Projets financiers et économiques de la Chine au Tibet

dimanche 20 novembre 2011 par Monique Dorizon

Selon des rapports officiels chinois, lors d’un congrès de la branche tibétaine du Parti communiste, la Chine a présenté ses projets visant à donner aux moines tibétains des prestations d’aide sociale afin de tenter d’améliorer la "stabilité". Apparemment, les moines tibétains se verront accorder par le gouvernement des pensions, l’assurance médicale et des allocations.
L’annonce faite par le chef du Parti communiste au Tibet, Chen Quanguo, le 14 novembre 2011, fait suite à une multiplication d’auto-immolations partout dans les Comtés de Ngaba et de Karze, sévèrement opprimés, à l’est du Tibet, ces actes ayant mis en lumière le mécontentement des Tibétains [1].
Dans cette annonce, selon le journal Global Times citant Chen Quanguo, il est affirmé que "le gouvernement prendra grand soin de s’assurer que les services publics comme l’électricité, l’eau, les télécommunications, la radio et la télévision sont bien fournis aux monastères locaux". Il a ajouté qu’il y aurait également une aide personnelle, y compris des allocations, pour les moines et nonnes vivant dans l’est du Tibet.
Les rapports affirment que le maintien de la stabilité est le motif principal de ce plan, qui pourrait aider près de 50 000 personnes, surtout des moines et des nonnes qui avaient auparavant compté sur des dons publics des monastères pour financer leurs dépenses quotidiennes.
Selon les responsables chinois, le plan fera également en sorte que davantage d’information soit diffusée à travers les livres, les magazines et la télévision, en langue tibétaine.
Xinhua, agence de presse gérée par l’État, a affirmé qu’un système d’indemnisation est en cours pour aider à préserver la faune en remboursant les éleveurs du bétail mangé par les loups, empêchant ainsi les animaux sauvages d’être tués.

Lobsang Sangay, Premier ministre du gouvernement tibétain en exil nouvellement élu, a récemment déclaré au journal Washington Post : "Il est clair que la cause des immolations est la poursuite de l’occupation du Tibet".

Les manifestations se sont multipliées dans le monde entier en faveur du Tibet. La communauté internationale s’est réveillée face aux injustices commises sous le régime chinois au Tibet oriental, encore attestée par les actions désespérées de ses moines.
Récemment, lors de la réunion de l’APEC [2] à Honolulu, la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a sévèrement critiqué les politiques menées par Pékin à l’égard du Tibet, l’exhortant à les modifier immédiatement.
L’annonce faite par le chef du Parti communiste chinois arrive à un moment opportun, car maintenant plus que jamais, la Chine est confrontée à l’urgence de la réparation de son image dans le monde.

En attendant, les responsables chinois continuent de lancer des accusations contre le chef spirituel du Tibet, Sa Sainteté le Dalaï Lama. Chen Quanguo aurait dit : "Son complot visant à l’indépendance du Tibet et au séparatisme n’a jamais changé".
Selon les médias internationaux, la Chine a également annoncé "qu’un ou deux agents spéciaux" seraient envoyés par les gouvernements locaux, y compris dans les temples de moins de 20 moines.

Depuis 1989, la Chine a lancé plusieurs projets de dérivation d’eau au Tibet, le plus grand réservoir mondial d’eau et point de départ de 10 grands systèmes fluviaux asiatiques. En novembre 2010, ont été commencés les travaux de détournement du Tsangpo (Haut Brahmapoutre), et du Sutlej. On rapporte que les compagnies d’électricité appartenant à l’État ont signé des contrats pour développer l’énergie hydraulique sur les rivières du Tibet.
Il a été rapporté qu’il y a un double motif derrière ces projets sur l’eau : des contraintes économiques internes et le désir d’acquérir la domination extérieure.
Jusqu’ici, la Chine a évité de signer tout traité bilatéral ayant à voir avec l’utilisation des ressources en eau et a fait face à 263 ONG opposées à ses barrages et aux projets de dérivation du Mékong. Ces ONG estiment que la Chine utilise les ressources en eau du Tibet comme un outil politique, par ailleurs, l’écologie délicate du Tibet, du Népal et de l’Inde souffriraient beaucoup d’une telle industrialisation envahissante des sources.
Néanmoins, la Chine continue à contraindre le Tibet occupé avec ses stratagèmes sournois visant à la domination politique, économique et culturelle, sous couvert de ce qui est appelé la "stabilité pour le Tibet".

Source : The Tibet Post International, 15 novembre 2011.

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[1] Voir l’article récapitulatif "Immolations : récapitulatif, actions et réactions", du 30/10/2011.

[2] APEC : Asia-Pacific Economic Cooperation


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