Nouveaux projets d’urbanisme aux dépens des Tibétains

Dans le cadre d’un nouveau projet du gouvernement chinois couvrant les cinq prochaines années, les maisons traditionnelles tibétaines de trois comtés à l’extérieur de la ville de Lhassa seront remplacées par des bâtiments de style chinois.

Le projet devrait débuter en 2016 dans des Comtés voisins de la ville de Lhassa, ceux de Tagtsé [1], Lhundrup [2] et Medro Gongkar [3].

La directive officielle émise par l’administration de la ville de Lhassa a été transmise aux bureaux des Comtés. Ceux-ci ont informé les habitants des trois Comtés de l’enregistrement du projet.

Dans ce qui est perçu comme une nouvelle "dysneyfication" de la région et ressemblant à des formes familières de "nouveaux projets villageois socialistes", les maisons traditionnelles tibétaines doivent être rasées alors même que les propriétaires tibétains sont opposés à ces projets.

La désillusion ne limite pas seulement l’adhésion du propriétaire de la maison, mais il existe aussi un énorme fardeau financier exigé par le gouvernement chinois, une somme énorme de 200 000 yuans chinois (28 730 euros environ) pour chaque propriétaire de maison pour les dépenses de la réorganisation de la région de Medro Gongkar.
"Nous sommes obligés d’accepter et de soutenir le plan sans aucun autre choix, notre propre maison est en très bon état et n’a pas besoin de reconstruction", a déclaré un propriétaire tibétain.

Chaque propriétaire, qu’il reçoive ou non des subventions du gouvernement chinois, doit souscrire au projet. "Le projet concernera d’abord les familles bénéficiaires de l’aide sociale du gouvernement, et ensuite les familles qui ne reçoivent pas de prestations", a déclaré cette même source.
"Les clés de leur nouvelle maison ont été promises aux familles lorsque le travail sera terminé", a-t-elle ajouté, mais avec l’augmentation des cas de récupération de terres, de ventes forcées de terres et de démolition forcée de maisons tibétaines, ces promesses sont difficiles à prendre en compte, même pour les plus optimistes.

Le projet de 2013 pour moderniser le secteur du marché du Barkhor à Lhassa [4] a été l’objet de condamnations de la part d’organisations et de personnes autour du globe. Tsering Woeser, écrivaine tibétaine, a qualifié cela de "modernisation affreuse". "Lhassa est détruite par le développement commercial excessif. Lhassa n’existe pas seulement pour les touristes, il y a de vraies personnes qui vivent ici et c’est aussi un lieu de culte. Vous ne pouvez pas simplement en faire un village Sanlitun", a déclaré l’écrivaine tibétaine installée à Pékin au "South China Morning Post" en 2013.

Dans le cadre des projets d’infrastructure de la Chine au Tibet, une Tibétaine du nom de Tashi Kyi, 55 ans, auto-immolée le 27 août 2015 [5] et décédée le lendemain dans une "maison de nouveau village socialiste" lui ayant été attribuée au cours d’un programme de relocalisation par les autorités chinoises dans le village de Ngura, Province du Gansu.

Source : Phayul, 5 décembre 2015.