Nyingkar Tashi et Nyingchag Bum s’immolent par le feu à Rebkong le 12 novembre 2012

Selon des rapports confirmés et des photos qui sont parvenues du Tibet, deux nouvelles immolations ont eu lieu au Tibet le 12 novembre en protestation contre l’occupation chinoise au Tibet.

Dans l’une des photos reçues par Phayul, un Tibétain peut être vu en flammes, couché sur le sol. Des sources ont identifié ce Tibétain comme étant Nyingkar Tashi, 24 ans. Il a lancé des slogans appelant à la longue vie de Sa Sainteté le Dalaï Lama et la liberté pour les Tibétains. Il est mort sur le coup.
"J’ai reçu des rapports confirmant l’auto-immolation de Nyiga, 24 ans, à Rebkong [1], cet après-midi aux alentours de 15h30" (heure locale), indique Ajam Amchok, un exilé ayant des contacts étroits dans la région tibétaine. "Il y a trop de chaos en ce moment dans la région, ce qui rend difficile l’obtention de plus d’informations".
L’immolation est survenue dans la région de Rebkong, où deux autres immolations [2] et des protestations massives impliquant des milliers de Tibétains et des étudiants ont eu lieu la semaine dernière [3].

Les Tibétains sur place disent que Nyingkar Tashi s’est auto-immolé alors qu’un grand nombre de membres du gouvernement central et local s’est installé dans la ville depuis hier (11 nov.), accusant "des forces extérieures d’avoir incité les immolations de Tamdin Tso et Kalsang Jinpa [2] les 7 et 8 novembre".
Lors d’une réunion publique convoquée dans la ville par les fonctionnaires du gouvernement du Comté et les autorités locales dimanche (11 nov.), un responsable local du Tibet a étonné le public quand il a prononcé cette phrase, inhabituelle pour un responsable local : "les raisons pour lesquelles les auto-immolations ont lieu sont l’interdiction de conserver des photos de Sa Sainteté le Dalaï Lama et de prier pour lui, les restrictions au retour de Sa Sainteté le Dalaï Lama dans son pays natal, l’emprisonnement du Panchen Lama et le manque de liberté au Tibet".

La seconde immolation a eu lieu également dans la région de Rebkong.
Des sources ont confirmé à Phayul qu’un Tibétain identifié sous le nom de Nyingchag Bum, 20 ans, est décédé lors de sa protestation dans la région de Dowa, dans le Comté de Rebkong.
"Nyingchag Bum, originaire de Yonlag Dewa, s’est immolé par le feu dans la rue principale de la ville de Dowa", selon Guéshé Rongpo Lobsang Nyendak, un membre du parlement tibétain. "Les moines du monastère voisin de Dowa ont transporté son corps calciné dans les locaux du monastère".

Un grand nombre de convois militaires a été dépêché en direction du Comté de Dowa, situé à une centaine de km de Rebkong. Un fort déploiement des forces armées chinoises est également signalé dans la région.
Diverses sources ont confirmé à Phayul que la situation autour de la région de Rebkong est "très tendue" à la suite des cinq immolations dans la région ce mois-ci seulement, dont deux aujourd’hui.

Des milliers de Tibétains, y compris des élèves, ont manifesté massivement la semaine dernière près du monastère de Rongwo pour réclamer le retour de Sa Sainteté le Dalaï Lama et la liberté au Tibet [3].

Le nombre d’auto-immolations est désormais de 72 à l’intérieur du Tibet depuis 2009 dont dix ce mois-ci seulement. [4]

Début novembre, le Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme Navi Pillay avait exhorté la Chine à "traiter rapidement les griefs de longue date qui ont conduit à une escalade alarmante des formes désespérées de protestation, y compris les auto-immolations, dans les régions tibétaines" [5].
Mme Pillay a dit qu’elle avait été perturbée par des "allégations persistantes de violence contre les Tibétains qui cherchent à exercer leurs droits fondamentaux", et exhorté la Chine à permettre à des observateurs indépendants et impartiaux de visiter et évaluer les conditions réelles sur le terrain, et de lever les restrictions sur l’accès des médias à la région, en tant que mesure de confiance, ce à quoi la Chine a répondu fermement qu’il n’en était pas question.

Sources : Tibet.net, Phayul (1), Phayul (2), 12 novembre 2012.