Opération policière à la résidence du Karmapa
dimanche 30 janvier 2011 par Rédaction , Jean-Paul Ribes
La police indienne, entourée semble-t-il par un fort accompagnement médiatique, a perquisitionné le 28 janvier la résidence du XVII° Karmapa Orgyen Trinlé Dordjé, à la recherche de sommes d’argent en liquide.
Des chiffres ont été annoncés qui, d’après des informations recueillies sur place, ne correspondent pas à la réalité. [1]
Selon le bureau du Karmapa, elles proviendraient d’offrandes reçues récemment des très nombreux disciples et auraient été déclarées aux autorités. Elles étaient destinées à des achats immobiliers avec reçus en bonne et due forme, car, rappelons-le, le Karmapa, hébergé depuis onze ans à l’institut tantrique de Gyuto proche de Dharamsala, ne dispose toujours pas en propre d’un monastère.
Le Parlement tibétain en exil, ainsi que plusieurs leaders de la communauté, dont Tenzin Tsundue [2], ont affirmé leur soutien au Karmapa. [3]
Le Dalaï Lama, en affirmant à son tour sa confiance dans le jeune maître de l’école Kagyu, lui a conseillé de créer une fondation selon les règles de la loi indienne, lui permettant ainsi d’éviter de telles tracasseries. [4]
Cette tentative de déstabilisation - qui cherchait à établir un lien entre le Karmapa, proche du Dalaï Lama, et Pékin [5] - semble donc avoir échoué. On s’interroge toutefois sur son origine.
NB Voir également l’article "Le Karmapa lavé de tout soupçon", du 16/02/2011
[1] La police a lancé cette perquisition après avoir arrêté deux hommes cette semaine dans l’Himachal Pradesh, qui auraient été en possession de 10 millions de roupies (environ 150 000 euros) appartenant selon eux à l’un des administrateurs du monastère.
"Le karmapa n’est pas impliqué. L’enquête va nous amener à prendre de nouvelles mesures", a déclaré un représentant de la police à l’AFP sans plus de commentaires.
[2] Tenzin Tsundue est un écrivain tibétain, auteur d’un livre traduit en français sous le titre "Kora, combat pour le Tibet". Après ses études, il a passé clandestinement la frontière pour se rendre au Tibet et se rendre compte par lui-même de la situation sur place et voir comment il pouvait aider. Arrêté, emprisonné trois mois, il fut finalement expulsé vers l’Inde.
Militant lucide de la cause tibétaine, Tenzin Tsundue est aussi un poète et une voix pour traduire avec sensibilté la souffrance universelle de l’exil. Le Tibet, disparu de la carte du monde, n’est pas mort dans les coeurs et dans les consciences, de chaque côté de la frontière. Des essais, des témoignages, des récits, des poèmes : c’est la voix vivante d’un jeune Tibétain d’aujourd’hui qui se fait entendre.
Kora, combat pour le Tibet : Editions L’Harmattan • avril 2006 • 60 pages. ISBN : 2-296-00429-6
[3] Voir entre autres cet appel lancé sur Facebook (*) par
Tsewang Rigzin, President du Tibetan Youth Congress. (Publication du TYC)
Dolkar Lhamo, Presidente de Tibetan Women’s Association,
Lukar Jam, President de Gu Chu Sum, (NB le site de GuChuSum est fréquement bloqué et n’est pas toujours accessible)
Chime Youngdung, President du National Democratic Party of Tibet,
Tenzin Choedon, Director de Students for a Free Tibet, Inde
(*) Vous devez être connecté à Facebook pour visualiser cet article.
Cet appel mentionne :
"le peuple tibétain à travers le monde est profondément choqué par les allégations sans fondement de "liens chinois" avec le Karmapa après des raids de la police à sa résidence les 27 et 28 janvier 2011. Les médias se sont laissés déborder et ont lancé des spéculations sur des "liens chinois" qui sont sans fondement et ne montrent aucune espèce d’évidence". [ ... ]
"Les cinq ONG tibétaines au nom du peuple tibétain protestent fermement contre de telles allégations ridicules de "liens chinois" avec le Karmapa. Nous avons une foi et une confiance absolues envers Son Eminence le 17ème Karmapa. Le peuple tibétain le vénère et a en lui la plus haute estime".
[4] Voir cette vidéo du 29 janvier sur YouTube où il explique (en anglais) cette suggestion
[5] entre autres par le fait que des yuans (la monnaie chinoise) provenant de pèlerins bouddhistes tibétains ou chinois faisaient partie des sommes retrouvées lors de la perquisition.
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