La tradition spirituelle sakya
lundi 2 mai 2005 par Webmestre
La tradition Sakya est apparentée à la lignée ancestrale Khön qui descend d’êtres célestes. Depuis son établissement par Khön Köntchok Gyelpo (1034-1102), cette lignée s’est poursuivie sans interruption jusqu’à nos jours.
Les origines des enseignements Sakya remontent au yogi indien Viroupa par le biais de Gayadhara. Son disciple Drogmi Shakya Yeshi (992-1074) se rendit en Inde où il reçut de la part de nombreux maîtres indiens des enseignements sur Kalachakra, la Voie et son Fruit et d’autres sujets, avant de rentrer au Tibet. Ce ne fut que plus tard que par Khön Köntchok Gyelpo, l’un de ses principaux disciples, construisit un monastère dans la province du Tsang au Tibet central, monastère qu’il baptisa « Sakya », ou monastère de la Terre grise. L’École reçut son nom de l’emplacement de ce monastère.
Satchen Kunga Nyingpo (1092-1158), le fils de Khön Köntchok Gyelpo, un être d’une adresse et d’un accomplissement spirituel extraordinaires, maîtrisa toutes les lignées d’enseignements des Tantra et des Soûtras d’Arya Nagardjouna et de Viroupa. Il eut quatre fils : Koungabar, Sonam Tsémo, Djétsun Dakpa Gyeltsen et Paltchen Rinpotché.
Son deuxième fils, Sonam Tsémo (1142-82) fit preuve de son érudition dès l’âge de seize ans. Il eut des visions de nombreuses déités de méditation et dispensa ses enseignements à de nombreux disciples qui obtinrent une haute réalisation spirituelle. Djétsun Dakpa Gyeltsen (1147-1216) prit, quant à lui, des voeux de célibat et montra dans sa jeunesse des signes évidents de maturité spirituelle. À l’âge de onze ans, il donna son premier enseignement sur Hévajra.
Le disciple principal de Djétsun Dakpa Gyeltsen fut son neveu, fils de Paltchen d’Öpotché, le célèbre Sakya Pandita Kounga Gyeltsen (1182-1251). Sakya Pandita étudia les philosophies, bouddhiste et non bouddhiste, la logique, le sanscrit, la poésie, l’astrologie et les arts avec de très nombreux maîtres indiens, népalais, cachemiris et tibétains, et passa maître dans chacun de ces domaines. À vingt-sept ans, après une rencontre avec le pandit cachemiri Shakya Shribhadra, il fut ordonné moine et respecta ses voeux. Ses oeuvres, notamment le Trésor de la connaissance de la logique effective et la Distinction des trois voeux sont restées célèbres jusqu’à nos jours.
En 1244, Godan Khan (le petit-fils de Gengis Khan), intrigué par la réputation de Sakya Pandita, l’invita en Mongolie où il enseigna le bouddhisme. Des années plus tard, après la mort de Sakya Pandita et de Godan Khan, l’empereur Sétchèn Koublaï Khan invita à sa cour Drogön Tchögyal Phagpa, le neveu de Sakya Pandita. Phagpa élabora un nouvel alphabet mongol et Koublaï Khan fut tellement impressionné par la prestation de Phagpa qu’il fit du bouddhisme la religion d’État de la Mongolie. Il lui offrit aussi le pouvoir temporel sur les trois provinces du Tibet. Ainsi Phagpa fut-il le premier dans l’histoire à cumuler les pouvoirs spirituels et temporels sur le Tibet tout entier. À sa mort, c’est son frère Tchagna qui lui succéda. Le règne des Sakyapa sur le Tibet dura ainsi plus d’un siècle.
Tishri Kounglo (1299-1327), l’aîné des quinze petits-fils du frère de Sakya Pandita, finit par fonder quatre dynasties : la maison de Zhithog, celle de Rintchen Gana, celle de Lhakhang et celle de Doutcho. Seules, les deux dernières sont parvenues jusqu’à nous. Il faut toutefois noter qu’au XVe siècle, la dynastie de Doutcho s’est scindée en deux pour donner naissance au Palais de Dolma Phodrang et à celui de Phountsok Phodrang. Les hiérarques actuels de ces deux Palais reçoivent le titre de Sakya Tridzin.
Né en 1945, Ngawang Kounga Thecktchen Rinpotché est le chef actuel de la tradition Sakya. Il vit à Dehra Dun en Inde. Dagtchèn Rinpotché (né en 1929) a fondé le Sakya Thektchen Tchöling aux USA. La succession à la tête de l’École Sakya est héréditaire depuis l’époque de Khön Köntchok Gyalpo et la tradition requiert l’alternance entre les deux Palais. Sakya Dagtri Rinpotché, le chef actuel de l’École est le 41e détenteur du trône des Sakyapa.
