Les hauts dirigeants d’un monastère tibétain devront y retourner sous peine d’être abattus
jeudi 10 novembre 2011 par Rédaction , Monique Dorizon
Les autorités chinoises du Tibet obligent des moines et des nonnes à revenir dans un monastère abandonné suite à un attentat à la bombe contre un bâtiment du gouvernement [1], mettant en garde les hauts dirigeants de ce monastère sur l’éventualité d’être tués s’ils ne tiennent pas compte de cet ordre, rapportent des sources tibétaines.
Au moins 10 des moines et nonnes sont portés disparus après l’attentat du 26 octobre 2011 dans la Préfecture de Chamdo, "Région autonome du Tibet" (RAT), qui a eu lieu tôt le matin et n’a pas causé de blessés.
Mais cela a amené des forces de sécurité chinoises en grand nombre dans la région, ce qui a conduit les moines et les nonnes vivant à proximité du monastère de Karma [2], soupçonnés d’implication dans l’explosion, à fuir le harcèlement des autorités gouvernementales et de la police.
"Le 30 octobre, les autorités ont appelé tous les habitants de la région de Karma à une réunion et ont ordonné que les moines et les nonnes ayant fui soient de retour dans les trois jours ou bien ils seraient arrêtés", rapporte à Radio Free Asia un habitant du Tibet.
"Ils ont dit que si les hauts dirigeants du monastère n’étaient pas revenus dans les deux jours, ils seraient tués".
Des policiers armés sont allés dans des centres de retraite des zones voisines et ont établi des listes de tous les moines y résidant, a dit cette même source. Les chambres de monastères des Comtés voisins, comme Nangchen [3], ont également été saccagées et fouillées.
Le 5 novembre 2011, de hauts responsables religieux, Nangchen Khenpo Lodroe Rabsel et Khenpo Namse Sonam [4], ont été détenus dans des endroits retirés où ils étaient partis en retraite. Un laïc voisin du monastère de Gar a également été détenu, a précisé la source.
"Karma Norbu et trois autres moines du monastère de Karma ont été arrêtés et emmenés", poursuit cette même source, ajoutant qu’un moine du monastère de Karma, trouvé au monastère voisin de Dzigar, à Chamdo, a également été emmené.
Dix, ou plus, des moines et des nonnes qui avaient quitté le monastère de Karma et qui ont été ensuite repris par les forces chinoises, sont portés disparus.
Environ 40 moines et nonnes sont revenus au monastère de Karma, où ils sont contraints par les autorités d’assister à des réunions quotidiennes, a précisé la source.
Le monastère avait été abandonné après que les forces de sécurité et de police aient photographié chaque moine, pris des échantillons de sang, et les aient forcés à fournir trois échantillons de leur écriture.
Avant leur départ, les moines et les nonnes ont accroché une affiche dans la cour du temple disant qu’ils fuyaient sous la pression, et que les Chinois devraient "diriger eux-mêmes le monastère". "On a laissé les clés du monastère derrière nous".
Source : Radio Free Asia, 9 novembre 2011.
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[1] Voir l’article "Une bombe explose dans la région de Chamdo", du 28/10/2011.
[2] Chamdo (|ཆབ་མདོ་ en tibétain, Qamdo ou 昌都 en chinois) peut être localisé sur cette carte.
Le monastère de Karma (Gamaxiang sur cette carte) est situé à environ 80 kms à vol d’oiseau au nord de Chamdo.
[3] Nangchen est à une cinquantaine de kms à vol d’oiseau au nord-ouest de Karma Gompa. Voir sur cette carte
[4] "Khenpo" n’est pas une partie du nom, mais un titre honorifique correspondant à un niveau d’études dans les traditions Nyingma, Kagyu et Sakya, comme "Geshe" dans la tradition Gelugpa.
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