Pressions accrues des autorités sur les habitants du Comté de Driru
mercredi 12 août 2015 par Monique Dorizon , Rédaction
Les autorités chinoises ont posé des conditions "absurdes" pour limiter le gagne-pain des Tibétains vivant dans le comté de Driru [1], foyer de manifestations tibétaines anti-gouvernementales depuis des années.
Samdup, Tibétain résidant en Europe a déclaré que les Tibétains de la municipalité de Nagshoe, Comté de Driru, avaient été contraints de se conformer à un règlement en quatre points émis par les autorités chinoises qui ont averti que l’omission de son observation entraînerait l’interdiction de récolter le Yartsa Gunbo (Ophiocordyceps sinensis) pour une période de cinq ans.
Le niveau de vie des Tibétains de la région dépend énormément de la récolte du champignon, très prisé dans la médecine naturelle.
Les quatre points imposés par les autorités chinoises exigent que les habitants fassent un "spectacle de talents" au cours duquel les Tibétains doivent interpréter des chansons et des danses en costumes garnis de peaux d’animaux sauvages, moyen trouvé pour que les Tibétains contreviennent à l’appel du Dalaï Lama à cesser l’utilisation des produits d’origine animale dans la confection des costumes [2].
En 2006, Les Tibétains de la région se sont engagés à ne plus pratiquer cette coutume traditionnelle de l’utilisation de peaux d’animaux sauvages pour orner les costumes à la suite d’un discours prononcé par le Dalaï Lama au cours des enseignements du 31e Kalachakra, à Amaravati. [3].
Les Tibétains de Driru ont alors amassé des vêtements portant ces peaux et brûlé la réserve de peaux lors d’un rassemblement de masse.
Les autorités ont en outre ordonné aux Tibétains résidant à l’intérieur et à proximité du Comté de Driru d’assister à l’événement. Par la suite, les autorités ont porté des costumes garnis de peaux d’animaux sauvages et forcé les habitants à les porter lors de leurs spectacles sur scène.
Un habitant de la région dit : "Le spectacle de danse et de chansons n’est pas l’expression de notre joie et bonheur, mais plutôt quelque chose imposé de force par le gouvernement chinois prouvant l’absence de toute liberté et de droits".
La région de Driru est considérée comme "politiquement sensible" par le gouvernement chinois à la suite de multiples troubles dans la région.
Les restrictions et l’interdiction de récolter le Yartsa Gunbo dans la région sont considérées comme une tentative apparente des autorités chinoises d’étouffer la vie du peuple tibétain où la plus grande partie de sa source de revenus est liée à la récolte de ce champignon saisonnier.
Source : Phayul, 7 août 2015.
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[1] Driru, འབྲི་རུ་ en tibétain, ou Biru, 比如县 en chinois, est à une centaine de kms à l’est de Nagchu (en chinois Nagqu, 那曲地区), dans la région tibétaine du Kham.
Driru, dont le nom signifie "femelle du yack", est un district dans une région accidentée au nord de la "Région Autonome du Tibet" (4 500 m d’alt. environ), près de la rivière Salouen (Nu Jiang, 怒江, en chinois).
Localiser Driru sur cette carte.
[2] Voir l’article "Des peaux animales brûlées au Yunnan, conformément au souhait du Dalaï Lama", du 13/03/2015.
[3] C’est en janvier 2006, lors de ses enseignements traditionnels de Kalachakra, à Amaravati, au nord de l’Inde, que le Dalaï Lama a pour la première fois appelé les Tibétains vivant au Tibet à protéger les animaux en voie de disparition au Tibet et à cesser d’utiliser des peaux d’animaux sur leurs vêtements, et de nombreux Tibétains ont entendu ses instructions via des émissions de radio en tibétain émettant depuis l’étranger.
Voir les articles :
"Animaux du Tibet en voie de disparition"
"Provocation lors du XVIIème Congrès du PCC", du 17/10/2007
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