Nouvelles démolitions, expulsions et menaces dans le Comté de Driru, "Région Autonome du Tibet"
jeudi 22 octobre 2015 par Monique Dorizon , Rédaction
Les autorités chinoises ont démoli un certain nombre de maisons tibétaines et se sont approprié leurs terres, ont interdit les études bouddhistes d’un monastère Bön et expulsé 100 nonnes de leur couvent dans le Comté de Driru, [1], ceci afin de renforcer leur contrôle sur la religion tibétaine et les institutions monastiques.
Sangye Tashi, fonctionnaire du gouvernement local est venu dans la municipalité de Pekar [2], pendant 3 jours, à partir du 27 septembre.
Selon certaines sources, le chef du gouvernement local a expulsé 100 nonnes tibétaines du couvent de Gaden Khachoeling situé dans la municipalité de Pekar, là où 200 nonnes bénéficiaient d’enseignement.
"Seules 49 des 100 nonnes restantes sont enregistrées auprès des autorités. Les 51 religieuses restantes n’ont plus le droit d’étudier ni de porter leur robe de nonne et travaillent maintenant dans les boutiques et maisons d’hôtes", rapporte une source.
Environ 26 religieuses auraient été expulsées du couvent au cours de la seule année passée. Les nonnes de plus de 50 ans ne sont pas autorisées à rester dans le couvent, même si elles sont déjà enregistrées. Elles doivent rejoindre des foyers pour personnes âgées.
Il a été aussi refusé aux nonnes expulsées du couvent d’aller dans d’autres régions pour étudier et elles sont considérées en illégalité. Si vous passez outre, cela est considéré comme un acte illégal, le chef du village et les membres de la famille sont passibles d’emprisonnement ; le droit de collecter le champignon chenille (Yartsa Gunbo (Ophiocordyceps sinensis) est alors retiré pendant trois ans. (Le niveau de vie des Tibétains de la région dépend énormément de la récolte du champignon, très prisé en médecine naturelle)
Ngotsar Phuntsokling, très ancien monastère Bön situé dans la municipalité de Pekar, a également été visé par les autorités locales. Elles y ont maintenant interdit l’étude de la philosophie bouddhiste, qui préfigure la pratique méditative. Dans ce monastère, une soixantaine d’étudiants suivent des études tibétaines plus élevées.
Tout ceci a causé beaucoup de douleur et de peine parmi les habitants. Le monastère a mis sur pied une classe de philosophie bouddhiste, qui a eu un grand succès en invitant des érudits tibétains de différentes régions du Tibet, notamment du Comté de Khyungpo.
La fermeture des monastères, écoles et couvents n’est pas nouvelle dans la région. Une école de médecine tibétaine construite en 2000 dans le même Comté par Nyandak, a été fermée de force par les autorités chinoises en 2007 parce que l’école avait également enseigné la langue tibétaine à de jeunes Tibétains.
Les terres agricoles de Sentsa ou Yangshoe, autres municipalités du Comté de Driru, détenues par les Tibétains locaux sont réquisitionnées, et actuellement de nombreuses maisons tibétaines ont été démolies sur ordre des autorités locales.
Récemment, il a été demandé aux Tibétains de reconstruire leurs maisons, conformément aux normes fixées par le gouvernement chinois, mais ils doivent payer pour la démolition de leurs maisons. Selon des sources, "les Tibétains disent que cette politique vise à déplacer davantage de colons chinois dans ces régions, pour renforcer la transformation chinoise de ce Comté tibétain, mais tout cela sous le beau nom de « développement de l’économie »".
"En août de cette année, le gouvernement local a ordonné à tous les Tibétains de porter des vêtements comportant des fourrures animales et de participer à la fête annuelle de course de chevaux dans la municipalité de Yangshoe, mais les Tibétains ont refusé. En réponse, les autorités chinoises les ont forcés à afficher les vêtements garnis de fourrure pendant le festival", ajoutent les sources [3].
La situation dans le Comté de Driru s’est détériorée avec la mise en place de la campagne de "rééducation patriotique" depuis les manifestations pacifiques massives ayant balayé la plupart des régions du Tibet en 2008 [4].
Les Tibétains sont arrêtés arbitrairement, roués de coups, et emprisonnés par les forces de police chinoises pour avoir organisé des manifestations pacifiques et même exprimé leurs points de vue en faveur des Droits de l’Homme, y compris la liberté religieuse.
Selon les sources, toutes les communications, notamment les lignes Internet dans le Comté et les régions avoisinantes sont grandement limitées et souvent bloquées, sauf pour les bureaux et les institutions du gouvernement chinois.
Sources : The Tibet Post, 12 octobre 2015.
Voir également les articles :
"Manifestation d’élèves à Driru", du 24/03/2010 ;
"Répression et résistance en Région autonome du Tibet", du 25/08/2012 ;
"Tsepo et Tenzin s’immolent par le feu à Driru le 25 octobre 2012", du 29/10/2012 ;
"Résistance et heurts avec la police face à la mise en place obligatoire de drapeaux chinois sur les maisons", du 14/10/2013 ;
"La police chinoise ouvre le feu contre des manifestants tibétains non armés à Driru", du 11/10/2013 ;
"4 morts et des dizaines de blessés dans la Comté de Driru, Région autonome du Tibet", du 21/10/2013 ;
"Situation dramatique à Driru RAT", du 25/08/2014 ;
"En vue de nouvelles arrestations, agrandissement d’un centre de détention dans le Comté de Driru", du 23/09/2014 ;
"Réquisition forcée des habitants du Comté de Driru pour un Festival", du 29/09/2014 ;
"Poursuite de la répression dans le Comté de Driru et près de Lhassa", du 15/12/2014 ;
"Expulsion de moines et nonnes dans la Comté de Driru, RAT", du 29/04/2015 ;
"Pressions accrues des autorités sur les habitants du Comté de Driru", du 12/08/2015.
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[1] Driru, འབྲི་རུ་ en tibétain, ou Biru, 比如县 en chinois, est à une centaine de kms à l’est de Nagchu (en chinois Nagqu, 那曲地区), dans la région tibétaine du Kham.
Driru, dont le nom signifie "femelle du yack", est un district dans une région accidentée au nord de la "Région Autonome du Tibet" (4 500 m d’alt. environ), près de la rivière Salouen (Nu Jiang, 怒江, en chinois).
Localiser Driru sur cette carte.
[2] Pekar ( བན་དཀར་ en tibétain, 白嘎乡 ou Baiga en chinois), est un village du comté de Biru. Localiser Pekar (Baigaxian) sur cette carte.
[3] Voir l’article "Pressions accrues des autorités sur les habitants du Comté de Driru", du 12/08/2015.
[4] Voir l’article "Escalade de la violence au Tibet - Historique".
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