Lhassa sous haute surveillance à l’approche des Jeux Olympiques.

mardi 5 août 2008 par Monique Dorizon

Alors que les Jeux olympiques de Pékin se rapprochent, les forces de sécurité chinoises continuent de patrouiller dans Lhassa, enveloppant la ville d’une atmosphère de tension.
Les forces armées gardent des monastères importants et interdisent aux moines d’en sortir.
Dimanche 3 août 2008, le Gouvernement tibétain en exil a rapporté qu’actuellement les forces de sécurité armées patrouillent dans le monastère de Naqoin [1], rattaché au monastère de Drepung. [2] Les moines y sont enfermés et les Tibétains ne sont pas autorisés à s’approcher du monastère.
Kelsang, membre du gouvernement tibétain en exil, dit être fortement préoccupé tant par la sécurité des moines que par leurs conditions de vie, inconnues à l’extérieur.
Un Tibétain, qui refuse d’être identifié, confirme les faits et dit que le monastère de Sera [3], qui a été ouvert précédemment, a de nouveau été fermé pour des raisons inconnues. Il dit que les carrefours les plus importants de Lhassa sont tous contrôlés par les forces armées.
Les appels téléphoniques au monastère de Drepung restent sans réponse.

Depuis les manifestations du 14 mars au Tibet, les autorités chinoises ont exigé des moines de participer aux "programmes d’éducation patriotique". Depuis, de nombreux moines avaient décidé de quitter les monastères. Selon Kelsang, le Parti communiste chinois (CCP) a fait paraître récemment un ordre exigeant le retour de tous les moines dans les monastères afin de "satisfaire les touristes et donner au Tibet un environnement harmonieux".
"On a exigé des moines importants, tels que les khenpos [4] et geshes [5], qu’ils rappellent dans leurs monastères tous les moines qu’ils dirigent", affirme Kelsang.
"Si l’un de leurs moines marche dans la rue ou manifeste, les khenpos et geshes en seront directement responsables".
L’ordre précise aussi que les membres tibétains du Parti communiste et les administrateurs en service des différents monastères pourront subir des sanctions allant d’une légère peine d’emprisonnement à l’expulsion du Parti communiste s’ils ne parviennent pas à empêcher les moines de protester.
Kelsang dit que cet ordre menace aussi de fermer définitivement les monastères et de confisquer leurs biens au cas où 30% de leurs moines manifesteraient.

Source : Qiao Long, Radio Free Asia, repris sur EpochTimes d’après l’article en chinois de Da Ji Yuan, 4 août 2008.

[1] "Naqoin" est le nom sinisé de Nechung, et nous l’avons laissé ici tel qu’écrit dans l’article d’origine. Nechung est le monastère de l’oracle d’état, qui dépend en effet de Drépung.

[2] Monastère de Drepung : à 8 kms environ au nord-ouest de Lhassa, repérable sur cette carte

[3] Monastère de Séra : à 5 kms, au nord de Lhassa, repérable sur cette carte

[4] Khenpo est un titre correspondant à un certain niveau d’études dans le bouddhisme tibétain, que l’on pourrait comparer, par exemple, à un doctorat. Il s’obtient après 9 à 15 ans d’études selon différents critères, dans les traditions Nyingmapa, Sakyapa et Kagyupa.

[5] Geshe est un titre correspondant à un certain niveau d’études dans le bouddhisme tibétain, que l’on pourrait comparer, par exemple, à un doctorat. Il s’obtient après 12 à 20 ans d’études selon différents critères, dans les traditions Gelugpa et Sakyapa, ou la religion Bön.


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