Sept nouvelles immolations en 5 jours

mardi 27 novembre 2012 par Rédaction , Monique Dorizon

Entre le 22 et le 26 novembre, sept nouvelles immolations ont eu lieu dans différentes régions du Tibet : Lubum Tsering, Tamding Kyab, Tamding Dorjee, Sangay Dolma, Wangyal, Kunchok Tsering et Gonpo Tsering.

- Lubum Tsering, 18 ans, s’est immolé le 22 novembre à 16h20 dans la localité de Dowa [1], Comté de Rebkong.
Selon Sonam, exilé en Inde et ayant des contacts dans la région, "de nombreux Tibétains se sont rassemblés et se sont assurés que son corps ne tombait pas entre les mains des Chinois". "Des moines du monastère de Dowa ont ensuite procédé aux rites et prières pour Lubum Tsering".
Selon la même source, ce sont les restrictions sévères et le déploiement de troupes chinoises dans la région qui ont incité Lubum Tsering à cet acte de sacrifice.
Source : Phayul, 23 novembre 2012.

- Tamding Kyab, 23 ans, s’est immolé le 22 novembre vers 22h00 dans la localité de Luchu [2], selon le témoignage de Tibétains en exil originaires de la région à Phayul.
"Après avoir récupéré le corps carbonisé de Tamding Kyab, les habitants de la localité ont ramené son corps à sa maison".
"Des moines du monastère proche de Shitsang ont récité des prières à son domicile et ont procédé aux derniers rites funéraires dans la nuit suivante".
Tamding Kyab était un nomade qui avait auparavant été moine au monastère de Shitsang, où son jeune frère étudie aujourd’hui. Tamding avait fréquemment parlé des protestations des Tibétains par les immolations et exprimé son souhait de voir revenir le Dalaï Lama au Tibet.
Source : Phayul, 23 novembre 2012.

- Tamding Dorjee, 29 ans, s’est immolé par le feu devant l’entrée d’un bureau administratif chinois dans la localité de Dhokarmo [3], dans la "Préfecture Autonome Tibétaine" de Malho
Selon des sources en exil, Tamding Dorjee a lancé des slogans en faveur d’une longue vie au Dalaï Lama, avec les mains jointes alors qu’il était en flammes. Il est décédé sur les lieux mêmes. A la suite de cette immolation, des milliers de Tibétains se sont rassemblés pour offrir des prières et participer aux funérailles qui ont eu lieu plus tard dans la soirée.
Les autorités chinoises ont rapidement coupé toutes les communications dans la région pour essayer (en vain !) d’empêcher la propagation de ces nouvelles.
Source : Phayul, 24 novembre 2012

- Sangay Dolma s’est immolée par le feu le 25 novembre 2012 dans la région de Tsekhog [4].
Des sources rapportent que la nonne Sangay Dolma est décédée le 25 novembre 2012, à la suite de son immolation devant le bureau du gouvernement chinois à Dhokarmo [3], dans la région de Tsekhog. L’heure exacte de son immolation n’est pas précisée.
Son couvent est situé près du monastère de Sanggag Mindrol Dhargeyling.
Selon différentes sources, un grand nombre de Tibétains se seraient réunis pour effectuer les derniers rites pour Sangay Dolma. Des prières auraient été dites dans son couvent. On rapporte que Sangay Dolma aurait laissé une note avant son immolation.
Source : Phayul, 26 novembre 2012.

- Wangyal, 20 ans, s’est immolé par le feu le 26 novembre 2012 à Sèrtar [5].
Selon des témoignages confirmés en provenance du Tibet, un étudiant tibétain du lycée populaire de Sertar s’est immolé par le feu le 26 novembre 2012, manifestant contre la domination de la Chine.
S’adressant à Phayul, Sertha Tsultrim Wozer, Tibétain vivant dans le sud de l’Inde, a déclaré que Wangyal s’était immolé par le feu au centre de la ville de Sertar et avait lancé des slogans demandant le retour de Sa Sainteté le Dalaï Lama.
"Wangyal, martyr, s’est immolé sur l’une des rues principales menant au centre-ville vers 11h20 (heure locale)", a dit Wozer.
"Des témoins oculaires disent que ses mains étaient jointes dans un geste de prière lorsqu’il a couru, lançant des slogans pour le retour de Sa Sainteté le Dalaï Lama et la liberté pour le peuple tibétain".
Wangyal a couru jusqu’à la statue du cheval en or, au milieu de la ville de Sertar puis est tombé à terre.
"Les forces armées chinoises sont immédiatement arrivées sur les lieux de la manifestation et ont emmené Wangyal au loin après avoir éteint les flammes", ajoute la même source. Plus tard, par solidarité, des centaines de Tibétains se sont réunis sur le lieu de l’immolation.
L’état de Wangyal et sa situation ne sont pas encore connus mais des témoins oculaires disent que son corps entier était en flammes et qu’il a dû subir de graves blessures.
Wangyal était orphelin et avait trois frères et une sœur. Il avait auparavant été moine dans le quartier de Taktse à Sertar.
Sources : Phayul et Cental Tibetan Administration, 26 novembre 2012.

