Militants et moines empêchés de se rendre sur les lieux du séisme au Sichuan
lundi 22 avril 2013 par Rédaction , Monique Dorizon
Dans la province du Sichuan, les autorités chinoises ont interdit à des groupes de défense des droits et à des moines tibétains de participer aux efforts de secours dans une zone touchée par le séisme. Il a été annoncé, le dimanche 21 avril 2013, que le bilan des morts et disparus avait dépassé les 200, un chiffre non définitif.
Un tremblement de terre - annoncé de magnitude 7,0 par l’administration des tremblements de terre de la Chine et de 6,6 par le Geological Survey américain - a frappé tôt samedi 20 avril 2013 le comté de Lushan [1], près de la ville de Ya’an, proche de l’endroit où avait eu lieu un tremblement de terre de magnitude 7,9 en mai 2008, faisant 90 000 morts ou disparus [2].
Dimanche 21 avril, Huang Qi, militant du Sichuan, a dit au service en mandarin de Radio Free Asia (RFA), que lui et plusieurs autres militants avaient été interceptés par la police alors qu’ils allaient à Ya’an, ville de 1,5 millions d’habitants qui abrite l’un des principaux centres chinois de protection du panda géant [3].
"Les autorités nous ont gardés pendant plusieurs heures, nous avertissant de ne pas « ajouter plus de mal » à la catastrophe", a déclaré Huang.
Un policier a indirectement rappelé à Huang son emprisonnement pour son implication dans les efforts de secours pendant le séisme de 2008 au Sichuan, lors duquel 5 335 écoliers étaient morts.
"Je leur ai expliqué que nous ne voulions pas et ne pouvions pas créer d’ennuis dans la zone du séisme... Mais ils nous ont interdit d’y aller", rapporte-t-il.
Huang a été arrêté par les autorités du Sichuan en juin 2008, après que lui et d’autres bénévoles soient déjà entrés 14 fois dans la zone ravagée par le tremblement de terre pour aider les parents d’enfants morts dans le séisme dans leur enquête sur les allégations de mauvaise qualité de la construction de l’école.
Il a été emprisonné en 2009 pendant trois ans pour "possession illégale de secrets d’État", renseignements obtenus au cours de ses recherches à la suite du séisme, ayant suscité la colère des gens après qu’il ait été découvert que de nombreuses écoles s’étaient effondrées en raison de soupçons de corruption ayant conduit à une construction de mauvaise qualité.
Samedi 20 avril, des moines tibétains ayant tenté de se rendre dans la zone touchée par le séisme dans le Sichuan, sur le bord du plateau tibétain, ont également été arrêtés par les autorités, selon l’écrivaine tibétaine Woeser sur Twitter.
"Beaucoup de moines tibétains qui vivent à Chengdu (la capitale du Sichuan) ont essayé d’aller dans la zone sinistrée pour soutenir les efforts de secours, ce samedi matin, mais ils ont été bloqués par les autorités", a-t-elle dit.
"Ils ont essayé d’aller à Ya’an par d’autres voies, mais ont également été arrêtés", a déclaré Woeser, sans fournir de détails.
L’agence de presse officielle chinoise Xinhua a déclaré dimanche soir que 186 personnes avaient été tuées dans le séisme, le pire du pays en trois ans, 21 personnes portées disparues et 11 393 autres blessées, selon les dernières statistiques collectées par le centre de commandement d’urgence provincial.
Dimanche, Xia Yeliang, intellectuel de Pékin, a déclaré à RFA que les autorités chinoises empêchaient la circulation de l’information à partir de la zone du séisme.
"Le gouvernement ne fait que répéter son attitude précédente : bloquer les informations qui ne les met pas en bonne lumière", dit-il.
Xia a également appelé à un "mécanisme de secours professionnel en cas de catastrophe". "Lorsqu’une catastrophe se produit, ils comptent sur l’armée et la police, et font appel aux gens pour donner de l’argent", a-t-il dit. "Après tant de désastres, il n’y a toujours pas d’équipes professionnelles de secours ; ce n’est pas acceptable".
Le Premier ministre Li Keqiang est venu dans la zone sinistrée, samedi 21 avril 2013, pour superviser les efforts de secours dans le cadre de ce qui est considéré comme son premier grand test depuis sa prise de fonctions en mars, alors que le gouvernement a mobilisé des milliers de soldats et de travailleurs, envoyé des bulldozers et autres engins lourds ainsi que des tentes, couvertures et autres fournitures d’urgence.
Les efforts de secours ont été rendus difficiles par au moins 1 700 répliques, la plus forte étant de magnitude 5,4, rapportait Xinhua dimanche soir.
Deux soldats sont morts après que leur véhicule ait glissé hors de la route et dévalé une falaise, ont rapporté les médias officiels.
Les survivants du tremblement de terre dans le comté de Lushan se sont également plaints d’un manque d’eau, de nourriture et de tentes, rapporte Xinhua, citant des enfants brandissant des cartons pour exprimer leur détresse.
"500 personnes, pas de nourriture, pas d’eau, pas de tentes", lit-on sur un carton, a indiqué l’agence. "Je n’avais rien à manger pendant toute une journée", raconte un habitant du village de Wangjia, municipalité de Longmen.
Source : Radio Free Asia, 21 avril 2013.
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[1] Le Comté de Lushan (芦山县 en chinois), à l’est de la région tibétaine du Kham, est un district de la Province du Sichuan placé sous la juridiction de la ville-préfecture de Ya’an.
Localiser le Comté de Lushan et Ya’an (au sud) sur cette carte.
[2] Voir l’article "Séisme au Sichuan : messages du Dalaï Lama et du Kashag", du 13/05/2008.
[3] Aucun panda mort ou blessé n’a été trouvé jusqu’à présent, mais les répliques et les catastrophes potentielles ultérieures peuvent menacer leur sécurité, a dit Zuo Guangyuan, chef du bureau de la gestion d’une réserve naturelle de Baoxing, autre comté fortement touché par le séisme.
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