Poursuite des manifestations à l’est du Tibet, étudiants contraints à Pékin
vendredi 21 mars 2008 par Monique Dorizon
Le 19 mars le drapeau tibétain a été accroché en haut d’une tour téléphonique à Lhagang, préfecture de Karze dans le Kham.
Le 18 mars, des manifestations se sont produites dans une vingtaine de Comtés, la plupart d’entre elles dans les Préfectures situées dans les provinces du Sichuan, du Qinghai et de Gansu, mêlant moines, laïcs et parfois écoliers et personnes âgées.
Les autorités chinoises ont interdit les régions tibétaines aux journalistes étrangers, mais malgré les sévères restrictions et la connaissance d’éventuelles sanctions, les Tibétains ont réussi à transmettre des informations. Dimanche 16 mars, la Chine a bloqué l’accès à YouTube.com après que des dizaines de vidéos montrant les récentes manifestations aient été mises en ligne.
A la suite d’une manifestation à Rebgong (Province du Qinghai) des équipes policières sont passées dans les familles et les ont contraintes à signer des engagements à ne pas manifester.
De même à Pékin, l’Université a demandé aux étudiants appartenant à des minorités de signer ce type d’engagement. Un témoin raconte :
"Ils s’en sont pris aux étudiants tibétains qui devaient répondre à ces questions :
- La place du Dalaï Lama dans votre cœur ?
- L’adresse exacte ou le lieu de travail de vos parents ?
- Votre numéro de carte d’identification étudiante ?
L’étudiant devait aussi s’engager à ne pas manifester, ne pas faire de sit-in, ni d’activités politiques"
A Lhassa, des moines des trois monastères principaux, Drepung, Sera et Ganden, qui ont mené les premières manifestations le 10 mars, sont enfermés et sont encerclés par la police en tenue de combat. Selon deux témoignages, l’approvisionnement en eau a été coupé et il est difficile d’obtenir de la nourriture.
Une liste de noms et maintenant de photos de 19 Tibétains recherchés est diffusée à la télévision locale, dont 2 moines. Les autorités avaient donné l’ordre aux manifestants tibétains de se rendre avant le lundi 17 mars à minuit. Le 19 mars, l’agence officielle Xinhua a rapporté que 170 personnes s’étaient déjà rendues à la police. Ceci n’a pas pu être confirmé par des sources indépendantes.
Des témoignages parlent d’arrestations dans les maisons et dans la rue. Les autorités détiendraient tant de Tibétains qu’ils seraient menottés, jetés à terre et laissés dans la rue jusqu’à l’arrivée des forces de sécurité qui les emmènent ensuite.
Une publication spécialisée dans les analyses de la Défense (Kana Intelligence Review), affirme que les principales forces déployées à Lhassa au cours des derniers jours sont des troupes d’élite de l’Armée Populaire de Libération, complétant les troupes de la Police armée. Les véhicules seraient des T90 APC et T92 appartenant aux forces d’élite et jamais employées par la police armée auparavant.
A Lhassa, les principaux immeubles sont bloqués par les militaires chinois. Les occupants sont raflés chaque nuit et les personnes n’appartenant pas à la famille sont arbitrairement arrêtées sous prétexte qu’elles auraient vraisemblablement pris part aux récentes manifestations.
Selon la BBC, une source chinoise, en lien avec les forces de sécurité, rapporte que 600 moines ont été emmenés de nuit, par avions militaires de Lhassa à Chengdu, capitale du Sichuan. Cette affirmation n’a pas pu être vérifiée de manière indépendante.
Certaines sources parlent de près de mille arrestations et affirment avoir vu des prisonniers se faire battre en prison.
""Nous sommes inquiets que les gens arrêtés soient maltraités. Il y a beaucoup de preuves de torture et de mauvais traitements dans les prisons chinoises", a déclaré Nicholas Bequelin, de Human Rights Watch à Hong Kong.
Source : International Campaign for Tibet et AFP, 20 mars 2008
<:accueil_site:>
| <:info_contact:>
| <:plan_site:>
| [(|?{'',' '})
| <:icone_statistiques_visites:>
<:site_realise_avec_spip:> 2.1.13 + AHUNTSIC