois. En dépit des efforts constants de membres de sa famille pour trouver des informations sur sa détention, Chime Gonpo avait "disparu".
"Je me souviens de ma grand-mère (la mère de Chime Gonpo) criant son nom, en disant des prières, puis éclatant en sanglots pensant qu’il pourrait déjà être mort", a raconté Nyidon.
L’emprisonnement de Chime Gonpo dans la prison de Mianyang [3] a conduit à la détérioration rapide de la santé de sa mère.
De nombreuses autres personnes, dont certaines que Nyidon connaissait personnellement, ont également été condamnées en même temps que son oncle. Nyiga, 50 ans, du canton de Sershul, a été condamné à huit ans.
Goga [4], 45 ans, originaire du même village que Nyidon, a été condamné à trois ans de prison. Un autre homme, un ami de Nyiga et Goga, dont Nyidon ne se souvient pas du nom, a été condamné à sept ans.
"Tout ce qu’ils ont fait pour obtenir ces lourdes peines était d’organiser des manifestations pacifiques", a déclaré Nyidon. "Mon oncle est un homme de conscience, il ne ferait de mal à personne".
Une semaine après la sortie de Chime Gonpo, le 17 mars 2011, sa famille, notamment sa vieille mère, a commencé à remarquer d’importants changements dans son état de santé. "Mon oncle a commencé à perdre du poids et son corps est devenu de plus en plus foncé de jour en jour", rapporte Nyidon lors de son entretien au TCHRD. La famille a immédiatement emmené Chime Gonpo dans trois hôpitaux différents à Chengdu, mais les médecins n’ont pas pu faire de diagnostic. Gonpo a ensuite été emmené dans un hôpital de Pékin, où une hépatite et des maladies rénales ont été diagnostiquées.
Nyidon dit que sa famille avait bien pris conscience que la santé défaillante de Gonpo, un homme "en bonne santé et énergique" avant d’aller en prison, était due aux coups et tortures qu’il avait subis pendant ses trois ans de prison.
Un peu plus tard, à la suite de l’amélioration de son état, la famille de Chime Gonpo l’a ramené à la maison. Cependant, même si Chime Gonpo était en convalescence à son domicile, la police locale a continué à effectuer des visites hebdomadaires, lui posant toutes sortes de questions et vérifiant qu’il n’était pas allé quelque part à leur insu.
Le fait que Chime Gonpo ait purgé sa peine ne comptait pas ; lui-même et sa famille ont continué à être sous la surveillance des responsables de la sécurité, leurs mouvements et activités constamment surveillés et contrôlés. La famille de Chime Gonpo a dû demander l’autorisation à la police locale et à d’autres bureaux gouvernementaux pour emmener Chime Gonpo subir un traitement médical à Chengdu et Pékin.
"Il est habituel que les membres de la famille et les proches d’un ancien prisonnier politique aient à faire face à de nombreuses difficultés de la part de la police et d’autres responsables gouvernementaux", a déclaré Nyidon.
Avant de quitter sa ville natale pour Lhassa en avril 2012, Nyidon a dû obtenir la permission de cinq bureaux différents du canton et du district, y compris du poste de police local, du Bureau de sécurité publique (PSB) et des bureaux gouvernementaux. Afin de ne pas attirer les soupçons, elle leur a dit qu’elle partait pour un pèlerinage à Lhassa.
Nyidon a quitté son village en avril 2012, atteint le Népal en mai de la même année, et elle est arrivée en Inde en août. Comme pour chaque membre de la famille ou parent d’anciens prisonniers politiques au Tibet, les vies de Nyidon et des membres de la famille ont été bouleversées depuis l’arrestation de Chime Gonpo.
Source : TCHRD, 11 septembre 2012.
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[1] Le Centre Tibétain pour les Droits de l’Homme et la Démocratie (Tibetan Centre for Human Rights and Democracy - TCHRD), est basé à Dharamsala, dans le nord de l’Inde. Sa mission est d’informer et de promouvoir la protection des Droits de l’Homme au Tibet et de renseigner la communauté tibétaine en exil sur les principes des Droits de l’Homme et le concept de démocratie.
[2] Kardzé (Ganzi ou 甘孜县 en chinois), parfois écrit Garzé, est situé dans la région tibétaine du Kham, actuelle province chinoise du Sichuan. Localiser Kardzé (Garzé) sur cette carte.
[3] Localiser Mianyang sur cette carte.
[4] Goga a été parrainé par "Tibet Post" et par la municipalité de Pesmes (70)
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