Lhassa ressemble à une vaste prison
dimanche 2 septembre 2012 par Rédaction , Monique Dorizon
Les autorités chinoises ont mis en place un énorme système de sécurité à Lhassa, en y faisant venir de très nombreux policiers et en mettant en place des points de contrôle avec des scanners corporels, tels ceux des aéroports, dans les centres-villes.
"La ville de Lhassa a été transformée en une vaste prison", rapporte une habitante de Lhassa au service en tibétain de Radio Free Asia.
- Barkhor. Place du Jokhang, 2006.
- Photo © Mireille Brousset.
"Il y a des policiers partout en groupe de 10 ou plus avec des fusils, des matraques, et des extincteurs". Elle dit aussi que la police a mis en place des contrôles de sécurité pour les piétons à proximité de la zone touristique du marché du Barkhor et le chemin du pèlerinage autour de Temple du Jokhang au centre de la ville.
"Les points pour les contrôles corporels ont été installés à différents endroits, et les Tibétains sont régulièrement analysés et contrôlés", a-t-elle dit, ajoutant que les systèmes de détection corporelle avaient été mis en place autour du Palais du Potala.
Un autre habitant tibétain a déclaré que les Tibétains arrivant de l’extérieur de la ville se sont vu refuser l’entrée de la ville. Cependant, ce traitement n’a pas été étendu aux Chinois hans, qui sont arrivés en nombre dans la région himalayenne depuis l’achèvement du chemin de fer Golmud-Lhassa en 2006.
"Ils arrêtent les Tibétains aux portes de la ville, tandis que les Chinois sont libres d’aller partout où ils veulent et d’entrer à Lhassa quelle que soit leur provenance", a-t-il dit.
"Des villageois tibétains de la région de Lhassa ne peuvent pas entrer par le pont de Yukhu ou Kuru, de sorte que les vraies victimes sont les Tibétains".
Cette même source ajoute que les Tibétains d’autres régions tibétaines plus à l’est (Kham et Amdo tibétains) ont été expulsés de Lhassa et renvoyés chez eux, à moins qu’ils aient pu montrer un permis de séjourner dans la ville.
"Tous ceux qui n’ont pas de permis ont été renvoyés dans leurs villes d’origine", dit l’homme. "Lhassa regorge de Chinois, et les Tibétains ne peuvent pas discuter avec eux".
Il dit aussi que des tensions ethniques bouillonnent sous la surface de l’ordre imposé par les forces de sécurité armées.
"Si un Tibétain est impliqué dans un litige, les Tibétains seront les perdants", a-t-il dit. "Si nous parlons et argumentons avec les Chinois, ils appellent cela de la « politique séparatiste »".
"Nous ne pouvons pas obtenir de services des avocats, et en fait, les avocats chinois ont peur de défendre des affaires tibétaines".
Un troisième résident confirme : "Maintenant, Lhassa et ses environs au Tibet ressemblent vraiment à une vaste prison". "Nous ne pouvons rien faire". Les autorités surveillent tout le trafic téléphonique arrivant à Lhassa en provenance de l’étranger, mais on ne sait pas s’il s’agit d’une mesure temporaire.
"Si des parents vivant dans des pays étrangers appellent les membres de la famille vivant dans la région de Lhassa, cela déclenche un voyant rouge aux poste de surveillance de la police à Lhassa, et la conversation est enregistrée", dit l’homme.
Cependant, certains habitants hans de Lhassa ont déclaré qu’eux aussi étaient soumis à une sécurité renforcée.
"Ils ont mis en place ces scanners de sécurité, et vous devez passer à travers le scanner", a déclaré un travailleur migrant surnommé Yao vivant à Lhassa.
"Ils vérifient également les documents d’identité et ainsi de suite, surtout si vous allez au temple du Jokhang et au Barkhor".
Bien que ce mois-ci soit celui de la célébration de la fête annuelle du yaourt (festival du yaourt, ou Shoton), certains habitants ont dit que la mise sous haute sécurité de la ville ne semble plus être liée à un événement spécifique.
"Ce n’est pas seulement les deux derniers jours", a déclaré une autre femme tibétaine. "C’est tout le temps comme ça".
"C’est très strict, mais c’est comme ça d’habitude ici maintenant, nous en avons pris l’habitude", dit-elle.
"Ils ne vont pas laisser les gens se rassembler dans les rues, et encore moins permettre qu’un (conflit) tibétain-han puisse avoir lieu".
"C’est vérification, vérification, vérification ... Tout le monde doit se soumettre à des contrôles. Ils vous inspectent près du marché du Barkhor avec des machines".
Des rapports récents indiquent que les mesures de sécurité strictes ne sont pas limitées à Lhassa. Les autorités chinoises ont arrêté plus de 1 000 habitants d’un canton du Tibet depuis mars, ciblant les jeunes éduqués principalement impliqués dans la promotion de la renaissance de la langue et de la culture tibétaines [1]. La répression a suivi le déploiement d’un grand nombre de forces de sécurité à Driru, Préfecture de Nagchu, Région autonome du Tibet (TAR).
Source : Radio Free Asia, 23 août 2012.
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[1] Voir l’article "Répression et résistance en "Région autonome du Tibet"", du 25/08/2012.
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