Lancement d’un moteur de recherche en langue tibétaine

lundi 12 septembre 2016 par Monique Dorizon , Rédaction

Un nouveau moteur de recherche en langue tibétaine a été lancé dans la province du Qinghai et les médias d’Etat en ont fait l’éloge en tant que "première mondiale". Cependant, les chercheurs tibétains ont déjà fait remarquer qu’il est très limité et surveillé de près.

Le moteur de recherche nommé "Yongzin" [1], d’après le mot tibétain pour "enseignant" ou "maître", a été développé par le Centre de recherche en technologie de l’information du Tibet avec le financement de l’État. Sa conception et son logo ont été fortement inspirés par Google, bloqué en Chine, avec des parties différentes pour les informations, images, vidéos et musique.

En tant que premier moteur de recherche au monde uniquement en langue tibétaine, il est promu comme une étape positive pour la Chine et élément d’une initiative visant à apporter un soutien accru aux communautés ethniques. Mais c’est aussi un contrôle de l’information et un outil de surveillance qui permet au gouvernement chinois de surveiller les recherches effectuées par les Tibétains, pour ce que les développeurs ont appelé dans les médias d’État des objectifs de "sécurité de l’information".

Les Tibétains sont déjà confrontés à de sévères restrictions sur les communications et l’échange d’information à travers le Tibet, alors la capacité de Pékin à suivre la façon dont Yongzin est utilisé pourrait constituer un danger pour ceux qui l’utilisent pour tenter d’en savoir plus sur leur culture ou rechercher des points de vue contraires à ceux du gouvernement.
Après le lancement, le 22 août 2016, le site d’information Quartz a mené une enquête sur l’ampleur de la censure sur ce service, et a constaté que la recherche de "Dalaï Lama" en tibétain ne fournit pas de liens pertinents, notamment ne montre pas le site officiel du chef spirituel. De même, une recherche d’image offre une seule image de Sa Sainteté sur vingt résultats.

Le site d’information a également constaté que la recherche de "Free Tibet" fournit des liens vers les publications jugées illégales par la Chine relatives à l’indépendance du Tibet et même une recherche pour "thé tibétain" a donné lieu principalement à des images de fonctionnaires chinois buvant du thé.

L’enquête démontre que, bien que le service puisse bénéficier aux Tibétains, qui ont déjà été incapables de contourner les restrictions d’Internet, c’est également un outil pour contrôler fortement l’objet des recherches et comment les Tibétains regardent certains sites Web.
Le lancement a eu lieu au cours de la même semaine qui a vu les autorités publier un manuel destiné aux Tibétains de la province du Qinghai, détaillant les restrictions mises sur les manifestations pacifiques et sur le partage de l’information sur les médias sociaux et avec les plates-formes internationales.
Les Tibétains sont avertis qu’en ignorant ces règles, cela sera considéré comme "divulgation de secrets d’État" ou "se livrer à des activités séparatistes" et conduira à des poursuites pénales.

Source : Tibet Post, 25 août 2016.

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[1] Le moteur de recherche est disponible à l’adresse Yongzin.com.


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