Parmi les principales figures de la tradition Sakya, Satchen Kounga Nyingpo (1092-1158), Sonam Tsémo (1142-82), Dakpa Gyeltsen (1147-1216), Sakya Pandita Kounga Gyeltsen (1182-1251) et Drogön Tchögyal Phagpa (1235-80) sont appelés les Cinq Patriarches de la Tradition Sakya. Après eux, vinrent ceux que l’on a appelés les Six joyaux du Tibet : Yaktouk Sangyé Pal et Rongton Mawé Sengue (qui firent autorité dans l’enseignement des Sutras), Ngortchen Kounga Zangpo et Zongpa Kounga Namgyèl qui possédaient la connaissance des Tantras), et Gorampa Sonam Sengue, Shakya Tchödèn (qui maîtrisaient à la fois les Soutras et les Tantras). Gorampa Sonam Sengue fut le fondateur de l’étude formelle de la logique au sein de l’École Sakya. Voilà donc les noms des maîtres les plus célèbres de la tradition Sakya.
Plusieurs branches virent le jour au sein de la tradition Sakya. La lignée d’enseignements instituée par NGortchèn Kounga Zangpo (1382-1457) et perpétuée par les maîtres qui lui ont succédé (tels Köntchok Lhoundroup, Thartsé Namkha Pèlsangt Droubkhang Példèn Dhöndoup) a reçu le nom de Lignée NGor.
La lignée de Tsartchèn Losèl Gyatso (1502-56) ou Lignée chuchotée de Tsars, est connue sous le nom de Tradition Tsar. Elle comporte les Treize Textes d’Or de Tsar, dont les enseignements secrets de Mahâkala, Vajra Yogini, Djambhala, et d’autres déités. L’École Sakya de la lignée Khön peut être comparée au tronc d’un arbre dont les branches sont les Écoles NGorpa et Tsarpa. Telles sont les trois Écoles de la tradition Sakya.
Le fondement de l’enseignement et de la pratique Sakya, intitulé Lamdré (Lam-bras) - « La Voie et son fruit » - conduit progressivement le pratiquant jusqu’à l’état de Hévajra. « La Voie et son fruit » constitue une synthèse des voies et des fruits des enseignements exotériques et ésotériques.
Les enseignements contenus dans ce cycle trouvent leurs origines dans les maîtres indiens Viroupa, Avadhouti, Gayadhara et Shakyamitra (élève d’Arya Nagardjouna). Ils furent apportés au Tibet par un traducteur tibétain du nom de Drogmi et ont été transmis jusqu’à aujourd’hui sans interruption par une lignée de maîtres.
À l’époque de Moutchèn Sèmpa Tchènpo Köntchok Gyeltsen, disciple de NGortchèn Kounga Zangpo (1382-1457), la transmission de La Voie et son fruit s’est scindée en deux courants : celui de l’Explication aux disciples et celui de l’Explication aux assemblées. La philosophie de La Voie et son fruit repose sur l’inséparabilité du samsara et du nirvana. Selon ce principe, un individu ne peut atteindre le nirvana (la paix) en abandonnant le samsara (le cycle des existences) car c’est l’esprit qui est la racine commune du samsara et du nirvana. Lorsque l’esprit est obscurci, il prend la forme du samsara ; libéré de toute obstruction, il est nirvana. Il s’ensuit que l’on doit s’efforcer de reconnaître leur inséparabilité par le biais de la méditation.
Dans les universités monastiques Sakya, on étudie intégralement dix-huit textes principaux. Ces écrits traitent de la Perfection de la Sagesse, de la Discipline monastique, de la Voie du Milieu, de la Phénoménologie, de la Logique et de l’Épistémologie. Ils contiennent aussi des commentaires spécifiques à la tradition Sakya, tels que la Distinction des trois voeux, le Trésor de la connaissance de la logique effective et les travaux de Gorampa Sonam Sengue, pour ne citer qu’eux. À la fin de ses études, un moine obtient le titre de Kashipa, Katchoupa ou Rabdjampa en fonction de ses mérites. Les principales pratiques tantriques de l’École Sakya sont, entre autres, les Tantra de Hévajra, Tchakra-sambhara et Mahâkala.
Au Tibet, les principaux monastères Sakya étaient Nalanda (construit dans le Phenpo par Rongton Shédja Kounrig), Lhakhang Tchènmo (fondé par Khön Köntchok Gyalpo), Tsédong Sisoum Namgyèl (établi par Namkha Tashi Gyeltsen), et NGor-E-Vam Tchodhèn (fondé par E-Vam Kounga Zangpo au Tibet central). Il faut aussi mentionner ici Dhondup Ling (fondé par Dagtchèn Shérab Gyeltsen) et Lhundup Tèng (établi par Thangtong Gyalpo au Kham), ainsi que Deur Tchodé (édifié par Tchodak Sangpo dans l’Amdo). À l’heure actuelle Tsétchèn Tènpai Gatsal (à Rajpour dans l’Uttar Pradesh), Tsétchèn Dhongag Tchöling (à Moundgod dans le Karnataka), et NGor E-Vam Tchodèn (à Dehradoun dans l’Uttar Pradesh) sont, en Inde (avec Tashi Rabtèn Ling à Lumbini au Népal), les principaux monastères rétablis de tradition Sakya.
Source : Choyang
Traduction : Philippe Arribet
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