- Kunchok Tsering, 18 ans, s’est immolé par le feu le 26 novembre 2012 à Labrang. [6]
Kunchok Tsering est décédé lors d’une auto-immolation de protestation le 26 novembre 2012 dans la région d’Amchok à Labrang.
Ceci s’est déroulé à proximité d’un site minier de la région, au même endroit où Tsering Dhondup, 35 ans, père de trois enfants, est décédé le 20 novembre dernier. [7]
Selon les rapports, les moines du monastère d’Amchok et un grand nombre de Tibétains se sont réunis à la maison du défunt pour offrir des prières.
Kunchok Tsering laisse une épouse, Sangay Tso, 19 ans, et ses parents Phagkyab, 40 ans et Gonpo Tso, 37 ans, et un aïeul.
Source : Phayul 26 novembre 2012.

- Gonpo Tsering, 24 ans, père de trois enfants de moins de six ans, s’est immolé par le feu vers 18h, le 26 novembre devant le hall principal du monastère de Ala Deu-go à Ala, dans la région de Luchu [2].
"Alors qu’il était en flammes, il a lancé des slogans pour demander la liberté au Tibet, le respect des Droits de l’Homme, et le retour de Sa Sainteté le Dalaï Lama au Tibet".
Gonpo Tsering est décédé sur place des suites de ses brûlures.
Les habitants ont transporté son corps carbonisé à l’intérieur du monastère où les moines et un grand nombre de Tibétains des régions avoisinantes se sont rassemblés, à l’encontre des ordres officiels chinois, pour offrir des prières pour les défunts et exprimer leur solidarité.
Selon des rapports issus de la région, le personnel de sécurité chinois et les forces armées se sont immédiatement déployés dans la région.
Gonpo Tsering avait une femme, et trois enfants. Ses parents sont encore en vie.


Les autorités chinoises ont réagi à toutes ces immolations par le feu en imposant des restrictions supplémentaires et des menaces. Selon le TCHRD, les officiels chinois dans l’est du Tibet ont exigé la signature des officiels de chaque village pour qu’ils s’engagent à ce qu’il n’y ait plus d’immolations dans leur localité. "A partir de maintenant, chaque foyer devra signer une déclaration s’engageant à ne pas procéder à des immolations. Ceux qui refuseront de signer seront immédiatement arrêtés et détenus".

Faisant suite à la vague continue d’auto-immolations, l’Administration Centrale Tibétaine, en exil à Dharamsala, a déclaré qu’elle observera une journée de solidarité mondiale à l’occasion de la Journée des Droits de l’Homme, le 10 décembre .
L’Administration Centrale Tibétaine a noté que l’escalade des auto-immolations "reflète clairement la gravité de la situation actuelle du Tibet", tout en exhortant les Tibétains et les sympathisants à "allumer une bougie ou une lampe, observer une minute de silence, et dire une prière pour tous ceux qui sont morts pour la cause du Tibet, et localement organiser des veillées et des rassemblements".
"En dépit de nos appels répétés à ne pas prendre de mesures drastiques, les auto-immolations continuent au Tibet", dit Sikyong Dr Lobsang Sangay, le responsable élu du peuple tibétain. "Par conséquent, je fais appel à la communauté internationale et aux gouvernements pour la défense de la justice en répondant aux aspirations universelles des Tibétains au Tibet : le retour de Sa Sainteté le Dalaï Lama au Tibet et la liberté pour les Tibétains".
Source : Tibet.net, 15 novembre 2012.

Voir l’article et la carte récapitulative des immolations.

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[1] Dowa est une localité dépendant du Comté de Rebkong (Tongren ou 同仁县 en chinois). Dowa est à une cinquantaine de km à vol d’oiseau au sud-est de Rebkong et une trentaine de km de Labrang (Xiahe ou 夏河县 en chinois).
Localiser Dowa (Duowaxiang) sur cette carte.

[2] Luchu (Luqu ou 碌曲县 en chinois) est un district administratif de l’Amdo tibétain, aujourd’hui dans la province chinoise du Gansu. Il dépend de la "Préfecture Autonome Tibétaine de Gannan" (Kanlho en tibétain).
Localiser Luchu (Luqu) sur cette carte.

[3] Dhokarmo (ou Dokarmo), DuoHeMao ou 多禾茂 en chinois, est une localité dépendant du district ("xian") de Tsekhog dans la "Préfecture Autonome Tibétaine de Malho" (Huangnan en chinois), dans la région tibétaine de l’Amdo, Province chinoise actuelle du Qinghai.
Localiser Dhokarmo (Duohemaoxiang) sur cette carte.

[4] Tsekhog (Zekog ou 泽库县 en chinois), est un district de la "Préfecture Autonome Tibétaine de Malho" (Huangnan en chinois). Tsekhog est à une centaine de km au sud-ouest de Rebkong (Tongren / Huangnan), dans la région tibétaine de l’Amdo, province chinoise actuelle du Qinghai.
Localiser Tsekhog (Zekog) sur cette carte.

[5] Sèrtar (ou Serthar), (Séda ou 色达县 en chinois) est un district de la "Préfecture Autonome tibétaine de Kardzé", dans la région tibétaine du Kham, actuelle province chinoise du Sichuan.
Localiser Sèrtar sur cette carte.

[6] Labrang, siège de l’un des plus célèbres monastères tibétains, est situé dans le Comté de Sangchu, aujourd’hui nommé Xiahe Xian ou 拉卜楞寺 en chinois, et peut être localisé sur cette carte.

[7] Voir l’article "Tsering Dhondup s’immole par le feu le 20 novembre 2012 à Labrang", du 20/11/2012.


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